La ville de Nabeul a renoué, à la faveur de la journée qu'a duré l'insolite festival du garum,samedi dernier avec les senteurs qui remontent à la romanité de la cité de Neapolis. Conditionné dans des amphores ou pots hermétiquement fermés et fermentés au vin et au sel pendant quelques semaines sous les rayons du soleil méditerranéen, le garum (du grec garon-garos) est un condiment du terroir à base de poisson bleu et rouge (en particulier les intestins). Il aurait servi, selon les époques, comme sauce pour relever les plats cuits, tonifiant pour guerriers et pêcheurs, médicament contre les maux du ventre et autres ulcères, outre ses vertus cosmétiques. C'est vers les années 50 que des chercheurs ont établi sa parenté avec le condiment " nuoc mam" asiatique. Les fouilles archéologiques ont démontré que l'existence à Nabeul de fabriques de salaisons de poissons remonte au Ier siècle de l'ère chrétienne. Six grands bassins y ont été découverts. Tout comme celles de la petite Syrte ou de Baelo Claudia, en Espagne, ces fabriques sont situées à proximité des rivages. Elles témoignent d'une activité halieutique à vocation industrieuse et marchande.