Le projet de loi sur la violence à l'égard de la femme tend à asseoir les fondements d'une législation équitable, garantissant, entre autres, le droit de la femme à l'intégrité corporelle et morale ainsi qu'à une prise en charge intégrale des femmes victimes de violence. L'assistance psychologique est, en ce sens, déterminante dans la mesure où elle représente le principal moyen susceptible de faire sortir la femme victime de violence de l'isolement, de l'aider à voir plus clair et de se réapproprier son corps et son estime de soi. Pour le Dr Hela Ouennich, psychologue et directrice du Centre d'assistance psychologique aux femmes victimes de violence, la violence sexuelle revient à la concomitance de problèmes d'ordres pathologique, psychiatrique, mais aussi de problèmes liés à l'éducation et à la culture. Notre culture arabo-musulmane place la femme face «au devoir d'obéissance y compris en ce qui concerne la sexualité. La langue porte couramment atteinte à la femme, la mentionnant comme une femme-objet ou encore comme un produit consommable», indique la psychologue. A cette base idéologique anti-féministe s'ajoutent d'autres facteurs, notamment l'absence de l'initiation psychologique à la vie de couple et à ses exigences éthiques dont le respect des besoins mutuels. «Aussi, la domination et l'asservissement sont-ils les principaux motifs responsables de la violence sexuelle dans la vie conjugale. Certaines femmes finissent par intégrer ce type de violence, trouvant anodin que leurs époux exercent sur elles des pressions pour satisfaire leur sexualité», explique le Dr Ouennich. Désespoir, traumatisme et somatisation Or, le déni, conscient soit-il ou inconscient, ne protège aucunement la femme contre les répercussions de la violence sexuelle. La perte de l'estime de soi, le sentiment d'auto-dévalorisation, et l'impression que son corps ne lui appartient plus et qu'elle n'est plus son unique souveraine constituent des dégâts psychologiques de taille. «D'autant plus que le rapport sexuel, qui est censé être une source d'épanouissement et de consolidation des liens affectifs, se transforme en un devoir conjugal, dévitalisé et destructif. Et même si la femme dénie, banalise et accepte de subir la violence sexuelle, l'impact de cette dernière se traduit par le désespoir, le traumatisme et la somatisation», souligne la psychologue. Se réapproprier son corps C'est pourquoi la prise en charge des femmes victimes de violences sexuelles doit, inéluctablement, inclure une assistance psychologique. Ce travail commence, d'abord, par la reconnaissance de la violence sexuelle en tant que telle et par la déculpabilisation de la victime. La femme doit, ensuite, se restituer son amour-propre et son estime de soi afin de pouvoir, peu à peu, se réapproprier son corps et cicatriser ses lésions psychologiques. «La dernière étape de l'assistance psychologique, poursuit la psychologue, a pour finalité d'aider la femme à délaisser le statut de victime, affronter la réalité, faire des choix et prendre son avenir en main. Le mari-agresseur, quant à lui, —et dans le cas où il reconnaît ses actes— devrait se faire prendre en charge par un psychologue. Toutefois, les thérapies de couples ne sont pas préconisées pour le cas de violences conjugales ».