Hier, tout au long de la matinée, le Palais des congrès de Tunis a ouvert ses portes aux destouriens, venus nombreux commémorer le 80e anniversaire de la création, le 2 mars 1934 à Ksar Hellal, du Néo-Destour. Ils ont tenu à réaffirmer leur attachement à l'héritage bourguibien et leur détermination à participer à la vie politique nationale en tant que partenaire incontournable ainsi que leur volonté d'en finir avec les divisions qui déchirent leurs rangs pour mettre sur pied le grand front destourien. Une alliance qui doit prendre forme dans les plus brefs délais, au regard des prochaines élections présidentielle et législatives qui pointent déjà le nez, «d'où la nécessité impérieuse pour nos responsables de dépasser leurs querelles de leadership, d'ancienneté et de légitimité et de nous proposer un discours rassembleur et un programme cohérent et crédible de manière à nous redonner confiance et à convaincre les Tunisiens que les destouriens ont toujours leur place sur l'échiquier politique national», comme l'a souligné un participant à la rencontre du Palais des congrès. Le faux spectre de l'article 15 Hamed Karoui, président du Mouvement destourien, semble avoir compris les attentes des participants, comme il l'a relevé dans son discours : «Je ne me porterai candidat à aucun poste de direction au cas où nous parviendrions à unir l'ensemble de la famille destourienne en un front, aussi soudé que possible. Le pari que nous aurons à relever est bien celui de miser sur les jeunes». Et Hamed Karoui de préciser : «Nous n'avons pas peur de ceux qui veulent revenir à l'article 15 du décret-loi de septembre 2011 pour nous empêcher de participer aux prochaines élections. Nous avons décidé de parier sur nos jeunes qui ne sont pas concernés par ce fameux article». Seulement, Hamed Karoui n'a pas dérogé à ses habitudes de polémiqueur sur tout ce qui a un rapport quelconque avec les destouriens, leur apport à la lutte nationale et à l'édification de l'Etat moderne ainsi qu'au rôle qu'ils ont à jouer dans la consécration des objectifs de la révolution de la liberté et de la dignité. Les conditions de Karoui «Personne n'est en droit de définir le destourien acceptable et le destourien pestiféré. Nul n'a le droit de nous donner de leçons ou de nous indiquer les alliances que nous devons nouer», tempête-t-il. Répondait-il préalablement à Sami Chebrak, président du parti «Allika Addoustouri», qui allait insister dans son intervention sur «l'impératif pour les destouriens de se rapprocher de Nida Tounès qui constitue, en dernière analyse, une composante fondamentale de la famille destourienne, qu'il ne faut pas négliger, à tout prix». Reste à savoir comment ces deux discours allaient être appréciés par les présents, plus particulièrement les jeunes. Karim Krifa, constituant et membre de la direction de l'Initiative nationale destourienne (née de la fusion entre Al Moubadara dirigée par Kamel Morjane et Al Watan dirigée par Mohamed Jegham) n'y va par quatre chemins pour confier à La Presse : «Il est plus que jamais, temps de mettre un terme aux divisions qui traversent la famille destourienne et de tourner le dos aux querelles d'ego et aux ambitions des uns et des autres. Les élections présidentielles et législatives sont pour demain (au plus tard fin décembre 2014, comme le prévoit la Constitution) et personne n'attendra que nous résolvions nos problèmes internes. D'ailleurs, au sein de l'Initiative nationale destourienne, nous sommes constamment sollicités par les autres partis désirant coaliser avec nous. Notre priorité va naturellement aux partis à connotation destourienne, mais nous n'allons pas attendre indéfiniment la fameuse alliance destourienne». «Nous estimons, ajoute-t-il, qu'il est impératif que les destouriens coalisent dans les prochains jours. Dans le cas contraire, notre parti ne va pas rester les bras croisés et choisira ses alliés». Karim Krifa revient, tout de même, au discours rassemblement et souligne : «Outre les partis se déclarant ouvertement destouriens qui sont aujourd'hui au nombre de quatre (parti Allikaa, le Mouvement destourien, le Parti libéral destourien et l'Initiative nationale destourienne), la porte reste ouverte à l'adhésion à la grande fratrie destourienne de tous ceux qui se réclament de l'héritage de Bourguiba et partagent nos idéaux et nos approches». Pour conclure, un petit pincement au cœur : «Au moment où nous sommes réunis au Palais des congrès de Tunis, les nidaistes célèbrent le même événement à Ksar Hellal», fait-il remarquer.