Ailleurs, on aurait décrété tout simplement une interdiction de recruter en raison des lourds passifs accumulés par la quasi-totalité des clubs professionnels. Mais le fair-play financier, le foot national n'en a que faire ! Cette composante échappe à ses priorités, même s'il faut admettre que la crise frappe de plein fouet les ambitions de se renforcer. C'est à un marché plat et fragile que nous assistons. Ainsi assiste-t-on à une pléthore de prêts ou de ce qui ressemble aux échanges, à l'instar de ce qui se passe entre l'Etoile du Sahel d'un côté et l'Avenir de La Marsa et le Stade Tunisien de l'autre (ce qui a permis à l'ESS d'enrôler Youssef Mouihbi et Issam Tej), ou encore entre le Club Sfaxien et la Jeunesse Kairouanaise (ce qui devrait permettre le passage dans la capitale du Sud des deux joyaux aghlabides Houssam Hamzaoui et Hamza Chotbri). Si la marge de choix des joueurs reste assez réduite en raison d'un profil pas vraiment emballant, il faut souligner néanmoins qu'une certaine instabilité contractuelle condamne un club comme la Palme de Tozeur à multiplier les opérations d'achat, d'autant qu'un vaste mouvement d'exode incontrôlé avait marqué l'ouverture du marché d'hiver. Dans certaines opérations, il y eut des «perturbations inattendues». Un sentiment d'impuissance face au peu de feeling exprimé par quelques joueurs invités à partir dans le cadre de transactions et qui ont refusé de le faire: l'Etoilé Alaâ Abbès vers l'ASM dans le cadre de l'opération Mouihbi, avant de s'y résigner in extremis, Slim Jedaied et Houssam Louati vers la JSK dans le cadre de l'opération Hamzaoui-Chotbri... On voit également débarquer des joueurs étrangers pour la première fois (Aminou Bouba à l'EST, le Marocain Houcine Alas à GS...). Alors que d'autres reviennent dans notre championnat (le Tchadien Ezequiel Ndouassel, parti l'été 2012, retrouve le CA, le Nigérian Ogbonna à l'OB...). Des expatriés rentrent au pays (Hachem Abbès qui rejoint l'ASM). Certains clubs se réjouissent de recrues d'un genre particulier. «Notre meilleure recrue cet hiver, c'est tout simplement la prolongation de contrat de notre gardien de but, Farouk Ben Mustapha, au bout d'un long bras de fer», vous diront les supporters bizertins. 4 millions de dinars pour Rejaïbi ! En tout cas, les gros calibres restent là où ils sont. L'argent agit telle une épée de Damoclès. L'anecdote racontée par le directeur sportif de l'Etoile Sportive du Sahel, Ziad Jaziri, reste à cet égard édifiante sur le verrouillage de certains noms: «A un certain moment, mon club s'est intéressé au Cabiste Adam Rejaïbi, relève Jaziri. J'ai contacté le président nordiste, Mehdi Ben Gharbia, pour avoir le cœur net, s'il était possible de faire signer avec nous cet intéressant talent. Nous avions déjà satisfait aux demandes de notre entraîneur Roger Lemerre que ce soit au poste de latéral gauche (Tej), de pivot (Mohamed Slama) ou de milieu de couloir (Mouihbi).Un seul poste restait à pourvoir, celui d'attaquant. Eh bien, le président bizertin nous avait répondu que Rejaïbi vaut 4 millions de dinars. Bien évidemment, on en était resté là». Malgré le trésor de guerre rapporté par la vente il y a un an de Youssef Msakni au club qatari de Lekhwiya, l'Espérance de Tunis a évité toute folie sur le marché hivernal. Session de réajustement, ce mercato l'est resté dans l'esprit des responsables «sang et or». Deux arrières centraux, le Camerounais Aminou Bouba et Larbi Jabeur, pour suppléer le départ de l'Algérien Antar Yahia, voilà tout. Quantitativement, les mal-classés ont dû en revanche multiplier les coups à bon marché. L'Union Monastirienne, le Stade Tunisien, Grombalia Sport, la Palme de Tozeur... voient débarquer une véritable légion, ce qui n'est pas sans poser de difficultés supplémentaires inhérentes à leur intégration technique et à leur adaptation. La mayonnaise prendra-t-elle ? Les entraîneurs maîtrisent-ils cette nouvelle donne ? En l'absence de recettes directes, face à une crise financière sans précédent qui affecte toutes les associations, le mercato n'a pas emballé ni déclenché un réel intérêt. Sans aller jusqu'à évoquer un marché de dupes, ou un marché aux puces selon l'expression entendue dans la bouche d'un technicien averti, il est clair qu'il faudra attendre l'été et sa session principale des transferts pour intéresser vraiment les sportifs à ces migrations entre clubs.