Suite à la mort cruelle de Anouar Tayafi, la Chambre syndicale des chauffeurs de taxi de Tunis s'adonne à la collecte d'argent au profit de sa famille. Elle a organisé lundi un sit-in en face du ministère de l'Intérieur pour inciter les autorités à prendre le volet de l'insécurité plus au sérieux. Sidérés par le cruel meurtre de leur confrère Anouar Tayafi, retrouvé carbonisé dans son véhicule à la zone Al Rimel du côté de Bizerte, les taximen ont programmé lundi un sit-in au seuil du ministère de l'Intérieur. Cette action vise à attirer l'attention des autorités quant aux risques souvent fatals, qu'encourent les chauffeurs de taxi dans leur quotidien ; des risques qui ont joué, récemment, un rôle macabre dans le destin d'Anouar, mettant ainsi fin à ses jours, condamnant son épouse au veuvage et engendrant le malheur irrémédiable de leurs progénitures, désormais, orphelines. En effet, feu Anouar Tayafi a été victime d'un braquage, monté par quatre individus dont trois ont été arrêtés. Le drame est survenu il y a à peine quelques jours, entre 23h00 et une heure du matin dans l'une des zones les plus désertes de Bizerte. La dépouille de la victime ainsi que son véhicule ont été retrouvés carbonisés. Reste à savoir si les braqueurs-meurtriers ont mis le feu avant ou après que Anouar a expiré son dernier souffle... Mus par le principe de solidarité envers l'âme de leur confrère, les membres de la Chambre syndicale des chauffeurs de taxi de Tunis ont décidé de faire une collecte en faveur de la famille du défunt. « Notre confrère est parti, laissant derrière lui une famille en désarroi et des bouches à nourrir. Il est de notre devoir de venir en aide à sa famille, ne serait-ce que par des actions de soutien financier. Ainsi, nous avons commencé à collecter de l'argent qui sera versé dans un compte courant au profit de la veuve d'Anouar. D'ailleurs, le président de la coopérative des chauffeurs de taxi s'est adressé, jeudi dernier, aux responsables relevant du Premier ministère afin de réglementer la collecte dans le respect des procédures nécessaires à cette démarche », indique M. Fawzi Khabouchi, président de la Chambre syndicale des chauffeurs de taxi de Tunis. Ce geste de solidarité et de compassion, et bien que salutaire, ne pourrait résoudre que partiellement et provisoirement le problème de cette famille. Entre-temps, l'insécurité dont souffrent les chauffeurs de taxi continue à leur jouer des tours. Elle représente pour eux un ennemi omniprésent dans leur quotidien. C'est pour cette raison qu'ils ont décidé de briser le silence et d'organiser le sit-in. « Un chauffeur de taxi n'est pas en mesure d'éconduire un client quel que soit le motif. La loi le lui interdit, le contraignant ainsi à subir les abus moraux et verbaux qui sont hélas monnaie courante dans notre société. Or, il est temps de dire non à l'insécurité et d'inciter les autorités à prendre les mesures nécessaires pour la protection des chauffeurs de taxi », explique M. Khabouchi. A Bizerte, la douleur est encore plus vive. Mohamed Sabkaoui, syndicaliste, n'en revient toujours pas. Pour lui, l'Etat doit rendre justice à leur confrère tué dans des circonstances louches et barbares. « Nous demandons la condamnation à mort des coupables », insiste-t-il, fermement. Quant à Mohamed Nabil, un autre chauffeur de taxi, il montre du doigt la discrimination et l'injustice dont souffrent les taximen. « L'un de nos confrères a été incarcéré pour s'être défendu contre un braqueur , lequel est mort. Aurait-il dû rester les bras croisés face à son agresseur ? Est-ce logique ? », s'interroge-t-il, indigné.