Lors de son intervention, lundi 8 septembre 2025, sur Express FM, l'avocat Brahim Majdoub a mis en lumière un aspect souvent méconnu du droit tunisien : depuis plus d'un siècle, les atteintes aux animaux sont sanctionnées par la loi. Dès 1896, sous Ali Bey III, un décret beylical avait introduit des dispositions sévères. L'article 25 prévoyait déjà des peines de deux à cinq ans de prison, assorties d'amendes et d'une interdiction de séjour, pour toute personne coupable d'empoisonner des chevaux, du bétail ou des chiens. L'article 26 punissait de deux à six mois de prison les blessures ou mises à mort d'animaux. Ces dispositions ont ensuite été consolidées par l'article 317 du Code pénal, qui prévoit jusqu'à cinq ans d'emprisonnement pour les mauvais traitements. « La Tunisie a été l'un des premiers pays de la région à légiférer en ce sens », a rappelé Brahim Majdoub. À titre de comparaison, plusieurs Etats arabes n'ont commencé à encadrer ces pratiques que récemment.
Pour autant, les cas de maltraitance animale persistent. Vidéos et photos circulent régulièrement sur les réseaux sociaux, suscitant indignation et colère. « La criminalisation a un effet dissuasif, mais elle n'est qu'une partie de la solution. Il faut une véritable prise de conscience collective du rôle des animaux dans l'équilibre écologique », a insisté Brahim Majdoub. Les tribunaux tunisiens commencent toutefois à appliquer ces textes avec fermeté. Dans une récente affaire jugée à Sousse, une peine de six mois de prison a été prononcée contre un auteur de violences. Brahim Majdoub estime néanmoins que les sanctions devraient être appliquées « avec plus de rigueur » et adaptées à la gravité des actes, particulièrement lorsqu'ils relèvent de la cruauté. « L'animal est toujours le maillon faible. Il ne peut pas porter plainte, d'où la nécessité de développer une culture de recours à la justice et d'application stricte de la loi », a conclu Brahim Majdoub.
La question est revenue sur le devant de l'actualité après la condamnation, le 25 août dernier, de l'agresseur du chien Rocky à trois mois de prison. La présidente de l'association Arrahma, Jamila Ammar, avait salué cette décision tout en soulignant que la législation tunisienne, datant de plusieurs décennies, est aujourd'hui dépassée. Elle a appelé l'Assemblée des représentants du peuple à adopter des textes plus stricts et dissuasifs. Quelques jours plus tard, une autre affaire éclatait : une femme accusée d'actes de cruauté sur des chats (éventration, immolation, sévices graves) a été arrêtée et placée en détention. Selon l'avocat Hichem Zouaoui, elle est poursuivie pour crimes environnementaux, atteinte à des biens d'autrui et maltraitance animale.