Par Soufiane BEN FARHAT Les terroristes veulent élargir la cible de l'attaque. Il faut s'attendre, à court terme, à une recrudescence des tentatives de déstabilisation terroristes. C'est presque inévitable par les temps qui courent. Et pour cause. Côté gouvernement, une nouvelle doctrine sécuritaire a été mise en branle. Après des mois d'atermoiements et de tergiversations de l'ancienne Troïka gouvernementale, on a enfin renversé la vapeur. Plus de laxisme, de temporisation ou de complicité sous quelque forme que ce soit avec les terroristes. Révolues les différentes formes de compromission observées tout au long des deux exercices des gouvernements de la Troïka. On prend le taureau par les cornes. On ne se contente plus de subir et de feindre de répondre par des demi-mesures. La stratégie est revue et corrigée. La tactique aussi. Parce que tout se joue à partir d'un diagnostic clair et d'un plan d'action précis. La dernière offensive des forces armées dans le jebel Chaâmbi en est témoin. La lutte est totale, intégrale, sans merci. Les pertes observées dans le camp terroriste frisent la déroute. Plus que quelques semaines et c'en est fait des groupuscules de la nébuleuse terroriste qui ont essaimé au jebel à la faveur du laxisme et du flou délibérément cultivé sur fond de calculs étroits et non avoués. Disons-le franchement. Certains partis de l'establishment ont dangereusement surfé sur la vague terroriste et sur les sympathisants des groupes va-t-en guerre. Des calculs clientélistes et électoralistes de bas aloi y ont présidé. Au point de risquer de faire sombrer le pays dans une forme de somalisation progressive. Plus d'un se sont dit : nombreux autour des coteries douteuses, clairsemés autour de la patrie. Aujourd'hui, les terroristes constatent la détermination des forces de l'ordre à les combattre sans tergiversation ni laxisme. Ils se sont avisés depuis de faire élargir la cible de l'attaque en vue de brouiller la charge antiterroriste mise en branle. Les tentatives de créer des foyers de tension armée à Djerba, au Sud ou ailleurs s'inscrivent dans cette optique de dispersion des forces gouvernementales. Pour ce faire, les terroristes mobilisent le ban et l'arrière-ban. Quitte à injecter en toute hâte auprès des cellules dormantes les recrues entraînées en Libye voisine. Ce qui semble le cas avec le groupe de Médenine démantelé au cours du week-end dernier. Il ne faut guère se leurrer. C'est une bataille à la vie à la mort. Les terroristes savent qu'ils ne peuvent plus se mouvoir dans certaines régions comme le poisson dans l'eau. Ni bénéficier de quelque sanctuaire ou de compromissions douteuses au sein des cercles gouvernants ou des partis ayant pignon sur rue. Ils mettent tout leur poids dans cette énième tentative désespérée de diversion des forces armées nationales. La guerre est avant tout une question d'assurance et d'ascendant psychologique. Depuis peu, les forces de l'ordre semblent mieux outillées conceptuellement, moins ligotées, plus déterminées. Ce qui explique le sursaut rageur terroriste et les tentatives de créer des foyers armés partout, quitte à menacer au plus haut point l'ordre public économique, le tourisme et la paix civile. Les terroristes sont dans des prédispositions psychologiques fragilisées. Ils ont perdu des atouts de taille. Ils ne semblent désormais mus que par la hargne du désespoir. Désespérément.