Tunisie : Refus de libération pour l'ex-député Walid Jellad, accusé de corruption financière    Par Jawhar Chatty : Le génie tunisien de nouveau à l'œuvre    Ahmed Nejib Chebbi : on vise les journalistes pour un seul objectif, museler toute voix indépendante !    Jaouhar Ben Mbarek entame une grève sauvage de la faim    Traitement médiatique des questions liées aux femmes porteuses de handicap : Pousser le débat plus loin    Daily brief régional du 25 avril 2024: Hassi El Frid: Bientôt, plus de 80 projets au profit des femmes agricoles    La SICAM investit 17,150 millions de dinars pour la protection de l'environnement: Une première dans le secteur !    Centre de promotion des Exportations : Une mission d'affaires à Saint-Pétersbourg    Tunisair : Modification des vols en provenance et à destination de la France pour aujourd'hui 25 avril 2024    Vandalisme à l'ambassade de France à Moscou : une fresque controversée soulève des tensions    Kenizé Mourad au Palais Nejma Ezzahra à Sidi Bou Said : «Le Parfum de notre Terre» ou le roman boycotté    Augmentation alarmante des cas de rage au cours des trois dernières années    Pourquoi | De la pluie au bon moment...    Accidents de travail : Sur les chantiers de tous les dangers    TRANSTU : 7,5 millions de dinars investis dans la rénovation urgente du réseau ferroviaire    Echos de la Filt | Au pavillon de l'Italie, invitée d'honneur : Giuseppe Conte, un parcours marqué par de multiples formes expressives et une poésie romanesque    Safi Said poursuivi suite à son projet pour Djerba    WTA 1000 Madrid : Ons Jabeur défie Slovaque Schmiedlová    L'Espérance de Tunis vs Al Ahly d'Egypte en demi-finale de la Coupe d'Afrique des clubs Oran 2024    BH Assurance: Distribution d'un dividende de 1,500 dinar par action à partir du 02 mai    Espagne : Sanchez pourrait être démoli par un scandale de corruption, sa femme aurait croqué la pomme    Le ST reçoit l'USM samedi : Un virage majeur    Ligue des champions – Demi-finale retour – Mamelodi Sundowns-EST (demain à 19h00) : Pleine mobilisation…    Mabrouk Korchid : aucune interview que je donne n'est un crime !    Artes : chiffre d'affaires en hausse de près de 22%    Officiel: La Jamaïque reconnaît l'Etat de Palestine    OneTech : clôture de la cession de son activité d'emballage pharmaceutique Helioflex au profit du groupe Aluflexpack AG    Météo : Temps passagèrement nuageux et températures entre 18 et 26 degrés    Mahdia : recherches en cours de pêcheurs disparus en mer    CONDOLEANCES : Feu Abdelhamid MAHJOUB    Volley | La Mouloudia de Bousalem vice-champion d'Afrique : Un cas édifiant !    Aujourd'hui, ouverture de la 9e édition du Festival International de Poésie de Sidi Bou Saïd : Un tour d'horizon de la poésie d'ici et d'ailleurs    La Tunisie invitée d'honneur au Festival international du film de femmes d'Assouan 2024 : En l'honneur du cinéma féminin    INM: Les quantités de pluies enregistrées en millimètres durant les dernières 24H    Nominations au ministère de l'Industrie, des Mines et de l'Energie    Kais Saied : ''Personne n'est au-dessus des lois''    L'EST demande une augmentation des billets pour ses supporters    Ridha Zahrouni : il n'y a pas de stratégie de lutte contre la violence en milieu scolaire    Le Chef de la diplomatie reçoit l'écrivain et professeur italo-Tunisien "Alfonso CAMPISI"    Stade d'El Menzah : Une étude de faisabilité sous l'œil des experts Chinois    Géologie de la Séparation : un film tuniso-italien captivant et poétique à voir au CinéMadart    Hospitalisation du roi d'Arabie saoudite    L'homme qui aimait la guerre    Foire internationale du livre de Tunis : vers la prolongation de la FILT 2024 ?    Malentendues de Azza Filali    Brésil: Elle vient à la banque avec le corps de son oncle pour avoir un prêt en son nom    Soutien à Gaza - Le ministère des Affaires religieuse change le nom de 24 mosquées    Un pôle d'équilibre nécessaire    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Une histoire de perception
Théâtre — « La vie en rose », de Yacine Fatnassi
Publié dans La Presse de Tunisie le 27 - 02 - 2014

La rencontre et l'évasion de deux corps, avec les yeux du cœur
Le comédien et metteur en scène Yacine Fatnassi a présenté, mardi, au Quatrième art, sa nouvelle pièce Denya okhra, ou La vie en rose. Après L'escale en 2010, cette nouvelle œuvre est à son tour produite par Kana Prod. L'équipe est manifestement composée d'anciens de l'Institut supérieur des arts dramatiques, puisque des tickets gratuits ont été mis à la disposition de ses étudiants avant le spectacle. Pourtant, la salle n'était pas comble le jour de la représentation. Sur scène, le corps immobile du comédien, Karim Rawéfi, a fixé les regards sur lui. Au bout d'un moment, il s'anime, effectue des gestes d'automate et des numéros de prestidigitation. Son costume aidant, on comprend qu'il interprète le rôle d'un magicien. A la fin de son numéro, la scène sombre dans le noir. Quand la lumière l'investit de nouveau, une femme aux cheveux gris est assise sur un banc, un walkman sur les oreilles. Elle écoute La vie en rose par Louis Armstrong, une chanson qui reviendra comme un leitmotiv tout au long de la pièce, en plusieurs versions, même indienne.
L'espace de la scène est délimité par un écran. Dessus, sont projetées deux animations florales où les roses sont mises en évidence grâce à la couleur rouge. La fin de la chanson laisse place à la rencontre entre les deux personnages, Dhaw et Fayka (Fayrouz Bouali), qui se trouvent dans un centre pour non-voyants. Fayka y est depuis des années et Dhaw y revient pour faire son numéro à l'occasion de la fête de l'arbre. Lui aussi est aveugle, mais tente de le cacher à son interlocutrice... Quelques minutes plus tard, un spectateur allume une cigarette. Et non ! Ça ne fait pas partie de la pièce, mais d'un autre spectacle de notre quotidien. Retournons à Dhaw et Fayka. Cette dernière s'évade de sa détention et de sa prison intérieure grâce à la musique. Dhaw va l'emmener sur le chemin d'une autre évasion, plus spirituelle, dans une autre vie, d'où l'appellation en arabe de la pièce, Denya Okhra. Dans cette partie, l'écriture est fortement inspirée de « Rissalat-al-ghufran », d'Abu-l-Ala al-Maari (973-1057). Dhaw, magicien d'esprit et de parole, puise dans l'au-delà tel qu'imaginé par ce poète. Il balade Fayka dans un paradis de toutes les couleurs, avant de lui décrire un enfer terrible. Elle le suit, parfois enchantée, parfois terrifiée. A son tour, le spectateur est embarqué avec les personnages dans leur évasion, l'humour des dialogues aidant.
La performance des comédiens a été honorable. Surtout celle de Karim Rawéfi, dont le rôle demande des efforts d'interprétation. Malgré cela, il y a eu quelques moments où le jeu était moins juste et n'a pas bien épousé la mise en scène. Cela aurait pu être évité grâce à plus de répétitions. La tendresse que dégage la pièce est en tout cas restée intacte. Dans le texte de Yacine Fatnassi, le handicap des deux personnages peut être perçu comme un prétexte pour s'évader, ou encore pour exposer différentes visions du monde. « Des goûts et des couleurs, on ne discute pas », surtout quand il s'agit de personnages qui n'en ont jamais vu que dans leurs propres esprits.
La vie en rose est en fin de compte une invitation à nourrir son propre imaginaire et à se construire son propre ailleurs et sa propre définition du bonheur. Cela sans être manipulé par la conception des autres, comme le fait un peu Dhaw avec Fayka, et comme le font les médias-mensonges que la pièce pointe du doigt. Elle le fait dès le départ quand Dhaw, dans son premier numéro, brûle un morceau de journal pour le transformer en colombe, et puis à travers les différentes fois où les deux personnages parlent des journalistes qui lisent les informations à la radio de Fayka, en les traitant de menteurs.
De la rencontre de ces deux personnages, de leur évasion, ne restent finalement que des souvenirs qu'ils se remémorent, et que le spectateur partage avec eux grâce à un enregistrement.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.