Conférence de presse de l'Irva, du Front populaire, de la famille du martyr et du comité de défense, jeudi prochain La famille et le comité de défense dans l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd ont interjeté appel de la décision du juge d'instruction du bureau n° 13, près le Tribunal de première instance de Tunis, de clôturer l'instruction. Le Front populaire, les partisans du défunt, sa famille, le comité de défense, l'Irva (initiative pour la recherche de la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaïd) ont jugé prématurée cette décision, estimant que «plusieurs personnes parmi celles impliquées dans l'assassinat n'ont pas été interpellées. L'important étant de dévoiler les commanditaires de ce crime politique». Abdelmajid Belaïd, frère du défunt et membre du bureau politique d'Al Watad ou du Parti des patriotes démocrates unifié, a déclaré à La Presse que «la décision de clôturer le dossier de l'affaire de l'assassinat de Chokri Belaïd a été prise le 5 mars 2014 sous prétexte qu'après 14 mois, les inculpés doivent être déférés devant la justice et ne peuvent être gardés en état d'arrestation au-delà de cette période fixée par le code de procédure pénale. Or, dans une affaire pareille qui nécessite une enquête sérieuse, on aurait dû faire une exception concernant ce délai. Mais au fond, l'enquête a été clôturée en se limitant à l'accusation des exécutants sans pour autant enquêter sérieusement sur les commanditaires de ce crime d'Etat et les personnes qui ont incité à la violence et au meurtre. Pourtant, le comité de défense et l'Irva ont fourni des noms de responsables politiques et sécuritaires impliqués mais qui n'ont pas été pris en considération. C'est pourquoi, nous allons faire le point ce jeudi 4 avril lors d'une conférence de presse». De son côté, Mohamed Jmour, secrétaire général adjoint et porte-parole d'Al Watad, renchérit : « Nous possédons plusieurs arguments que nous exposerons dans la conférence de presse, car abstraction faite des alibis que le juge d'instruction invoque, je me rappelle que l'ex-chef du gouvernement et ministre de l'Intérieur Ali Laârayedh avait, en fait, demandé de clôturer le dossier de l'assassinat de Chokri Belaïd. Comme si tous les tenants et aboutissants de l'affaire avaient été décelés. L'enquête a été en fait bâclé, car est-ce normal de confier une affaire d'une aussi grave importance, d'autant plus qu'il y a eu le deuxième assassinat politique de Mohamed Brahmi, à un juge d'instruction submergé par d'autres affaires et qu'on ne lui donne pas le temps nécessaire de se consacrer à celle de Chokri Belaïd. Le laxisme qui a prévalu dans le traitement de ce dossier est des plus patents. Quand des correspondances du juge avec l'administration mettent un mois pour lui être retournées, quand les résultats de l'analyse balistique sont gardés dans les tiroirs de l‘administration du ministère de l'Intérieur pendant quatre mois et que le juge ne réagit pas et ne crie pas à l'obstruction judiciaire, on ne peut que constater le laxisme et le laisser aller. Que veut-on cacher ? Que veut-on camoufler ? Le juge d'instruction a failli à ses obligations et dès le départ l'affaire a pris une orientation politique. C'est pourquoi nous avons interjeté appel». Rappelons que le juge d'instruction a transmis le dossier de 12 personnes accusées à la chambre d'accusation alors que 4 autres, en l'occurrence Ahmed Rouissi, Seïfellah Ben Hassine, Marouane Haj Salah et Salmane Marrakchi, sont toujours recherchées et que 5 autres, Kamel Gadhgadhi, Riadh Louati, Adel Saïdi, Lotfi Ezzine, Anis Dhaoui ont été tuées. Enfin de son côté, Sofiène Selliti, porte-parole du ministère public, a précisé, dimanche dernier, dans une déclaration à la TAP que «la décision de clore l'instruction ne signifie pas le classement définitif de l'affaire Belaïd».