Placés dos au mur et pressés par leurs bases épuisées par leurs querelles de leadership, les destouriens multiplient les alliances et s'ouvrent les bras les uns aux autres «en vue de reconquérir la place qu'ils estiment devoir occuper sur la scène politique nationale» Avec la création de l'Initiative nationale destourienne tunisienne sous la présidence de Kamel Morjane, l'homme qui monte de plus en plus dans les sondages d'opinion en tant que futur président de la République et la décision du parti du Mouvement destourien dirigé par le Dr Hamed Karoui d'aborder les législatives du 26 octobre prochain «avec des listes destouriennes unifiées ouvertes à tous les destouriens, ces derniers ont-ils, enfin, surmonté leurs guéguerres de leadership et ont-ils compris que l'heure est à l'union et à l'apaisement des ego des uns et des autres et des ambitions personnelles, l'objectif commun étant que les destouriens se proclamant de l'héritage bourguibien arrivent à conquérir la place qu'ils estiment leur revenir de droit dans l'échiquier politique national qui sera issu des prochaines élections législatives», comme le souligne Dr Tarek Ben M'barek, coordinateur général du Front destourien, né en mai 2012, à la suite de la fusion de sept partis d'obédience destourienne et composante essentielle du Parti de l'initiative nationale destourienne tunisienne (Pindt). «Au départ, souligne-t-il, l'idée était de rassembler la famille destourienne et nous avons lancé en mai 2012 le Front destourien bien avant la naissance de Nida Tounès à laquelle nous avons grandement contribué. D'ailleurs, nous avons appelé Si El Béji Caïd Essebsi à diriger la famille destourienne. Seulement, avec la fondation de Nida Tounès, nous avons senti que les personnes qui l'entouraient cherchaient plutôt des sièges et des positions personnelles. Quand Hamed Karoui a déclaré vouloir rassembler les destouriens, nous avons soutenu son initiative, sauf qu'il nous est apparu qu'entre le discours et la pratique, il y avait un grand décalage». Nous marchons lentement mais sûrement Aujourd'hui que le temps presse et que le dépôt des listes candidates à la députation approche à grands pas (fin septembre prochain selon le calendrier électoral fixé par l'Isie), comment les destouriens se préparent-ils pour affronter cette importante échéance ? Le Dr Tarek Ben M'Barek est convaincu que «le Parti de l'initiative nationale destourienne tunisienne composée de la fusion de six partis (Al Moubadara, le Mouvement du Tunisien, le Parti de la liberté pour la justice et le développement, le Parti de l'indépendance, le Parti de la Tunisie de demain et le Parti de la troisième voie) va s'ouvrir sur d'autres partis destouriens comme le Parti libéral constitutionnaliste tunisien dirigé par Fayçal Triki et le Parti du néodestour piloté par Ahmed Mansour». «Nous marchons lentement mais sûrement. Nous sommes persuadés que nous avons notre place sur la scène politique nationale et nous avons la conviction que les destouriens sauront quel bulletin glisser dans les urnes le 26 octobre prochain», conclut-il. Oui pour des alliances avec les destouriens Du côté du parti du Mouvement destourien dirigé par le Dr Hamed Karoui, le ton est à la recherche de la réconciliation interdestourienne, loin de toute tendance à confisquer l'appartenance au référentiel destourien ou à l'héritage bourguibien. «Oui, nous sommes disposés à coaliser avec tous les partis se proclamant représenter la famille destourienne comme Nida Tounès ou l'Initiative nationale destourienne tunisienne. D'ailleurs, le communiqué publié le jeudi 31 juillet dernier par notre parti est assez clair et précis sur ce point puisque nous avons décidé d'affronter les législatives avec des listes destouriennes unifiées et nous n'avons pas manqué d'ajouter que ces listes sont ouvertes à tous les destouriens», confie à La Presse Nabil Haddad, membre du bureau exécutif du Mouvement destourien. Il ajoute : «Nous sommes d'avis que dans certaines circonscriptions il est préférable d'avoir des listes communes dans l'objectif de remporter le maximum de voix. Et nous avons actuellement des concertations avec l'Union pour la Tunisie en vue de l'intégrer, car nous considérons que nous avons beaucoup d'affinités avec les partis qui la composent et qu'il vaut mieux aller au rendez-vous du 26 octobre en rangs serrés». En tout état de cause, il est certain qu'un vent nouveau souffle dans la sphère destourienne. Et même si rien de concret n'a filtré de la dernière rencontre Karoui-Béji Caïd Essebsi et même Nida Tounès a pratiquement arrêté ses listes en vue des législatives, les destouriens ont le sentiment que leurs leaders sont en train de préparer une surprise pour le 26 octobre. Attendons voir.