Voilà pourquoi beaucoup de gens instruits par le bilan quasi insignifiant de ces nombreuses actions tape-à-l'œil se montrent plutôt sceptiques quand elles apprennent qu'il y a actuellement des états généraux du sport. Cinq commissions de réflexion multiplient les réunions à l'échelle locale et régionale et auront à établir un rapport final avant le mois de novembre prochain. On parle de refonte totale des structures du sport tunisien dans le sens d'un relooking tendant à en finir avec un professionnalisme marron. Y compris dans des disciplines aux pratiques aussi peu «amateurs» que le handball, le basketball et le volley-ball. Mais il n'y a pas que ce seul aspect sur lequel se penchent les spécialistes. Pratiquement tous les aspects touchant à la vie du sport sont passés au crible fin, à commencer par la loi 1995 régissant un sport largement anarchique, notamment du point de vue de la création des richesses et de la multiplication des sources de revenus. Le mérite des états généraux est d'aller vers la Tunisie profonde à partir des omdas et délégations pour tater le pouls d'un sport de l'intérieur en proie à de bien grosses difficultés. On ne peut pas dire que les spécialistes engagés dans cette réflexion se soient contentés de la routinière œuvre bureaucratique. Quant aux résultats, on jugera sur pièce, comme on dit. Il ne suffit pas de dresser les rapports les plus pertinents, les plus intelligents, les plus exhaustifs aussi. Il faut passer à l'action, traduire les bonnes intentions dans le concret et investir les moyens humains et financiers pour y réussir. La charrue avant les bœufs Mettre la charrue avant les bœufs demeure un sport national. Sinon comment expliquer que dans la quasi-totalité des clubs on recrute avant la désignation de l'entraîneur. Deux cas, au moins, donnent la mesure de cette ineptie. Le dysfonctionnement est tel que deux Algériens, Hichem Belkaroui dans le cas du Club Africain et Kaddour Beldjilali dans celui de l'Etoile Sportive du Sahel, ont été engagés avant l'arrivée d'un entraîneur : Daniel Sanchez (au CA) et Dragan, Krol ou tout autre technicien (à l'ESS). Selon quels critères et à quels besoins répondent ces opérations pourtant coûteuses? On ose mal imaginer que le nouvel entraîneur débarque au Parc A et à Sousse et surprend tout son monde en renvoyant l'une ou l'autre recrue au prétexte qu'elle ne répond guère à ses besoins ou au profil recherché. Ce serait tout simplement de la science-fiction, d'autant que chaque technicien qui se respecte sait composer avec un maximum de contrariétés, parfois même avec le diable, s'il le faut. On a même vu des entraîneurs débarquer dans un club accompagnés de toute une armada de joueurs. De quoi composer un onze entier et nourrir les soupçons sur un quelconque intérêt financier qui se cache derrière tant de sollicitude de la part de ces entraîneurs doublés d'agents de footballeurs. Dans le noir L'Union Sportive Monastirienne broie du noir. Le bureau d'Ahmed Belli a présenté avant-hier une démission collective qui laisse le club «bleu et blanc» groggy. Les révélations quant à de graves tentatives de déstabilisation allant jusqu'à manigancer pour pousser le club dans le précipice de la Ligue 2 font froid dans le dos. Tout comme les accusations de ces mêmes conspirateurs soupçonnant le bureau en place de mauvaise gestion. A un mois des trois coups du nouveau championnat, les structures se retrouvent soudainement bloquées, multipliant les risques de voir l'USM vivre une nouvelle saison de grosses frayeurs. Une autre planète La leçon est brésilienne, elle vient du Mondial. Le grand pays de football qu'a toujours été le Brésil est humilié par l'Allemagne (1-7), et qui plus est dans une demi-finale de Coupe du monde. Hormis les ruisseaux de larmes et le concert de sifflets, on n'a vu ni bouteilles, pierres ou fumigènes jetés sur la pelouse, ni envahissement de terrain, ni bagarres générales entre les joueurs des deux camps. A la mi-temps, alors que les Cariocas avaient déjà pris cinq buts et vu leurs illusions s'envoler, mon ami Khaled Gasmi, «El Moujahid» de l'épopée argentine, me téléphone pour glisser ce constat laconique : «Est-on vraiment certain que nous descendons d'une même planète?». On n'est pas certain qu'il ait déjà trouvé la réponse...