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Pour un système national d'éducation et de qualification
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 04 - 2011


Par Hédi BELGHITH
L'emploi est l'aspiration légitime de tous les jeunes. C'est l'unique moyen de s'affirmer en tant qu'être humain autonome et utile à la société, de limiter la marginalisation et d'éviter l'exclusion. Cela explique pourquoi le chômage était le moteur de la Révolution du 14 janvier.
La situation du marché de l'emploi peut se résumer à un stock de demandes non satisfaites (DNS) diminué au fur et à mesure par des placements et augmenté périodiquement par divers flux (sortants du système scolaire, sortants du système universitaire, sortant de la formation professionnelle, revenants au chômage suite à un licenciement, à une fin de contrat, etc.), entraînant un accroissement continu du stock de DNS.
Dans un article précédent, j'ai fait quelques propositions pour améliorer l'utilisation des moyens consentis par l'Etat pour résoudre le problème de l'emploi, tant indépendant que salarié. Ces moyens qui viennent en complément des dépenses réalisées dans le cadre du système de formation et d'éducation, se justifient largement eu égard aux besoins de l'économie en qualifications, à la qualité plutôt moyenne de l'encadrement de nos entreprises, à la réticence de certains patrons à recruter des cadres et à l'absolue nécessité de jouer sur l'offre d'emploi par la création d'entreprises puisque, toutes choses étant égales par ailleurs, la structure de l'économie ne permet pas de créer suffisamment d'emplois pour résorber le stock.
Mais, sans le traitement des flux de demandeurs d'emploi par l'amélioration de leur employabilité, même une croissance à 5 ou 6 points ne permettrait pas de venir à bout de ce stock de manière durable. Cet article a pour objet de présenter quelques idées pour repenser, dans cet esprit, notre système national de formation.
Pour une approche globale du traitement des flux
A la faveur de la Révolution, plusieurs articles sont publiés sur la question. Tous intègrent désormais l'aspect emploi. Cette sensibilité est positive par rapport à la farouche opposition des universitaires à la professionnalisation des maîtrises à la fin des années 90. Toutefois, il me semble qu'il n'est plus possible de traiter l'enseignement supérieur, l'enseignement secondaire, la formation professionnelle et l'emploi indépendamment les uns des autres. Faut-il rappeler l'une des conclusions de l'étude stratégique n°11 , réalisée au début des années 90 et toujours d'actualité : «Il est possible d'affirmer que la seule faille est l'absence d'une approche systémique pour l'ensemble de l'appareil d'éducation et de formation» ? Ainsi chacune des composantes citées doit se concevoir comme un sous-système du Système national d'éducation et de qualification (Sneq).
Traiter, par exemple, l'enseignement supérieur à part, entraînerait inéluctablement les mêmes problèmes dont il a toujours souffert et dont il continue à souffrir aujourd'hui. Ceux qui y ont présidé jusque-là ont fait de leur mieux dans un système leur «imposant», par exemple, d'éviter de critiquer le niveau d'aptitude des bacheliers pour expliquer le niveau d'échec.
Adopter une vision globale permettrait en plus d'éviter l'improvisation des réformes sans diagnostic et sans identification des problèmes, comme par exemple la réforme de la formation des ingénieurs (début des années 90) dont l'un des résultats était de supprimer le diplôme d'ingénieur de travaux (Bac + 4), pourtant apprécié par les industriels. On peut aussi citer le tâtonnement ayant entraîné la suppression de la section Maths et son jumelage avec la section Sciences, puis le retour en arrière, etc.
Gouvernance
Outre l'approche globale, il est nécessaire d'éviter de perpétuer les méthodes actuelles de prise de décision. En effet, d'un côté, l'absence de démocratie ne permettait pas d'aboutir à des réformes consensuelles; de l'autre, la conception, l'exécution et l'évaluation étant l'œuvre d'hommes de la maison, ne permettaient pas une ouverture sur l'environnement et faisait de ces hommes juges et parties. Qui peut nier dans ce cas, que ces méthodes ne représentent pas l'une des causes de la situation actuelle : trop de chômeurs, des diplômés potentiellement non directement employables… ?
Cette approche nécessite donc l'adoption des règles de bonne gouvernance suivantes : d'une part, toute réforme doit être conditionnée à une analyse objective de la situation et à une identification précise des problèmes à résoudre et des résultats attendus ; d'autre part, la réalisation des objectifs et la recherche de solutions doivent être conditionnées par l'accord de la majorité des personnes habilitées au niveau du Sneq.
Finalement, le traitement des flux des demandeurs d'emploi, priorité nationale, nécessite d'agir sur leurs qualifications et d'améliorer leur employabilité. Aussi, le Sneq, outre sa mission de formation du citoyen, doit être considéré comme le plus grand programme d'emploi, capable à terme de résorber le stock des demandeurs d'emploi. Il est composé de l'étape préparatoire à l'école de base, de l'école de base elle-même, de l'école secondaire, de la formation professionnelle et de l'enseignement supérieur (la formation militaire étant intégrée selon le niveau, au sous-système concerné).
Pour être efficace, le Sneq doit être bien gouverné. A cet effet, je propose de lui créer une gouvernance centrale (Gcsneq). Constituée par des compétences nationales avérées représentant les concernés de chaque sous-système, elle aura la responsabilité de l'orientation, de la coordination, de l'arbitrage, de l'évaluation et de la rationalisation du Sneq. Elle aura sous sa tutelle un organisme d'études et d'évaluation du Sneq. Chaque sous-système aura son commandement (conception, exécution, contrôle et suivi), mais soumettra à la validation du Gcsneq toute réforme ou modification majeure.
Par ailleurs, les composantes du Sneq sont des sous-systèmes interdépendants poursuivant la même mission : la préparation du citoyen, sa formation et sa qualification pour occuper un emploi et exercer pleinement sa citoyenneté. Ce citoyen, produit du système, sera un jeune Tunisien ayant reçu un savoir, un savoir-faire et un savoir-être, matérialisés par un diplôme de fin de formation ou une attestation qui déterminera en général son avenir social, puisque ce diplôme est le seul outil lui permettant l'accès au marché du travail et par conséquent lui assurant un salaire. Ce diplôme a donc une valeur marchande comme tout autre produit.
Cela justifie à mon sens l'utilité d'établir une similitude entre la gestion du Sneq et la gestion d'une entreprise. Nous considèrerons donc chacune de ses composantes, comme une cellule ou un ensemble de cellules d'un même système de production semblable à une véritable entreprise.
De ce fait, on peut adopter une méthodologie fondée sur «l'approche client». Cette approche part des besoins du client et de ses exigences dans l'orientation de l'opération de production. Car il est inutile de fabriquer un produit non commercialisable. Chaque sous-système, partant de son sous-système d'objectifs et de résultats attendus, en cohérence avec le système central d'objectifs, fonctionnera au mieux de manière à satisfaire son ou ses clients. En d'autres termes, chaque étape doit être préparée selon les exigences de l'étape suivante et en se référant aux exigences de la société.
Clients finaux : les clients finaux du Sneq sont la société et le marché de l'emploi. Ils doivent faire partie de la Gcsneq.
Fonctionnement du système
Le système fonctionnerait selon le principe des cahiers des charges. Chaque sous-système identifiera ses clients. Chaque «client» indiquera à son fournisseur les spécifications des produits souhaités et précisera les moyens et les éléments d'évaluation et de contrôle.
Les cahiers des charges ainsi préparés sont mis à la disposition des compétences spécialisées au niveau des structures d'exécution pour les traduire en programmes, durées… permettant d'atteindre les objectifs tracés. Les clients, ayant défini leurs besoins, participeront à leur concrétisation et suivront l'évaluation des résultats. Avec l'arbitrage de la gouvernance centrale, tout peut être défini avec précision.
Ainsi le sous-système préscolaire a pour clients la société et l'école de base. Parmi les besoins de la société, citons ses fondements et ses valeurs tels que la citoyenneté, la démocratie, la liberté, les droits de l'Homme, l'amour du travail bien fait, l'honnêteté…Parmi ceux de l'école de base, citons le non-chevauchement avec les enseignements, l'éveil, la préparation méthodologique …
Le sous-système école de base a pour clients la société, l'école secondaire et la formation professionnelle. Les besoins de la société tournent toujours autour des mêmes thèmes, avec une valorisation de l'entrepreneuriat et de la technologie, le développement de l'esprit d'observation… Il faut insister sur «les valeurs humaines» capables de faire de l'enfant un citoyen intègre, équilibré, responsable, actif, prêt à s'adapter aux différentes innovations scientifiques et technologiques, ayant des connaissances en sciences de la vie et de la terre, lui permettant de promouvoir ses capacités mentales et celles de maîtrise des langues, le sens de la nation, sa volonté de pardon et de cohabitation avec ceux qui ne sont pas du même avis...).
Parmi les besoins de l'école secondaire, citons les pré-requis pour la bonne poursuite des études ainsi qu'une préparation de l'élève à sa première orientation (réflexions autour de l'avenir et du projet professionnel …)
Les besoins de la formation professionnelle tourneront autour d'une initiation, ou du moins une information et une valorisation des métiers classiques, mais aussi des nouveaux métiers liés aux développements technologiques.
Le sous-système école secondaire a pour clients la société, l'enseignement supérieur (y compris l'enseignement militaire), la formation professionnelle et le marché de l'emploi. Les besoins de la société et ceux de la formation professionnelle sont similaires à ceux du sous-système précédent. Parmi ceux de l'enseignement supérieur, citons les pré-requis fondamentaux pour la bonne poursuite des études, la préparation de l'élève à la vie active grâce notamment à une réflexion approfondie autour de l'orientation et de son projet professionnel.
Parmi les besoins du marché de l'emploi, citons : savoir lire, écrire et parler au moins la langue nationale, savoir compter, savoir utiliser un ordinateur pour des travaux de bureautique et pour la navigation sur le Web…
Le sous-système formation professionnelle a pour clients le marché de l'emploi et l'enseignement supérieur. Ce sous-système, censé prendre en charge des élèves doués, peut-être pas en Maths ou en Physique, mais en technologie ou dans d'autres disciplines, doit être valorisé afin de constituer une alternative à l'école secondaire et au Bac, notamment en permettant aux meilleurs d'entre eux d'accéder à l'enseignement supérieur.
Les besoins de l'enseignement supérieur concerneront, entre autres, des pré-requis nécessaires pour la bonne continuation des études.
Le sous-système enseignement supérieur, dernière phase du processus conduisant l'individu à l'accès à la vie sociale et au début de son autonomie, prendra en considération principalement les besoins du marché du travail et ceux de la Recherche scientifique et technologique (RST). Parmi les besoins de la RST, on peut citer l'excellence pour la recherche fondamentale ainsi que la compétence en matière d'innovation et de maîtrise de la technologie pour la recherche et le développement.
Les besoins du marché de l'emploi s'articulent autour des diverses qualifications nécessaires pour le fonctionnement de l'économie. Mais ce marché n'étant pas toujours transparent, n'ayant pas de personnalité morale le représentant et ses besoins étant variés, qui va en définir les exigences ? Comment devraient s'organiser les établissements universitaires ou de formation professionnelle pour identifier les besoins de l'économie et être en mesure d'y répondre ? A cet effet, je proposerai trois pistes.
Il est de la responsabilité du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi d'œuvrer en vue de l'amélioration de la transparence du marché à travers notamment la mise en ligne instantanée de toute offre et de toute demande d'emploi, l'actualisation et l'utilisation du dictionnaire des professions et des métiers, d'une part pour identifier les offres et les demandes d'emploi par rapport à la nomenclature et, d'autre part, pour aider les opérateurs du Sneq dans l'élaboration des programmes. En effet, en principe, le dictionnaire contient, pour chaque métier, les savoirs, savoir-faire et savoir-être nécessaires pour exercer le métier. Ce dictionnaire serait un langage commun entre les divers intervenants.
Par ailleurs, il est aussi de la responsabilité du ministère de la Formation professionnelle et de l'Emploi, en collaboration avec la Gcsneq et notamment l'organisme d'évaluation dont il relève, de collecter, dans le cadre de l'Observatoire national de l'emploi et des qualifications, dont c'était la mission à la conception, les «feed back» du marché concernant les spécialités qui y sont présentes ainsi que les grandes tendances des évolutions technologiques.
Enfin, il est de la responsabilité de chaque établissement d'enseignement supérieur de mettre en place un système de suivi de ses diplômés. Basé sur un réseau propre à chaque institution, ce système permettrait de collecter auprès des anciens de l'établissement les failles de la formation dispensée, les améliorations à apporter, etc. J'y reviendrai dans un prochain article.
Comment élaborer les programmes ?
L'élaboration des programmes est une tâche fondamentale qui conditionne la qualité de la formation. Les grandes indications à prendre en considération seraient à mon avis:
— Elaborer, pour chaque programme, une fiche contenant les objectifs de la formation, son évaluation ainsi que les métiers où il pourrait servir (aire de mobilité).
— Procéder, pour l'élaboration des programmes, selon l'approche par compétences. Pour simplifier, un programme doit d'une manière générale traiter une ou plusieurs tâches d'un processus de travail, de fabrication, de gestion… Avant de définir le contenu pédagogique, il faut définir le processus en question. Cela veut dire que les programmes doivent se faire selon une approche participative avec le monde du travail.
Je voudrais pour conclure souligner le caractère structurel de certaines propositions. Elles devraient permettre d'engager des discussions approfondies, par ces temps où la plupart des jeunes partis travaillent leurs programmes et parce que l'emploi est l'affaire de tous.


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