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Soixante et unième anniversaire des crimes de guerre commis par l'armée française au Cap Bon entre le 28 janvier et le 2 février 1952
Pour lutter contre l'oubli : un devoir de mémoire
Publié dans La Presse de Tunisie le 30 - 01 - 2013


Par Ezzeddine Ben Hamida*
Exécutions sommaires, pillages, viols et piétinement de bébés par l'armée française au Cap Bon entre le 28 janvier et le 2 février 1952, telles sont les crimes horribles, abominables et épouvantables commis par la «patrie des droits de l'Homme» comme le prétendait l'ex-président Nicolas Sarkozy : «La France n'a pas à rougir de son histoire, la France n'a jamais commis de génocide, la France a inventé les droits de l'Homme (...) la France est le pays du monde qui s'est le plus battu dans l'univers au service de la liberté des autres».
Ce triste anniversaire en est un d'une liste interminable. Les crimes commis en Tunisie sont nombreux, très nombreux (voir nos contributions en la matière).
A présent, rappelons quelques effroyables détails de cet épisode criminel des parachutistes français (source : Livre blanc sur la détention politique en Tunisie, élaboré par la commission internationale contre le régime concentrationnaire -Bruxelles, 1953, disponible sur Internet-):
Pièce numéro 1, Page 91: Nous pouvons lire un extrait d'un article de deux pages de Paris-Presse l'Intransigeant du 2 février 1952 : «Amor Nachi, cheik de Tazerka, a déclaré qu'un villageois avait été tué, (...) abattu d'une rafale» ; plus loin, page 92, nous pouvons également lire « Salouah Bint Derouish, une jeune fille de 17 ans, fille de l'épicier du village, est l'héroïne de Tazerka. Son père a déclaré que les soldats avaient essayé de la violenter et qu'en luttant avec un d'entre eux, elle avait eu le bras traversé par une baïonnette. Une femme a déclaré de son côté qu'en essayant d'empêcher les soldats d'entrer chez elle, l'un d'eux lui avait brisé la cheville droite. Elle gît aujourd'hui, gémissante, sur un matelas sale(...)».
Pièce numéro 2, page 93: Un article de monsieur Taïeb Annabi in Le journal Nahdha, daté du 6 février 1952, nous pouvons lire : «Cinq demeures furent dynamitées : celle des enfants du cheikh Abdelrrahman El-Messadi, celle d'Ali El-Messadi, celle de Laroussi Derouiche, celle d'Ali Brinis et celle de Mohamed Gacem» Le récit de notre compatriote est décisif et poignant, il relate des constats effrayants : des viols, il écrivit «Les hommes ne purent revenir au village, vers leurs femmes que le mercredi 30 janvier vers 6 heures du soir. La nuit, ils percevaient les cris que poussaient les femmes dans chaque maison tandis que quelques-unes essayaient de fuir, d'appeler à l'aide mais la force armée les entourait de toutes parts» (P.94)
Plus loin, page 95, le journaliste évoque un fait atroce : des assassinats de bébés, il écrivit « 1/La fille Fatma bent Mohammed En-Nachi, âgée de vingt jours, piétinée. 2/ Le bébé Salha Ben Amor ben Hassine En-Nachi, âgée de quarante jours, laissé à la troupe par sa mère fuyant devant les soldats est jeté par terre. 3/La fille Zohra bent Béchir Ghaleb, âgée de cinq mois, atteinte de rougeole, piétinée par les soldats. 4/ La fille Fadhila bent Mohammed ben Mohammed Gacem, délaissée par sa mère en fuite est piétinée par la troupe. (...)»
Pièces numéro 3, page 95: Un article du journal Nahdha du jeudi 7 février liste une trentaine d'exécutions et d'assassinats sommaires de jeunes Tunisiens et de bébés par la légion française, de très nombreux viols : 6 uniquement à Tazerka : Hanifa, Chadlia, Mme Ahmed, Sallouha, Salha et Manoubia. Cette dernière et pauvre dame, en plus du viol, les légionnaires français lui ont tué son enfant âgé d'un an et demi qu'elle tenait dans ses bras. Des pillages et une trentaine de maisons dynamitées sont également évoqués. Le comble, après les exécutions, les pillages et les viols, les légionnaires avaient obligé les femmes tunisiennes de leur préparer à manger et de pourvoir à tout leur ravitaillement.
Inutile de s'attarder sur toutes les pièces, elles sont toutes aussi effarantes et stupéfiantes les unes que les autres. Elles décrivent toutes des exécutions et des assassinats sommaires, des pillages et des viols commis dans certains villages et certaines villes du Cap Bon, particulièrement Kelibia, Tazerka, Hammam-Laghzez, Beni-Khiar , Menzel, Maamoura, Nabeul (5 manifestants tués,...), Hammamet (2 tués, ...), etc. sans oublier évidemment les arrestations arbitraires de plus de 2.000 personnes et internées dans le camp de concentration de Servière à Fondouk-Djedid. Le correspondant de l' Associed press écrivit, après sa visite à Tazerka : «Il s'agit de crimes prémédités, d'expéditions punitives minutieusement organisées et effectuées avec une sauvagerie implacable». (Pièce 4, P.100)
Plus loin, page 105, nous pouvons lire par exemple, suite aux résultats de l'enquête de la chambre d'agriculture tunisienne du nord : «A El-Maamoura: (...) destruction du mausolée de sidi Ben-Aïssa. Mosquée souillée et tanks se promenant au cimetière. 6 maisons détruites.(...)».
Par ailleurs, un témoignage assez frappant d'un Tunisien et ancien soldat dans l'armée française, qui disait lors d'un entretien avec un envoyé spécial de SOL TAS, page 107, : «Monsieur, j'ai été soldat dans l'armée française pendant quatre ans, de 1939 à 1944. J'ai été partout. Toujours nos officiers nous disaient : jamais piller, jamais saccager, jamais toucher aux femmes. C'est ainsi que nous avons parcouru l'Europe, même l'Allemagne. La première fois que j'ai vu de ces choses, c'est ici, dans mon propre village. Je suis confus !». La lectrice et le lecteur constateront le haut niveau de mépris et de xénophobie de l'armée française à l'égard des Arabes et, en l'occurrence, ici à l'égard des Tunisiennes et Tunisiens.
Avant de finir, nous demandons désormais la commémoration, chaque année, de cette tragédie pour lutter contre l'oubli. Il s'agit d'un devoir de mémoire à l'égard de nos aînés : Nos mères, nos pères, nos oncles, nos cousins, nos voisins,....bref nos compatriotes. Que Dieu bénisse leur âme et leur accorde Sa miséricorde.
Je saisis cette occasion pour demander solennellement à nos autorités politiques conservatrices et progressistes d'instituer une commission pour réécrire notre histoire coloniale et faire la lumière sur les crimes perpétrés par la patrie des droits de l'Homme ! Pour ainsi indemniser les victimes qui sont encore vivantes et traduire en justice les coupables encore vivants et demander réparation à ceux qui ont inventé les droits de l'Homme !
*(Professeur de sciences économiques et sociales)


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