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« Lancer les chantiers immédiats et entretenir les raisons d'espérer »
Les Champs du Possible


Elyès Jouini
Dans les champs du possible, l'espoir n'est pas un vain mot. Cette fois, c'est l'économiste Elyès Jouini, mathématicien et homme de terrain, qui, au retour de l'expérience d'un ouvrage collectif reliant les ingrédients de la reprise, nous livre le mode d'emploi d'une « démocratie génératrice de prospérité »
Quel que soit leur champ d'action, les mathématiciens procèdent à peu près d'une même logique et d'une même vision. Que donnent en particulier les mathématiques à l'économie et aux modèles de développement ?
Les mathématiques donnent de la rigueur à l'économie. On apprend à regarder les choses dans leur globalité. Par définition, les mathématiques modélisent ; on ne s'intéresse pas à un aspect particulier, on essaie de comprendre comment les différents éléments interagissent. Paradoxalement, elles nous apprennent à prendre de la distance par rapport aux chiffres. Le chiffre n'est qu'une application et pas l'essence de la réflexion. Le but n'est pas d'accumuler les statistiques et de les faire parler car on peut leur faire dire n'importe quoi. Le but est d'avoir une compréhension et de voir comment cette compréhension est compatible avec ce que l'on compte faire. C'est pour cela que je m'appuie très peu sur les chiffres ; ils doivent juste venir en illustration. Aussi, il vaut mieux avoir sa propre analyse de départ.
Comment est née l'initiative « Idées pour la Tunisie » que vous dirigez et dans quel objectif travaille ce groupe de réflexion ?
En 2011, quand j'ai participé brièvement au gouvernement de Mohamed Ghannouchi, les partis avaient commencé à se préparer aux élections. Ils s'exprimaient sur les questions de l'identité, sur le mode des élections, sur le mode de gouvernance... Personne ne s'exprimait sur le champ économique et social, alors que la révolution s'est déclenchée à partir d'une revendication de liberté, mais aussi d'un mal-être économique et social. J'ai aussi constaté que les problèmes sont étudiés de manière sectorielle et fragmentée. Il manquait une vision globale. Face à ce constat, on a créé l'association Idées (Initiative pour le développement économique et social) avec, au départ, un cercle d'économistes qu'on a élargi peu à peu à des experts de différents horizons unis par une volonté commune d'agir dans le cadre de cette approche globale. On a travaillé pendant deux ans, on a d'abord produit des travaux de nature scientifique. Dans un deuxième temps, on a essayé d'en tirer la substance dans un ouvrage, Tunisie l'Espoir, qui expose les enseignements tirés de toutes les analyses, les perspectives et les approches préconisées. Au-delà de quelques chiffres et quelques graphiques, l'important dans cet ouvrage est le message d'espoir qu'il véhicule.
Si vous ne deviez cibler que trois principales alternatives à substituer à l'actuel modèle, quelles seraient ces trois alternatives ?
La première est d'avoir une approche inclusive dans deux sens : dans le sens d'inclure tous les angles de vision et dans le sens d'inclure tout le monde. La deuxième alternative que je mettrai en avant consiste à revoir le rôle de l'Etat vers un « Plus d'Etat, Moins d'Etat ». Plus d'Etat, soit un Etat stratège capable d'impulser une dynamique de développement. Moins d'Etat au sens moins de bureaucratie. L'Etat n'est pas là simplement pour mettre des freins et de la procédure, ce qui suppose un chantier énorme au niveau de la fonction publique, en somme qu'elle soit capable d'attirer des compétences, de les garder et de réfléchir en termes de développement. La troisième alternative c'est de ne plus penser en termes de croissance mais en termes de développement. Le développement inclut la croissance. Mais la croissance à elle seule ne suffit pas si elle n'est pas mise au service du développement. Le modèle passé a certes généré de la croissance, mais il a atteint son maximum en générant 5 à 6% de croissance au prix de beaucoup d'inégalités. Après l'indépendance, il y avait cette logique globale de sortir du sous-développement avec l'éducation, les droits des femmes... Et puis petit à petit, on s'est focalisé sur la croissance puisque celle-ci est la plus facile à mesurer et qu'elle permet d'avoir des satisfaisaits de la Banque mondiale...
Vous citez le livre « Why nations fail ? » et concluez comme ses auteurs que la réponse est purement politique. Les belles idées et les réformes peuvent-elles justement être menées efficacement dans le cadre classique de l'organisation du pouvoir et sans l'institution de nouvelles formes de gouvernance ?
Une réforme de l'administration s'impose. L'administration agit en fonction d'un tempo et d'une dynamique insufflés par les politiques. Il faut à l'échelle du politique un souffle et une vision claire. Je cite l'exemple d'un élément extrêmement important de redistribution et de dynamisme dans l'administration, qui est la fiscalité. Aujourd'hui, l'administration fiscale est vue par le citoyen comme un système répressif et arbitraire. Or, il suffit de peu pour changer l'état d'esprit et instaurer une relation de confiance. Il existe sous d'autres cieux le principe très simple du « Rescrit Fiscal ». Vous écrivez à l'administration et vous lui posez une question sur la manière dont vous êtes imposable. A partir du moment où l'administration vous répond, sa réponse devient opposable aussi bien par vous que par d'autres personnes. Ce principe oblige l'administration à avoir une règle et à s'y tenir. Laisser le flou est un instrument de pouvoir et d'arbitraire. Avec le temps, l'administration s'est concentrée sur elle-même. Il est temps qu'elle se recentre sur les valeurs de service public et d'intérêt public. Il faut en même temps comprendre l'enjeu : ce n'est qu'en investissant dans des compétences de haut niveau à toutes les échelles qu'on peut, petit à petit, réformer la fonction publique. Les années 70 à 80, c'était un honneur pour les jeunes ingénieurs diplômés d'intégrer le ministère de l'Equipement. Maintenant, l'administration est juste une planque. Il est temps de renverser cette logique.
Vous critiquez l'extrême lenteur des gouvernements succédant au 14 Janvier à répondre à l'extrême urgence en matière d'emploi et d'inégalités régionales. Comment auraient-ils pu procéder pour mieux répondre aux revendications économiques et sociales d'un peuple en état de révolte et d'attente. Au vu de votre brève expérience, pensez-vous que c'était possible ?
C'était possible ! Après la révolution, on a pris conscience qu'il fallait apporter des réponses aux régions défavorisées et au problème du chômage. Très vite, on a mis en avant des programmes d'infrastructure qui ont une vraie valeur ajoutée en termes de développement régional et qui auraient pu être immédiatement créateurs d'emplois. Pour mettre en place ces infrastructures, il faut de l'argent et de la volonté politique. De l'argent, le gouvernement Caïd Essebsi a obtenu au G8 des promesses de soutien de nombreux bailleurs de fonds étrangers, sur la base de projets préliminaires. Après, il fallait déposer les projets définitifs. Or, ce gouvernement n'a pas été plus loin parce qu'il n'avait pas la légitimité politique pour engager le pays dans des investissements lourds. Le gouvernement post-élections porte de ce point de vue une énorme responsabilité. Il avait et la légitimité politique et les bailleurs de fonds disponibles. Mais il n'a rien fait à tel point que deux ans après, il a fini par emprunter au FMI non plus pour investir mais pour subsister au quotidien. On a vidé toutes nos économies et on s'est retrouvé à emprunter pour compenser tout ce qu'on n'a pas produit. A cause de l'opposition du CPR à l'endettement, c'est le pire scénario qui a été choisi.
Vous parlez d'une « démocratie source de prospérité ». Au-delà de la belle expression, comment cela se présente concrètement ?
C'est quand la démocratie ne se limite pas à l'organisation des élections. La démocratie c'est la participation des citoyens dans la définition des choix et des orientations. Cela va avec moins de centralisation, avec la participation des régions à la réflexion globale. C'est le fait de se sentir libre de proposer puis d'avoir les circuits de remonter des informations et des propositions via les conseils régionaux, les conseils locaux... C'est cela qui peut effectivement être source de prospérité parce qu'aucun gouvernement ne peut prendre en compte tous les aspects d'un système de développement inclusif, s'il n'y a pas un réseau sur lequel il peut s'appuyer. Seule la démocratie participative locale peut l'apporter. Je garde en mémoire la profondeur de vue de certaines délégations régionales qui venaient nous voir à La Kasbah avec des propositions concrètes et argumentées. Si on les écoutait et les acceptait, je suis sûr qu'on libèrerait un énorme potentiel d'énergies positives.
Une pédagogie dépassée. Un enseignement qui favorise l'apprentissage par cœur par rapport à la réflexion et à la critique. Des entreprises tunisiennes qui se plaignent du déficit d'employés qualifiés dans plusieurs branches de l'économie. La qualité des diplômés est-elle inadaptée au marché du travail ?
Nous sommes effectivement face à un constat effrayant ! Je n'aime certes pas beaucoup les chiffres, mais ici ils parlent d'eux-mêmes : 40% des chômeurs sont diplômés du supérieur, 80 à 85 % de ceux qui travaillent dans les entreprises ne sont même pas bacheliers. Et enfin, 75% des diplômés qui ont eu la chance d'être embauchés se retrouvent dans les secteurs de l'administration, l'enseignement, la santé. Cette dernière tranche évolue aujourd'hui hors du tissu réellement productif. Nous avons un système d'éducation qui forme des gens inadaptés à l'industrie et une industrie focalisant sur des créneaux à faible valeur ajoutée parce qu'elle ne trouve pas les compétences dont elle a besoin. On perd sur tous les plans, croissance, éducation et justice sociale. Après avoir fonctionné comme un ascenseur social à la suite de l'indépendance, du temps où Bourguiba lançait la « bataille de l'éducation », l'enseignement joue actuellement un rôle inverse. Pour beaucoup de personnes, il est pourvoyeur d'injustice et de frustration. Entre deux diplômés du supérieur, il y a celui venant d'un milieu aisé, s'exprimant bien, ayant voyagé et bénéficiant d'une culture générale, ce dernier n'aura pas de mal à trouver un job. Et puis l'autre, porteur uniquement de son diplôme et démuni du « vernis » qui va avec : il ne passera même pas le cap de l'entretien !
Peut-on faire d'un tel système un levier pour le développement ? La vraie révolution ne commence-t-elle pas au niveau d'une révision de l'éducation ?
Une révolution de l'enseignement a été initiée dans les années 50, lorsque les hussards de la République, selon la terminologie française, ont investi le champ de l'éducation, en y croyant vraiment. Il faudrait insuffler une dynamique nouvelle à ce niveau. Et comprendre que l'on éduque des gens susceptibles d'avoir une place au sein du tissu productif et dans la construction du pays. Cela se fait main dans la main avec un ensemble de partenaires, dont les entreprises. Le temps est venu pour que le système de l'orientation ne soit plus basé sur les quotas par rapport aux places dans les facultés mais plutôt sur les besoins de l'industrie. Je prendrais comme exemple de l'inadéquation de ce système, le domaine de l'électronique qui s'est beaucoup développé ces dernières années en Tunisie. Or les diplômés de cette filière sont rares. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il coûte beaucoup moins cher à l'Etat en équipements de former des sociologues ou des linguistes que des électroniciens. Mais si on réfléchissait d'une manière intégrée on se rendrait compte que former des gens capables de trouver leur place dans le milieu de l'industrie mériterait plus d'investissement car ils généreraient de la croissance. Pendant longtemps on a suivi la politique du chiffre en matière d'éducation. Une politique qui a fini par se retourner contre l'ancien régime, qui a payé là où il a le plus prêché.
Que pensez-vous d'un système d'enseignement qui, tout en reposant sur un socle national, tienne plus compte des ressources et des spécificités régionales ?
Il faudrait plutôt réfléchir à une éducation qui soit en lien avec les besoins des secteurs de l'industrie. En même temps, il faudrait arrêter de penser que l'idéal pour tout élève tunisien est d'atteindre le niveau Bac+4 ou Bac+6. Les filières par apprentissage ne sont pas moins nobles que celles dites fondamentales. N'est-il pas mieux d'apprendre un métier grâce à un Bac+2 que de rester à espérer une nomination quelque part parce que vous n'avez aucune compétence spécifique malgré votre Bac+6 ? Et si on développait les filières « professionnalisantes », tout en laissant le choix aux jeunes de choisir la voie qu'ils désirent, on pourrait focaliser sur les spécificités régionales. L'intérêt d'une telle démarche est avéré : les élèves des écoles de techniciens en agriculture par exemple peuvent interagir avec les agriculteurs présents dans leur environnement direct. L'éducation, l'enseignement supérieur et la formation professionnelle doivent être intégrés au monde de l'entreprise et au terreau où ils évoluent. Chose qui ne correspond pas à l'état d'esprit actuel : essayer en tant qu'entreprise de nouer un entrepreneuriat avec une université vous met face à toutes sortes de difficultés et de suspicions. Nous vivons dans la méfiance réciproque au lieu d'être dans la collaboration !
Dans quelle sphère pourraient agir les personnes comme vous porteuses de compétences, de savoir et de nouvelles alternatives pour le développement afin que leurs idées aient un impact sur les décisions politiques ?
Vous touchez là à une question de fond. Nous avons aujourd'hui un gouvernement de compétences. J'ai été parmi les premiers à l'applaudir. Mais un gouvernement aussi bien intentionné soit-il ne peut pas résoudre tous les problèmes. Pendant des années, lorsque quelque chose ne marchait pas on commandait une étude. Puis on découvrait que politiquement, c'était compliqué d'appliquer les recommandations. Alors on refermait l'étude, la délaissant au fond d'un tiroir. La seconde possibilité, qui s'offre à un pays où l'expression s'est libérée comme le notre, consiste à créer des commissions nationales indépendantes sur la fiscalité par exemple ou la réforme de l'enseignement ou l'intégration. Il s'agit d'offrir une représentativité à une force de proposition qui existe sur le terrain, dans le foisonnement de la société civile, et à laquelle peuvent recourir les dirigeants. Dans ces structures, on met les cadres de l'administration face à des professeurs d'université, des syndicalistes, des chefs d'entreprise et des experts, qui vont apporter des témoignages, auditionner des gens et animer un débat. Je pense que l'on ne s'appuie pas assez en Tunisie sur la bonne volonté des compétences et sur leur envie réelle de s'exprimer. C'est là que réside le chaînon manquant.
Le moment est-il propice pour engager des réformes structurelles aujourd'hui au cours de cette dernière phase de transition ?
Oui. On peut déjà créer tout de suite des commissions nationales ; celle chargée de la réforme de l'éducation par exemple. Sachant que ses résultats et ses recommandations ne peuvent être applicables qu'après les élections. Toutefois, en engageant la réflexion sur ce mode collaboratif et participatif, le gouvernement actuel aura eu le mérite d'insuffler une dynamique nouvelle, une autre manière de fonctionner. Chose qui restera, je le crois, à son actif. Cela suppose du courage politique, de l'audace, une certaine dose de volontarisme et beaucoup de pédagogie pour communiquer, expliquer et sensibiliser par rapport aux actions entreprises. Rien n'est moins facile à faire lorsqu'on gère comme dans tout gouvernement l'urgence.
Le moment pourrait être en effet plus favorable à l'ouverture de tels chantiers que lors des derniers gouvernements de quotas partisans. Cela vous donne-t-il des raisons supplémentaires d'espérer ?
Cette idée rejoint le titre de notre livre. Oui, il règne en Tunisie aujourd'hui beaucoup d'attentes mêlées à un énorme espoir. Parce que la Constitution est aboutie, que des personnes extrêmement compétentes occupent le pouvoir exécutif et que nous avons mis un terme à une lutte partisane au sommet de l'Etat. Il faudrait citer également parmi les raisons d'espérer notre capacité, à travers le Dialogue national, à construire un mécanisme innovant de consensus malgré tous nos différents, la mobilisation constante de la société civile et l'homogénéité de la population. Certes, un certain nombre de fractures existe dans la société tunisienne, mais les morceaux ne sont pas complètement éparpillés. Nous avons en Tunisie beaucoup de potentialités et d'atouts, dans divers domaines, allant du tourisme, aux nouvelles technologies, au secteur de l'électronique, de l'aviation, de l'automobile. Il faudrait mieux structurer notre offre en créant des plateformes logistiques. Il faudrait entretenir les raisons d'espérer et réfléchir à transformer la victoire politique actuelle en actions concrètes sur le plan économique et social. C'est là que les expectatives semblaient les plus vives en 2011 et continuent à l'être aujourd'hui !


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