Avec «Aparté», l'exposition d'Ahmed Zelfani, la peinture est à l'affût de l'émotion... Ahmed Zelfani est poète, dramaturge, scénographe et photographe. Mais c'est un artiste qui, en autodidacte, s'est consacré surtout à la peinture. Il a choisi la toile comme sa scène de théâtre privilégiée et un moyen d'expression au gré de son inspiration, à travers laquelle il modèle son monde parallèle et donne libre cours à son imaginaire et ses émotions. En contemplant ses toiles, on est invité à découvrir une sorte de pièce théâtrale, où chaque personnage tient un discours, un monologue, un «aparté» —titre de l'exposition— tout en instaurant une forme de dialogue et d'échange avec le spectateur. Dans des tableaux tels que Détente ou Le cœur voit au-delà de la vue, Ahmed Zelfani se lance dans une présentation de l'irréalisme des situations et des portraits. Ses toiles sont un grand théâtre où les personnages et les objets réels sont modifiés, reconstruits et reformés. On découvre ainsi un metteur en scène et un artiste qui a ses propres visions de la réalité et ses propres outils techniques pour exprimer sur la toile l'émotion ressentie, retranscrivant, visuellement, le cheminement de la création. Comme synthèse à tous les personnages réels ou fantasmés qu'il a pu croiser ou créer, son intention est de restituer une émotion, une sensation à travers les regards. Il tente de rendre leurs aspérités aux faces que l'on voudrait plus lisses, de faire une poésie de la cassure et du trait tourmenté, où l'étrangeté et la disproportion nous renvoient une autre forme de beauté. Autour de ses couleurs vives, de sa palette audacieuse, et par une technique qui joint la photographie à la peinture comme dans son œuvre à la symbolique patriotique Le drapeau est là, Ahmed Zelfani instaure tout un climat qui révèle la force de l'instinct et de l'instant. Ses œuvres sont l'interprétation d'une idée, d'une expression, d'un sentiment. Les couleurs, les formes, les matières prennent un sens nouveau pour que le spectateur ait un ressenti, une idée ou une émotion. «L'œuvre est une quête, une histoire d'amour, une concrétisation du désirable, du rêve...», affirmait-il. Une exposition qui vaut le détour, jusqu'au 1er mars prochain.