Panne sèche ou essoufflement ? Le CA est surtout victime de son manque d'endurance Retour sur terre pour le Club Africain. Après avoir perdu la pôle position, talonné quelque temps le leader, le CA a dû se rendre à l'évidence. Un air de déjà-vu pour un club qui peine à suivre le rythme imprégné par son devancier tout en voyant l'écart qui le sépare du tenant fondre comme peau de chagrin (un point de plus que le tenant). Avant la venue de Chauvin, le CA comptait dix points d'avance sur l'Etoile et sept longueurs sur le champion sortant. Certes, le football proposé par l'équipe d'Adrie Koster était peu plaisant. Mais la fin justifiait, du moins, les moyens (humains) à disposition du coach batave. En football, la seule vérité qui compte et qui s'impose est celle du tableau d'affichage. Le CA version Chauvin séduit certes par à-coups (début tonitruant avant de s'essouffler), mais il lui manque cette rigueur, cette endurance et cette cohésion qui permettent de forcer le destin. Le talent n'est pas absent au CA, loin de là. Il faut juste «remplir les blancs», comme dit le dicton. Ce qui manque à ce groupe, c'est une meilleure «cohabitation» (sur le terrain) entre les latéraux (quelle déception) et les ailiers, entre les pivots et les relayeurs, le tout sur fond d'absence de relais offensif et de temporisateur du jeu. Grand club cherche latéraux ! Ce CA-là tel que proposé par le duo Chauvin-Mkacher semble plus déterminé, moins calculateur et plus libéré. De prime abord, ça ne suffit pas pour désarçonner des «intelligences en mouvement» tel le CSS et le SG. Les poulains de Chiheb Ellili ont évolué selon leurs moyens, lâchant la bride quand le CA a poussé (pour mieux rebondir), évoluant en bloc tout en opérant un marquage de zone en situation de repli. Le football n'est pas une science exacte, mais le CA a beau «secouer le cocotier», il semble manquer de moyens pour atteindre ses objectifs. Et il va devoir maintenant s'attacher à repousser l'idée d'une fin de cycle. Car comme rappelé à maintes reprises, le jeu clubiste n'est certainement pas d'essence divine. Croire en un destin fabuleux pour cette équipe-là n'est même plus une philosophie qui se discute. Revoir ses ambitions à la baisse (cibler la seconde place qui permet d'avoir de nouveau une visibilité continentale via la ligue des champions), mettre le doigt sur le ou les maillons faibles du onze clubiste (absence de latéraux de métier), recruter un animateur à la palette de jeu variée (Djabou est tout sauf un régisseur) et, enfin, privilégier une option tactique qui sied au CA, c'est-à-dire qui cadre avec les potentialités des joueurs. La Djabou-dépendance pèse plus sur les épaules du stratège clubiste qu'elle ne permet de débloquer la situation. Tout n'est pas sombre ! Génie intermittent et parfois le reste à l'envi. Le manque de rigueur de l'international algérien a déteint sur le CA face au SG. Autre tare clubiste face à la surprenante Stayda, les latéraux clubistes constituent tout simplement le maillon faible de l'équipe. Agrebi et Bouslimi, ainsi que Haddedi, n'ont pas le talent des Youssufu, Mâaloul, Chemam, Mbarki, Afful, Brigui, et même Bjaoui...Les latéraux clubistes ne manquent pas de bravoure, mais ils manquent de talent et de formation à la base. Erreurs d'appréciation à la pelle, centres approximatifs (pour ne pas dire ratés), retard sur la négociation de la seconde balle et lenteur, balle au pied, le CA doit absolument se pencher là-dessus dès l'ouverture du prochain mercato. Il n'a plus ses jambes de 20 ans, mais il est toujours là et progresse à vue d'œil. Face à une équipe qui défend à 9, Dhaouadi a tenté de servir le jeu et d'anticiper la réaction de l'adversaire. Sa bonne lecture du jeu lui a permis de distiller quelques bons ballons et d'enchaîner les : tantôt sur le côté gauche via ses centres chaloupés (vers Korbi et Ezechiel) et, de temps à autre, en passant par l'axe, Dhaouadi monte en puissance, progresse dans le jeu, mais manque encore de complicité avec les latéraux et les joueurs du milieu. Passes décisives sur le but clubiste, centre «déposé» sur la tête de Korbi, Dhaouadi est en passe de devenir le patron du jeu clubiste. Toujours volet amorces offensives, l'on note une meilleure animation offensive clubiste, mais un certain fléchissement physique lors du dernier quart d'heure. Cela dit, un précieux élément tel que Chiheb Jebali dispose d'un bagage technique des plus intéressants. Reste à canaliser ses efforts, éviter les gestes superflus et le reste coulera de source... K.K.