Vague de soutien à la journaliste Khouloud Mabrouk    Tunisie – Sultanat d'Oman : Le ministre des AE reçoit une lettre adressée au président de la République    Tunisie – Les instituteurs suppléants manifestent    Vers une catastrophe économique pour les pays à faible revenu    Tunisie – Prolongation de la détention préventive de Wadie Al Jary    Météo Tunisie : de la pluie et des températures nocturnes pouvant descendre à 6°C    Tunisie – Le suivi des entretiens de la délégation tunisiennes aux réunions du FMI et de la BM    Siliana : Le meilleur en matière de soins et opérations grâce aux médecins tunisiens en France    Nessim Ben Slama écope d'une amende de 500 dinars    Espérance Sportive de Tunis -Mamelodi Sundowns : Chaîne et heure du match    FTF : Validation et rejet des listes de candidats    Des voyageurs utilisant une porte de métro endommagée : La TRANSTU explique    Suspension de l'activité des bacs à Djerba    Où sont les élites de ce pays ?    Barrage de Mellègue : La fin des travaux est prévue pour 2025    Stade d'El Menzah : Une étude de faisabilité sous l'œil des experts Chinois    La Tunisie s'apprête à lancer sa première bibliothèque numérique    Beni Khalled: Malgré l'abondance de production, seules 7000 tonnes d'oranges ont été exportées [Vidéo]    Géologie de la Séparation : un film tuniso-italien captivant et poétique à voir au CinéMadart    Les Galaxy A55 et Galaxy A35 sont lancés sur le marchés Tunisien    Hospitalisation du roi d'Arabie saoudite    Sénégal : Des frappes spectaculaires pour récupérer l'argent volé, même les entreprises françaises devront payer leurs impôts sur place…    Italie : Des gardiens de prisons arrêtés pour agressions sur Tunisiens mineurs    Urgent : La détention de Wadie Jary prolongée de quatre mois    Ligue 1 – Play off – Le CA affronte l'ESS ce dimanche : Enrayer la spirale    L'homme qui aimait la guerre    Conseil ministériel restreint à La Kasbah : Une série de mesures au profit des Tunisiens résidant à l'étranger    Parquet : L'interdiction de la médiatisation de l'affaire du complot contre la sécurité de l'Etat toujours en vigueur    Green Power Technologie signe un accord de partenariat avec Soteme, pour la distribution des solutions Huawei Fusionsolar en Tunisie    EXPATRIES : Hassan Ayari passe à Toronto    Météo en Tunisie : pluies et températures en baisse    Aujourd'hui, coupure d'eau potable dans ces zones    Education : Un rassemblement annulé à la faveur du règlement de plusieurs dossiers    Au fait du jour | Il n'y a pas que l'argent    Foire internationale du livre de Tunis : vers la prolongation de la FILT 2024 ?    Malentendues de Azza Filali    L'Italie, invitée d'honneur du 18 au 29 avril à la Foire Internationale du livre de Tunis : «Anima Mediterranea»    Echos de la Filt | Pavillon de l'Italie, invitée d'honneur : Evelina Santangelo et Azza Filali échangent autour de leurs récents ouvrages    Rayhane Bouzguenda, auteure de « L'oublié dans l'histoire », premier prix « Béchir Khraief » pour la créativité littéraire à la FILT, à La Presse : «Ce succès me motive davantage pour transmettre le goût de la lecture à mes élèves»    Brésil: Elle vient à la banque avec le corps de son oncle pour avoir un prêt en son nom    Ultimatum législatif aux Etats-Unis : TikTok doit être vendu sous un an ou disparaître !    Campagnes controversées en Turquie : retrait des enseignes arabes des commerces    Donald Trump bénéficiera : Un milliard de dollars d'actions supplémentaires de son groupe de médias    Soutien à Gaza - Le ministère des Affaires religieuse change le nom de 24 mosquées    Anne Gueguen sur la guerre à Gaza : la France œuvre pour une solution à deux Etats !    Festival International de Théâtre au Sahara : 4ème édition du 01 au 05 mai 2024 à kébili    Un pôle d'équilibre nécessaire    Chute de mur à Kairouan : Le tribunal rend son jugement    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Des crimes de guerre commis par l'armée française
Tribunes: Pour lutter contre l'oubli
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 04 - 2014


Par Ezzeddine BEN HAMIDA
A l'heure où la Tunisie fête ses martyrs, il faut rappeler une tragédie de l'époque coloniale : au Cap Bon, des massacres ont été commis entre le 28 janvier et le 2 février 1952
Exécutions sommaires, pillages, viols et piétinement de bébés par l'armée française au Cap Bon entre le 28 janvier et le 2 février 1952 : tels sont les crimes horribles, abominables et épouvantables commis par la « patrie des droits de l'Homme », comme le prétendait l'ex-président Nicolas Sarkozy : « La France n'a pas à rougir de son histoire, la France n'a jamais commis de génocide, la France a inventé les droits de l'Homme (...) la France est le pays du monde qui s'est le plus battu dans l'univers au service de la liberté des autres».
Ce triste anniversaire en est un sur une longue liste. Les crimes commis en Tunisie sont nombreux, très nombreux.
A présent, rappelons quelques effroyables détails de cet épisode criminel des parachutistes français (source : Livre blanc sur la détention politique en Tunisie, élaboré par la commission internationale contre le régime concentrationnaire -Bruxelles, 1953, disponible sur Internet) :
Pièce numéro 1, page 91 :
Nous pouvons lire un extrait d'un article de deux pages de Paris-Presse l'Intransigeant, du 2 février 1952 : « Amor Nachi, cheik de Tazerka, a déclaré qu'un villageois avait été tué, (...) abattu d'une rafale »; plus loin, page 92, nous pouvons également lire : « Salouha Bint Derouich, une jeune fille de 17 ans, fille de l'épicier du village, est l'héroïne de Tazerka. Son père a déclaré que les soldats avaient essayé de la violenter et qu'en luttant avec un d'entre eux, elle avait eu le bras traversé par une baïonnette. Une femme a déclaré de son côté qu'en essayant d'empêcher les soldats d'entrer chez elle, l'un d'eux lui avait brisé la cheville droite. Elle gît aujourd'hui, gémissante, sur un matelas sale (...)».
Pièce numéro 2, page 93 :
Un article de monsieur Taïeb Annabi, dans Le journal Nahdha, daté du 6 février 1952. On y lit : « Cinq demeures furent dynamitées : celle des enfants du cheikh Abderrahman El-Messaâdi, celle d'Ali El-Messaâdi, celle de Laroussi Derouiche, celle d'Ali Brinis et celle de Mohamed Gacem ». Le récit de notre compatriote est décisif et poignant. Il relate des constats effrayants : «Les hommes ne purent revenir au village, vers leurs femmes, que le mercredi 30 janvier vers 6 heures du soir. La nuit, ils percevaient les cris que poussaient les femmes dans chaque maison, tandis que quelques-unes essayaient de fuir, d'appeler à l'aide, mais la force armée les entourait de toutes parts » (p. 94)
Plus loin, page 95, le journaliste évoque un fait atroce : des assassinats de bébés : « 1/La fille Fatma Bent Mohammed En-Nachi, âgée de vingt jours, piétinée. 2/ Le bébé Salha Ben Amor Ben Hassine En-Nachi, âgée de quarante jours, laissée à la troupe par sa mère fuyant devant les soldats, est jetée par terre. 3/La fille Zohra Bent Béchir Ghaleb, âgée de cinq mois, atteinte de rougeole, piétinée par les soldats. 4/ La fille Fadhila Bent Mohammed Ben Mohammed Gacem, délaissée par sa mère en fuite, est piétinée par la troupe. (...) »
Pièces numéro 3, page 95 :
Un article du journal Nahdha, du jeudi 7 février, liste une trentaine d'exécutions et d'assassinats sommaires de jeunes Tunisiens et de bébés par la légion française, de très nombreux viols : 6 seulement à Tazerka. Des pillages et une trentaine de maisons dynamitées sont également signalés. Le comble, après les exécutions, les pillages et les viols : les légionnaires avaient obligé les femmes tunisiennes à leur préparer à manger et à pourvoir à tout leur ravitaillement.
Inutile de s'attarder sur toutes les pièces, elles sont toutes aussi effarantes et stupéfiantes les unes que les autres. Elles décrivent toutes des exécutions et des assassinats sommaires, des pillages et des viols commis dans certains villages et certaines villes du Cap Bon, particulièrement Kélibia, Tazerka, Hammam-Laghzez, Béni Khiar, Menzel Bouzelfa, Maâmoura, Nabeul (5 manifestants tués...), Hammamet (2 tués...), etc. Sans oublier évidemment les arrestations arbitraires de plus de 2.000 personnes et internées dans le camp de concentration de Servière à Fondouk-Djedid. Le correspondant de l'Associed Press écrit, après sa visite à Tazerka : « Il s'agit de crimes prémédités, d'expéditions punitives minutieusement organisées et effectuées avec une sauvagerie implacable. (pièce 4, p. 100)
Plus loin, page 105, nous pouvons lire par exemple, suite aux résultats de l'enquête de la Chambre d'agriculture tunisienne du nord : « A El-Maâmoura : (...) Destruction du mausolée de Sidi Ben-Aïssa. Mosquée souillée et tanks se promenant au cimetière. 6 maisons détruites.(...) ».
Par ailleurs, un témoignage assez frappant d'un Tunisien et ancien soldat dans l'armée française, rapporte lors d'un entretien avec un envoyé spécial de SOL TAS, page 107 : « Monsieur, j'ai été soldat dans l'armée française pendant quatre ans, de 1939 à 1944. J'ai été partout. Toujours nos officiers nous disaient : jamais piller, jamais saccager, jamais toucher aux femmes. C'est ainsi que nous avons parcouru l'Europe, même l'Allemagne. La première fois que j'ai vu de ces choses, c'est ici, dans mon propre village. Je suis compensé ! ».
Avant de finir, nous demandons désormais la commémoration chaque année de cette tragédie pour lutter contre l'oubli. Il s'agit d'un devoir de mémoire à l'égard de nos aînés : nos mères, nos pères, nos oncles, nos cousins, nos voisins,...bref nos compatriotes. Que le Seigneur bénisse leur âme par Sa miséricorde.
Je saisis cette occasion pour demander solennellement à nos autorités politiques conservatrices et progressistes d'instituer une commission pour réécrire notre histoire coloniale et faire la lumière sur les crimes perpétrés ! Pour ainsi indemniser les victimes qui sont encore vivantes et traduire en justice les coupables encore vivants !


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.