Cinéaste de la mémoire et de l'imaginaire, éclectique et inclassable, Alain Resnais est décédé samedi dernier à l'âge de 91 ans. Il a marqué l'histoire du cinéma français par des œuvres majeures. C'était l'un des monuments du cinéma français. Un monument par son talent, bien sûr, mais aussi par ce goût de l'expérimentation, qui l'a poussé vers tous les genres, de la comédie au mélodrame. De l'expérimentation — comme L'année dernière à Marienbad — à des œuvres bien plus grand public portées par des stars, Jean Paul Belmondo dans Stavisky, ou Roger Pierre et Gérard Depardieu dans Mon oncle d'Amérique. Dans les années 1950, les premiers films de Resnais font figure de révolution, notamment Hiroshima mon amour, qui va devenir le film flambeau de la Nouvelle Vague. Resnais était aussi en prise avec les grandes tragédies de son époque. En 1953, il signe, entre autres, Les statues meurent aussi — un documentaire sur l'art africain — interdit en France pendant huit ans. L'histoire n'était jamais très loin, dans les films d'Alain Resnais, que ce soit la guerre d'Algérie dans Muriel, la guerre d'Espagne dans La guerre est finie, et surtout Nuit et brouillard, un film sur les camps d'extermination nazis. A partir des années 80, son cinéma devient plus léger. Mais tout aussi exigeant. Resnais s'ouvre à la bande dessinée, à l'opérette, à la comédie musicale, et fait appel à un trio d'acteurs auxquels il va offrir, au fil des ans, des partitions subtiles et variées : André Dussolier, Pierre Arditi et sa muse, Sabine Azéma. Mi-février, le 64e Festival du film de Berlin lui avait décerné le prix Alfred Bauer pour son dernier film Aimer, boire et chanter.