Voici une affaire dont on parle beaucoup dans les milieux des affaires :la brigade économique vient de confirmer qu'il y a un trafic de cigarettes à la Rnta qui tournerait autour de millions de dinars. Cette mauvaise gestion, notre journal La Presse l'a déjà soulevée dans sa publication du 10/04/2014; ensuite dans celle du 26/06/2014; nous vous communiquons les dernières évolutions de ce dossier. Dans notre édition du 10/04/2014, nous avons évoqué l'affaire de la Régie des tabacs tunisienne (Rnta) en nous appuyant sur un communiqué du syndicat de la Manufacture du tabac de Kairouan qui contestait l'achat d'anciennes machines de fabrication de tabac, appartenant à la JTI. Rappelons que la JTI (Japan Tobbacco International) a cessé son activité en 2010, laissant 5 lignes de production en arrêt. Notre critique visait l'état vétuste de ces machines dont on ignore si elles allaient fonctionner ou pas. Nous avons reçu et publié le droit de réponse de la Rnta et de la MTK, cosigné avec leurs syndicats, précisant qu'il ne s'agit nullement d'acheter ces machines, mais de les louer. Deux mois environ après la publication de cette information sur les colonnes de notre journal, nous retrouvons par hasard un appel d'offres lancé par la Rnta, le 12 juin précisément, relatif à l'acquisition de trois confectionneuses de filtres à cigarettes. Bien entendu, la Rnta est libre de lancer ses appels d'offres, mais où est donc passé le protocole d'accord pour la reprise des cinq lignes dont quatre gratuitement ? La thèse de la vétusté de ce matériel avancée dès le début est-elle exacte ? D'autre part, pourquoi un organisme étatique irait-il acheter des machines coûteuses, alors que, jusque-là, il se fournissait en filtres chez des sous-traitants qui font nourrir des familles entières depuis plus de 30 ans ? Mais pendant que ces tractations et ces négociations pour du vieux matériel monopolisaient l'attention des responsables de la Rnta, un énorme trafic de cigarettes gangrenait l'entreprise. Un trafic, vu son ampleur et son évolution, qui ne pouvait pas techniquement échapper au tableau de bord des grands dirigeants de cette entreprise. Aujourd'hui que la brigade économique a rendu publique cette information, nous pouvons la publier. Selon, la brigade économique d' El Gorjani en charge de ce dossier ce trafic se chiffrerait en millions de dinars, et après avoir enquêté et interrogé plusieurs fonctionnaires et employés, on aurait arrêté deux fonctionnaires, un chauffeur et un gardien. La brigade en question aurait remarqué qu'après le recrutement de nouveaux employés, la production des cigarettes à diminué de 20%, ce qui confirme qu'il y avait anguille sous roche. Autre interrogation qui devrait aussi attirer l'attention de la brigade, c'est le taux de déchets enregistré dans cette usine, alors que le taux de déchets avoisinerait les 8 % et 10 % à la MTK (Manufacture du tabac Kairouan), ce qui est logique, il est de l'ordre de presque 30 % à la Rnta, nous renseigne un professionnel, «d'autant plus que ce taux de déchets est fixe depuis des années». Il n'est pas normal qu'un taux de déchets ne varie pas, dit notre professionnel, et encore moins qu'un directeur général ne réagisse pas à un taux de déchets aussi énorme ! Il est clair que les cigarettes qui sortent en cachette sont mentionnées dans ce taux de déchets. Des caméras de surveillance? Il en existe, bien entendu, mais il semblerait qu'il y a des coupures d'une vingtaine de minutes à certains moments et qu'il y a des archives filmées qui ont été détruites. Mais le plus étonnant, c'est que les employés honnêtes de cette société étatique auraient informé le directeur général dans une lettre qu'il y avait un grand trafic de cigarettes en précisant le nom de l'équipe responsable de ce trafic, en le suppliant d'y mettre fin. Une équipe bien rodée, semble-t-il, et dont les membres embarquent des cartons de cigarettes dans leurs propres voitures sans être contrôlés par le gardien. Aujourd'hui, les employés modèles tiennent toujours à sauver la Rnta et attendent beaucoup du ministère des Finances. On croit savoir aussi que le président du conseil de la Rnta et de la MTK est en même temps secrétaire général au ministère des Finances, ce qui devrait contribuer à arranger les choses pour le mieux. L'enquête suit son cours et les agents de la brigade économique d'El Gorjani sont déterminés à aller jusqu'au bout.