Mais que se passe-t-il dans la tête du Tunisien ? Combien y a-t-il de Tunisiens dans chaque... Tunisien ? Et que pense chacun de l'autre ? «Autant de questions auxquelles personne ne peut donner d'avis tranché, ni les sociologues et encore moins les psychologues et surtout pas les politiciens. Même les artistes ont du mal à trouver une muse raisonnable dans cette Tunisie nouvelle où les gens se découvrent, s'affrontent et, souvent, s'ignorent». C'est ainsi que présente Hatem Belhadj, journaliste et scénariste, sa nouvelle création, dont la première sera donnée ce soir à 19h00 à El Teatro. Deux comédiens Issam Ayari (brillant élève d'El Teatro Studio) et Aymen Mejri (jeune espoir de l'Institut des arts dramatiques) mettront à nu 5 personnages dans 5 décors différents : «Celui qui n'y arrive plus» : la cherté de la vie n'est plus une malédiction qui frappe seulement les classes dites laborieuses. Désormais, même les riches ont du mal à boucler leurs fins de mois malgré leurs énormes moyens. «Celle qui prie aux larmes» : quand les malheurs d'une schizo-sœur font le voyeurisme des schizo-téléspectateurs, cela s'appelle de la télé triste réalité. Devenues des produits de consommation, la peur et la tristesse font de l'audience. Echec et audimat... «Celui qui hait les garde-fous» : qui sont les vrais fous et qui est censé les garder ? Et de quel côté du mur de l'asile se trouvent-ils ? Seul un psychopathe averti peut répondre à nos peurs... «Celui qui danse avec les maux» : qu'est-ce qui empêcherait, au nom des libertés, d'organiser une «manifestation débridée» à Tunis ? Une réflexion originale sur la question du moment : jusqu'où les minorités peuvent-elles représenter la majorité ? Une question à laquelle seuls les bipolaires peuvent ne pas répondre. «Celui qui est saoul au monde» : un mariage réussi est basé sur l'amour que porte chaque conjoint à lui-même. A condition que chacun accepte l'amour-propre de l'autre. Et c'est aussi vrai pour toutes les relations humaines. Des personnages qu'on pourrait croiser au quotidien et au détour de notre chemin, tous témoins de notre époque. Une satire sociale qui pourrait nous rappeler qu'en temps de schizophrénie endémique, «mieux vaut en rire». Les transitions entre les scènes seront assurées par la chanteuse Chaima Mahmoud, en parodiant des airs connus en relation avec chaque personnage. D'autres représentations suivront les 28 février et le 1er mars au même théâtre à la même heure.