Dans sa dernière note économique, le département Afrique du Nord de la Banque africaine de développement (BAD) analyse comment de nouvelles composantes de politique industrielle permettraient de réaliser un développement territorial plus équilibré en Tunisie. L'analyse confirme que les gouvernorats du littoral, plus développés, accueillent des activités industrielles relativement diversifiées; a contrario, les gouvernorats de l'intérieur et du sud de la Tunisie, moins développés, présentent une structure industrielle bien moins diversifiée. Cette note économique identifie, par ailleurs, deux pôles industriels, sur lesquels pourrait reposer le développement de chaînes de valeurs industrielles : un pôle industriel à plus haute valeur ajoutée, formé principalement de Sousse et de Nabeul, et un pôle industriel à plus faible valeur ajoutée, composé des gouvernorats de Kasserine et Gafsa. Cette note souligne, d'une part, que les gouvernorats côtiers, ainsi que Zaghouan présentent les prérequis pour s'engager dans un processus de transformation structurelle, car ils se sont davantage orientés vers de nouvelles activités économiques à plus forte valeur ajoutée. En effet, la diversification des activités a permis de mobiliser une main-d'œuvre qualifiée et diversifiée, et d'acquérir un certain niveau d'expérience. D'autre part, mettre en œuvre une stratégie de renforcement des acquis sur la base des ressources matérielles et humaines disponibles et tirer parti des effets de synergies de proximité entre les gouvernorats de l'intérieur et leurs voisins du littoral devraient impulser une migration partielle des activités intensives en main-d'œuvre vers les régions défavorisées. Partant, celles-ci devraient connaître une première phase d'optimisation de la spécialisation existante, suivie d'une seconde phase de diversification. A terme, cette approche duale permettrait de rééquilibrer le développement territorial de la Tunisie, grâce à une intégration économique de l'ensemble des régions et à la création d'emplois sur une plus grande partie du territoire. L'analyse statistique menée dans le cadre de ce travail aboutit à au moins trois constats majeurs. Le premier concerne la mesure de la concentration spatiale des activités industrielles qui relève la présence d'une concentration géographique de certains secteurs industriels et la spécialisation de certains gouvernorats. Deuxièmement, l'utilisation des outils de l'analyse exploratoire des données spatiales (la statistique de Moran globale et la statistique de Lisa), permet de conclure à la présence d'une certaine forme d'autocorrélation spatiale dans la mesure où la situation d'un gouvernorat (en termes d'emploi, de nombre d'entreprises, etc.) est significativement influencée par celle de ses voisins, et réciproquement. Troisièmement, deux régimes spatiaux d'agglomération caractérisent le tissu industriel en Tunisie; d'une part, les gouvernorats du littoral, plus développés, accueillent des activités industrielles relativement diversifiées; et d'autre part, les gouvernorats de l'intérieur et du sud de la Tunisie, moins développés, présentent une structure industrielle moins diversifiée.