Caravane Al Soumoud, Iran, Sonia Dahmani… Les 5 infos de la journée    Nouvelle salve de missiles iraniens sur Israël, annonce la télévision d'Etat    G7 : Trump bouscule les équilibres sur l'Iran, l'Ukraine et le commerce    Réseaux sociaux, influenceurs et éthique : Le SNJT alerte sur la désinformation numérique    Haïfa : Une frappe iranienne vise la plus grande raffinerie israélienne, trois morts    Le président iranien promet une riposte "au même niveau" à toute attaque israélienne    En Tunisie, les tortues marines menacées par la pollution et le commerce illégal    Vandalisme en classe : la vidéo virale qui révèle un malaise profond à l'école    Procès sans avocat, visites restreintes : Abir Moussi dénonce un acharnement judiciaire    Hyundai Tunisie lance la deuxième édition de son Roadshow national dédié au transport collectif    Saloua Ghrissa : sa fille lance un cri du cœur    Sidi Hassine : 12 ans de prison pour un homme qui a détourné et agressé une fillette de 13 ans    BTK BANK lance la première solution 100 % digitale de type Buy Now Pay Later en Tunisie    Les bons et les mauvais TRE    OPA sur la SITS : Partner Investment, filiale de Poulina, vise 12,3% du capital    Transport public : l'UGTT annonce une grève générale de trois jours    Le droit international à l'épreuve des guerres modernes    Italian Screens : vitrine du cinéma italien du 17 au 22 juin 2025 à Tunis    La BT à vos côtés à bord des ferries CTN, de Marseille et Gênes jusqu'à la Tunisie: Plus qu'un voyage, un retour accompagné (Vidéo)    Démarrage de la campagne électorale pour les législatives partielles à Bizerte Nord    Ons Jabeur dégringole à la 61e place du classement WTA : la saison de tous les doutes    Ridha Chkoundali : l'excédent budgétaire à fin mars ne reflète pas une bonne gouvernance    Caravane Al Soumoud prise au piège en Libye : retour en Tunisie conditionné à la libération des détenus    Hayatt Assurances lance Assurance NAJAH : pour investir à temps dans l'avenir de vos enfants    Palais El Abdelliya célèbre le malouf avec la manifestation "El Abdelliya chante le malouf" (Programme)    Aujourd'hui, la Sixième ! : Des milliers d'élèves en lice ce matin    La déclaration de Carthage pour une stratégie One Health efficace: une feuille de route très claire qui n'attend que mise en œuvre (Album photos)    Météo en Tunisie : températures entre 35 et 40 degrés    La Tunisie à la London Tech Week 2025 : Une première présence nationale remarquée    Coupe du Monde des Clubs : L'EST affronte Flamengo et Chelsea se heurte à Los Angeles    Blanchiment d'argent : l'Union Européenne place la Côte d'Ivoire sur liste noire    L'armée israélienne cible des sites de lancement de missiles en Iran    Mouine Chaâbani qualifie la Renaissance de Berkane pour les demi-finales de la Coupe du Maroc    Tunisie : les associations étrangères représentent seulement 0,87% du tissu associatif    Ons Jabeur éliminée de l'open de Berlin    Berlin tourne au cauchemar pour Ons Jabeur : inquiétude grandissante    A l'occasion du 40ème jour de son décès: cérémonie pleine d'émotion en hommage à l'ancien ministre et ambassadeur Tahar Sioud (Album photos)    Tunisie–Mauritanie : Vers un partenariat renforcé dans le domaine agricole et de la santé animale    L'Espérance de Tunis prête à défier les géants du football mondial    "El Abdelliya chante le malouf" : Un hommage musical au patrimoine maghrébin    Vers un durcissement migratoire : 25 pays africains bientôt sur liste noire américaine    La Fondation Arts & Culture by UIB renouvelle son soutien aux festivals d'El Jem et Dougga pour une décennie culturelle    Annonce des lauréats du 16e Prix Arabe Mustapha Azzouz    From Ground Zero de Rashid Masharawi : miroir de la guerre à Gaza à travers 22 regards    Décès de Mohamed Ali Belhareth    Coupe du monde des clubs 2025 : où et comment suivre tous les matchs, dont ceux du PSG    L'industrie cinématographique tunisienne au cœur d'un projet de réforme législative    Jalila Ben Mustapha, une vie militante pour la femme, les pauvres et la Tunisie    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Entre bière et berbère
Lancement d'un produit
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 03 - 2014

Cela dénote, dans le meilleur des cas, une vision extrêmement folklorique de la culture berbère
Une société de la place a lancé à grand bruit une nouvelle bière, appelée Berber. Compte tenu des contingences, l'événement dépasse le simple cadre marketing et commercial. Il est susceptible de plusieurs lectures :
On peut penser, à raison d'ailleurs, que le commerce est libre en Tunisie. Y compris celui de l'alcool. D'ailleurs, ce produit n'est pas forcément destiné aux seuls Tunisiens. Il pourrait intéresser les touristes, voire être exporté.
On peut également penser que malgré les tentations rigoristes post-révolution, les craintes de restrictions drastiques opposées aux libertés individuelles se sont avérées infondées. Le lancement de cette bière est une sorte de caution pour une Tunisie plurielle et une illustration du compromis constitutionnel, dominante de la nouvelle Loi fondamentale de la Tunisie.
Certains, on l'a vu, lu et entendu, voient dans ce lancement une sorte de défi aux visions conservatrices de la société, voire aux fameuses tentations rigoristes, mais encore, et une affirmation autant symbolique que pratique d'une partie de la société tunisienne non pratiquante, consommatrice d'alcool et de la bière.
Or, ce serait une erreur. Voir dans la fabrication d'une nouvelle bière une affirmation sociopolitique, c'est comme voir du courage dans les projections des films de Nadia El Fani ou de Persepolis ; alors que beaucoup y ont vu, rappelons-nous, une sorte d'offense à leurs sentiments, de la provocation gratuite, et ont adopté une posture mécaniquement défensive ressentie particulièrement au comptage des voix des dernières élections.
Autre angle à étudier
Regardons la bouteille de Berber. Il y a dessus le symbole du drapeau amazigh, le fameux z écrit en tifinagh. Les couleurs rouge, vert et or sont celles de ce drapeau. Et, en arrière-plan, on a cru intelligent d'imprimer des symboles berbères ou tenus pour tels, comme la fibule.
Que faut-il comprendre ? Cela dénote, dans le meilleur des cas, une vision extrêmement folklorique de la culture berbère et un choix simpliste motivé par la ressemblance phonétique ou encore le « calembour » entre les deux vocables bière et berbère.
On peut aussi s'interroger sur le lien entre berbérité, un mot riche en culture et en histoire, et une bière d'entrée de gamme ? Les responsables de la marque ont fait valoir comme argument marketing l'évaluation par des focus groupes de la nouvelle « blonde », sa saveur, sa robe, le rapport qualité-prix, voire son appellation. La question est de savoir s'ils ont demandé l'avis de la communauté concernée ?
Imaginez qu'au Liban, un produit alcoolisé soit appelé « Maronite », ou une bière qui porte le nom de « Druze » ? Imaginez seulement qu'au Maroc ou en Algérie, on s'ingénie à donner ce nom « berber » à une bière, quelle serait la réaction de cette communauté ?
L'alcool, dans notre société, quel que soit le nombre de ses consommateurs, garde une connotation négative. Qu'on le veuille ou non. Peu en consomment ouvertement et peu s'en prévalent. Seuls dans un nombre réduit de familles, l'alcool est consommé couramment, devant tout le monde ; les enfants, les grands-parents, les voisins et les invités. Généralement, c'est dans la discrétion et entre amis qui partagent les mêmes choix de vie que cela se fait.
Il reste à dire que la berbérité est un héritage des Tunisiens et de tous les Nord-Africains. Les berbères sont les premiers habitants de ces terres. Beaucoup sont les Tunisiens qui affichent leurs origines berbères et en sont fiers. Une part non négligeable de la population doit avoir une ascendance berbère. A quoi cela rime-t-il de faire de tels raccourcis et de convoquer les souches originelles d'une manière si simpliste et folklorique, en l'accolant à un produit à connotation dominante qui reste négative ? A supposer que 1% seulement de la population soit berbère, voire moins, cette minorité risque de se sentir stigmatisée par une telle association. Demain, une politique malintentionnée dira que les berbères sont reconnus. Il y a même une bière qui porte leur nom !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.