L'idée est née en 2012 : celle d'une collaboration artistique et culturelle entre le Portugal et la Tunisie, qui, deux ans plus tard, a pris la forme d'une résidence artistique. Le Palais Ennejma Ezzahra a abrité ses travaux, sur une période d'une semaine, avec un concert de restitution, vendredi dernier, qui est venu couronner la résidence. Ce projet a été mis sur pied grâce à une collaboration entre l'ambassade du Portugal en Tunisie et le CMAM, avec le concours de Camoes, l'Institut de coopération et de langue portugaise (CICL). Trois jeunes musiciens tunisiens, Asma Ben Ahmed (chant), Jihed Khemri (Percussion) et Mohamed Ben Salha, ont eu l'opportunité de travailler avec deux artistes portugais confirmés de la scène Fado, à savoir José Da Camara (chant et guitare) et Luis Petisca (guitare portugaise). Le projet artistique, développé à cette occasion, est destiné à être diffusé dans les deux pays sous forme de concerts et sur support audio et vidéo. Le public, Tunisiens et Portugais, venu assister au concert, était le reflet de ce métissage et de cette rencontre entre les deux cultures. Face à eux, sur scène, les «résidents» ont su à merveille exprimer cette rencontre. Ce sont les rythmes du Fado sublimés par la voix de José Da Camara et la guitare portugaise de Luis Petisca qui ont ouvert le concert. Le chanteur n'oublie pas après de remercier le public, mais surtout les jeunes artistes, avec qui il dit avoir pris beaucoup de plaisir. Un deuxième morceau de Fado : expression musicale nationale par excellence du Portugal, qui est inscrite sur la liste du patrimoine de l'humanité. On lui donnerait même des influences arabes dans les mélodies et les poèmes. Du côté tunisien, le choix s'est porté sur le Malouf, représenté entre autres par la chanson de Cheikh El Afrit (zaama nar tetfechi) et autres chansons du patrimoine, merveilleusement interprétées par Jihed Khemri, Mohamed Ben Salha et la chanteuse Asma Ben Ahmed à la magnifique voix. La suite fut celle des mélanges, celles des sonorités et des rythmes : un Fado auquel se joignent nay et tar, ou encore la guitare portugaise s'invitant dans la distribution musicale de la fameuse «lamouni eli gharou meni», de Hédi Jouini. A bien des égards, le spectacle était succulent et agréable grâce aux talents des artistes, à leur bonne humeur dégagée sur scène. Bravo et merci !