Par Khaled TEBOURBI C'est ce jeudi, 19 juin, que sera livré à la presse le programme officiel de l'édition du 50e anniversaire du «Festival de Carthage». Ce ne sera pas une nouveauté, soit, mais la conférence de présentation intervient, cette année, dans des circonstances un peu spéciales. Disons, plus simplement, dans un contexte plutôt tendu, pour la culture en général, pour les festivals en particulier, pour le gouvernement de consensus dans sa presque totalité, voire. «L'état de grâce» dont paraissait bénéficier l'équipe de «technocrates indépendants» de M. Mehdi Jomaâ semble comme toucher à sa fin. C'est radical et subit, en plus. On ne sait exactement pourquoi? Tout cela n'a pas l'air fortuit, ni n'est sans doute «innocent». Le programme du 50e Festival de Carthage a un peu défrayé la chronique «avant coup». L'organisation a déploré des «fuites», et nous a plus ou moins reproché de «précéder les événements». Aucun mal, à dire vrai. Il n'y a pas eu de «fuites»; simplement des «rumeurs de coulisses», et les indiscrétions qui se colportent à pareille époque dans le milieu. Le sentiment que les médias «ne viennent pas en aide» à cette session historique de «Carthage» est en tout cas exagéré. Des journalistes ont sans doute recherché des «scoops». C'est habituel et fréquent dans notre métier. Jeudi, on rectifiera le tir et tout le monde pourra parler d'une «seule et même voix». Ce qui mérite rectification ? Les grosses stars mondiales d'abord : Adele, Shakira, Bocelli, Céline Dion, etc. Que n'a t-on pas «révélé» à leur propos ! La vérité, précise bien la directrice Sonia M'barek, est que «d'emblée, il ne s'agissait que de pourparlers, de projets d'engagement». Il n'y avait donc pas lieu, encore, de «confirmer» ou de «démentir». Mais il est sûr, maintenant, que Adele, souffrante, ne viendra pas. Et que Shakira, dans le meilleur des cas, ne pourra se produire en Tunisie qu'en automne et, évidemment, ailleurs qu'au théâtre romain, plutôt «exigu». «Paradoxalement», les contacts s'avèrent plus sérieux, avec Boccelli et Celine Dion. Mais attention, ce ne serait possible qu'en 2015. Sonia M'barek est heureuse de pouvoir baliser le terrain aux prochaines sessions. On parle beaucoup de consolider les structures culturelles, de leur conférer constance et continuité. C'est dans cet ordre-là. La participation tunisienne, ensuite : elle serait beaucoup plus consistante «qu'annoncé». Sonia M'barek promet d'atteindre les 50%, ce qui prendrait à défaut les nombreuses critiques qui se font entendre ici et là. 50% de spectacles tunisiens sont plus qu'un pari, c'est un risque couru et assumé. Si cela «tournait mal», les décideurs en supporteraient seuls les conséquences. Reconnaissons, dès lors, que l'atmosphère agressive (fébrile) qui règne en ce moment dans le giron de la culture, et qui prend pour cible tant le ministre que les directeurs de festivals, est un tant soit peu abusive, du moins, en grande partie, injustifiée. «Radical et subit», a-t-on dit franchement, on a du mal à comprendre la récente cabale sur les sites archéologiques. Qui a parlé de «brader des trésors nationaux»? Personne que l'on sache. Pourquoi alors en «accabler» Mourad Sakli et son administration? Pourquoi ce rassemblement devant le ministère, ces vociférations et ces menaces de boycott? Difficile à dire. Et la suspicion s'éveille, d'autant plus que les tollés surgissent «de concert» et un peu partout. Dans les transports, dans les sports, à propos du Bac et de l'éducation. Les critiques qui pleuvent sur «Carthage» paraissent «menu fretin». La méfiance et les reproches des organisateurs ne résultent tout de même pas de nulle part. On doit se l'avouer encore : ce qui se trame en ce moment dans les arts, la culture, autour de la gouvernance de M. Mehdi Jomaâ, est trop brusque, trop «massif», pour être seulement fortuit... ou innocent.