La Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) vient de publier la nouvelle édition de son rapport sur les investissements à travers le monde, le World investment report 2014. Placé sous le signe «l'investissement au service des objectifs de développement durable : un plan d'action», le rapport a été présenté, hier et pour la 3e fois consécutive, à Tunis, au siège de la Fipa. Le rapport sur les investissements dans le monde, réalisé par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) comprend notamment trois indices et classements censés mesurer les performances des pays en ce qui concerne leur attractivité pour les investissements directs étrangers (IDE), leur potentiel d'attraction pour les IDE ainsi que la contribution des IDE au développement de l'économie réelle nationale. L'objectif étant d'aider les responsables politiques à évaluer l'efficacité des politiques nationales mises en place et de permettre de comparer les performances nationales à leur potentiel d'attraction théorique, ainsi que de comparer ces performances aux autres pays. Le rapport indique que les flux mondiaux d'IDE ont augmenté de 9% en 2013, pour se situer à hauteur de 1450 Milliards de dollars. Une tendance qui se poursuivra dans les années à venir, selon les prévisions de la Cnuced. En effet, Claudia Trentini, experte auprès de la Cnuced, a précisé que les flux d'IDE dans le monde s'élèveront à 1.600 milliards de dollars, en 2014, 1.750 milliards de dollars, en 2015 et 1.850 milliards de dollars, en 2016, principalement, sous l'effet des investissements dans les pays développés. Néanmoins, a-t-elle ajouté, la fragilité de certains marchés émergents et les risques que font peser des politiques incertaines et des conflits régionaux pourraient encore remettre en cause, la reprise attendue. Aussi, la répartition régionale des entrées d'IDE pourrait revenir à sa «structure traditionnelle», dans laquelle, les pays développés captent la plus grande partie des IDE mondial. En effet, au regard des prévisions de la Cnuced, la part des flux d'IDE reçue par les pays développés pourrait atteindre 52%, en 2016, après avoir chuté à moins de 40%, au cours des dernières années. Par contre, les IDE dans les pays en développement devraient rester élevés dans les années à venir. Tunisie : baisse des IDE En 2013, les entrées d'IDE dans les pays en développement ont atteint un nouveau pic, pour se situer à hauteur de 778 milliards de dollars, soit 54% du total mondial, bien que la croissance se soit ralentie à 7%, contre 17%, en moyenne, au cours des dix dernières années. Cela étant dit, l'Asie reste la région en développement recevant le plus d'IDE. Néanmoins, d'autres régions ont connu également la croissance dont notamment l'Afrique avec 4%, l'Amérique Latine avec 6%. Mieux encore, parmi le top 20 des pays destinataires d'IDE la moitié des pays en développement ou en transition. S'agissant de la Tunisie, le flux des investissements directs étrangers (IDE) a atteint 1096 Millions de dollars, contre un flux sortant de 22 Millions de dollars. Le stock d'IDE a été de l'ordre de 33.557 Millions de dollars, et celui des fusions-acquisitions à hauteur de 31 Millions de dollars. Quant aux nouveaux projets en 2013, ils ont mobilisé une enveloppe d'IDE de l'ordre de 432 Millions de dollars. Au regard du rapport sur les investissements dans le monde 2014, l'évolution des IDE en Tunisie est restée constante, quoique le pays ait enregistré une baisse par rapport à 2012, de l'ordre de 22,9%, en IDE et en portefeuille, sachant qu'hors énergie, le secteur industriel a attiré 50% des IDE ; en 2ème position on retrouve, le secteur des services avec 38,5% suivi du secteur du tourisme avec 8,6%. Sami Boussalmi, de la Fipa a souligné que la Tunisie suit les tendances sectorielles mondiales en termes d'IDE et qu'elle ne déroge pas à la règle quant aux relatives hausses des projets, notamment dans le secteur du textile, des IEE et des IMM. En termes de montants d'IDE, par contre elle a enregistré une baisse dans certains secteurs due au nombre élevé d'extensions de projets. Sachant que la situation sociopolitique nationale a généré et génère encore une incertitude des décideurs étrangers. Le représentant de la Fipa a, par ailleurs, ajouté que les chiffres des IDE vers la Tunisie confirment l'attractivité du pays pour les investisseurs étrangers, en dépit de toutes les difficultés qu'a connues le pays, après la révolution. Mieux encore, selon le rapport, plus de 7% des flux vers la région de l'Afrique du Nord, en 2013, ont été absorbés par la Tunisie et près de 14% du stock des IDE de la région sont détenus par la Tunisie, qui se retrouve à la 3e position, après le Maroc, et l'Egypte. Inefficacité économique Le rapport sur les investissements dans le monde 2014 s'intéresse particulièrement aux investissements affectés à la réalisation des Objectifs de Développement durable, à l'instar de la réduction de la pauvreté, l'inclusion sociale, l'atténuation des changements climatiques. Selon la Cunced, les mesures nationales, affirme Claudia Trintini, prises en 2013, sont orientées vers la promotion et la libéralisation. Néanmoins, le rapport fait état de politiques restrictives en augmentation. Par ailleurs, le rapport a fait état de politiques d'incitations à l'investissement orientées vers des objectifs de performances économiques plus que sur le développement durable d'où l'inefficacité économique et les mauvaises affectations des fonds publics. Par contre, souligne Claudia Trintini, si ces mesures peuvent être utilisées pour poursuivre les objectifs de politiques publiques — qui, en soi, sont bénéfiques — tels que la création d'emplois, le transfert des compétences, l'exportation et l'établissement de relations avec les entreprises locales, il pourrait être plus efficace de rattacher ces incitations aux objectifs de développement durable qui doivent être fixés en 2015, afin de remédier aux dysfonctionnements des marchés. Dans ce contexte, le rôle du secteur public est certes fondamental mais celui du secteur privé est indispensable d'où l'impératif d'une bonne gouvernance dans les pratiques d'affaires et l'investissement dans le développement durable. Par ailleurs, la représentante du Cnuced a souligné qu'il y a un besoin urgent d'une cohérence des politiques pour promouvoir la contribution du secteur privé et atteindre les objectifs du développement durable. A ce titre, la mobilisation des fonds au niveau des marchés financiers et les solutions innovantes de financement constituent des défis à relever.