Le charme inégalé du mois de Ramadan à Kairouan consiste, d'une part, à mêler de façon alternée le sacré et le profane et, d'autre part, à nous enseigner la convivialité, le partage et la solidarité. C'est que le mois saint n'est pas uniquement le mois de l'abstinence et de la spiritualité, il est aussi celui des fastes culinaires, des veillées tardives, des activités sociales et culturelles, des trawih, des causeries religieuses et des envies. Jeudi 3 juillet, 5e jour du mois sacré à 10h00, la ville de Kairouan semble dormir encore, la plupart des boutiques sont fermées et les avenues sont calmes. Mais en faisant un tour dans les différents marchés et souks de la ville, on constate le mouvement incessant d'une foule à la recherche de produits de consommation de toutes sortes. Partout, des marchands ambulants sont installés derrière des étalages de fortune et qui proposent des feuilles de brik, des œufs de ferme, des bottes de persil et des sucreries de toutes sortes sans se soucier des règles d'hygiène. Nous avons même vu des bouchers égorger leurs moutons sur le trottoir devant leurs boutiques, sans se soucier des règles d'hygiène, et ce, malgré l'existence d'un abattoir communal qui vient d'être réaménagé. Notons que durant les deux premiers jours du mois de Ramadan, 66 contraventions ont été enregistrées par les équipes de la brigade économique. Au hasard de nos déambulations au marché d'El Haddadine, on se trouve bousculé par une foule de consommateurs en quête de bonnes affaires. Tout est disponible et même en abondance. Néanmoins, certains vendeurs n'affichent pas le prix de leurs marchandises. En outre, les prix des légumes et fruits ont connu une tendance haussière, surtout en ce qui concerne les salades, les pêches plates, les figues, les raisins et les dattes. Heureusement que l'aménagement du souk «du producteur au consommateur» au quartier d'El Hajjeni a permis aux classes sociales défavorisées d'acheter des produits alimentaires à des prix abordables. Ainsi, le kilo de viande d'agneau est vendu à 17d,500, celui du poulet à 5D et celui des pêches plates à 2d,200. Et dans le cadre de l'élan de solidarité nationale, plusieurs ONG offrent quotidiennement des repas d'iftar aux familles nécessiteuses. Ainsi, à titre d'exemple, les scouts offrent tous les jours 100 repas d'iftar, et ce, au sein de l'école de la santé. Par ailleurs, le ministère des Affaires sociales a alloué des aides aux bénéficiaires d'aides permanentes et qui ont été versées en 2 tranches de 40d (l'une au début du mois de Ramadan et l'autre à partir du 15 juillet pour préparer les dépenses de l'Aïd). Cela sans oublier une importante enveloppe pour le couffin de Ramadan au profit de 900 familles. Les mosquées de plus en plus fréquentées Parmi les lieux très fréquentés au cours de ce mois saint où la chaleur oblige les gens à passer la journée à la maison, figurent les nombreuses mosquées qui ont connu des travaux d'embellissement et de rénovation, les fidèles y viennent pour faire la prière des trawih et assister aux différentes causeries religieuses, sans aucune peur d'être surveillés ou mal jugés. Ramadan, c'est également les veillées chez les parents et amis agrémentées de confiseries. Ce sont également les rencontres dans les cafés de la ville. On s'approvisionne aussi en milieu rural Notons dans ce contexte que beaucoup de jeûneurs se rendent dans les localités rurales d'El Baten et de Kairouan-Sud pour acheter de la viande qu'ils trouvent plus fraîche et plus délicieuse que celle proposée en ville. D'autres se rendent en fin d'après-midi aux marchés périphériques du nord de la ville pour acheter de la tabouna préparée par des habitants aux mains expertes.