Le Goethe Institut, en collaboration avec l'ambassade de Suisse et l'ambassade d'Allemagne, a organisé jeudi dernier un colloque suivi de la projection d'un film sur la vie et l'œuvre du peintre Paul Klee, à l'occasion du centenaire de son voyage en Tunisie. A 14h00 de l'après–midi, dans la salle de cinéma Le Mondial, des universitaires et des spécialistes de l'art s'étaient réunis pour présenter au large public un aperçu des œuvres de Klee, sa vie, ses techniques picturales et, surtout, pour parler de son voyage en Tunisie qu'il a effectué avec ses amis August Macke et Luis Moilliet, il y a cent ans. Rachida Triki, modératrice du colloque et professeure d'esthétique, a parlé, dans son intervention de «La Tunisie de Paul Klee». Elle a évoqué l'impact du périple du peintre en Tunisie sur l'histoire de l'art au XXe siècle. Klee, qui est venu passer 13 jours en Tunisie à découvrir Carthage, La Goulette, Hammamet et qui a poussé l'exploration jusqu'à Kairouan, est considéré comme l'un des fondateurs de l'art moderne. Le colloque s'est poursuivi avec l'intervention de Michael Baumgartner, spécialiste de Paul Klee, qui s'est penché sur le thème de «Klee et le mythe de l'histoire de l'art» : «Le voyage de Klee en Tunisie est devenu un évènement-clé de l'histoire du XXe siècle et un mythe de l'époque moderne», a-t-il déclaré. D'autres participants tels que Sondes Hebiri, Mounir Fendri, Olga Malakhova ont focalisé leurs interventions sur d'autres volets. Ils ont évoqué l'importance des couleurs, de la lumière, des symboles et de leur signification dans les œuvres de Klee lors de son voyage d'étude en Tunisie. Alain Nadaud, écrivain français mais qui a élu domicile parmi nous, a parlé, quant à lui, de Klee et du tapis tunisien, avant de céder la parole au cinéaste tunisien Naceur Khmir pour présenter son film intitulé Paul Klee, voyage à Tunis. Ce film, fruit d'une collaboration entre Naceur Khmir et Bruno Moll, a été réalisé en 2007. Il raconte un voyage aux sources de l'identité et de la mémoire. «J'ai développé le regard que Klee a déposé sur la Tunisie», a expliqué le réalisateur avant la projection du film. Le film, documentaire-fiction, suit pas à pas le périple de Klee à Tunis, Hammamet et Kairouan. Il nous parle de la lumière, des couleurs et des symboles qui ont fait chavirer le cœur de Paul Klee. Le documentaire, animé par le personnage de Khmir lui-même, nous éclaire sur les spécificités de l'architecture arabo-musulmane qui a beaucoup inspiré Klee dans ses recherches et son travail sur l'art de la peinture. On découvre avec le réalisateur, qui reprend le voyage de Klee étape par étape, la notion du «regard caché» dans la culture musulmane. Il se manifeste dans les différents symboles gravés sur les portes de la Médina, la mosquée de la Zitouna à Tunis, et nous renseigne sur la culture arabo-musulmane. Le film nous ramène avec lui dans un voyage à travers les sentiers de Hammamet, de Sidi Bou Said et de ses couleurs locales, de ses signes et symboles : mains de Fatma, motifs de tapis, tatouages... qui est le propre de l'esthétique arabo-musulmane. Les couleurs locales de ces régions, notamment le blanc et le bleu, ont marqué Klee qui les a reproduits dans ses œuvres picturales. Le 14 avril 1914, Klee se rend avec ses amis à Hammamet et découvre la nature, les sentiers et les ruelles de la ville avant de se diriger vers Kairouan, cette ville avec ses différentes couleurs locales reflétant la nuance de l'être, de l'homme. «Klee nous fait découvrir la nature. Klee m'a aidé à regarder d'une façon moderne ma culture», témoigne Khmir dans son documentaire. Dans sa rencontre avec la Tunisie, le peintre Klee découvre le secret de la couleur, de la lumière et de la nature.