• Constitution d'un comité regroupant des jeunes journalistes de l'entreprise chargés de faire entendre la voix et les préoccupations de leurs collègues lors de réunions régulières avec le P.-d.g Consciente des profondes mutations que vit le secteur journalistique à travers le monde en général et en Tunisie en particulier et, soucieuse de renforcer la compétence de ses jeunes journalistes, la Société nouvelle d'impression, de presse et d'édition (Snipe La Presse-Essahafa) a organisé, hier (06 juillet), à Tunis, une journée de formation ayant pour thème «Le jeune journaliste entre éthique et pratique». Ont pris part à cette journée, bon nombre de jeunes journalistes d'Essahafa et de La Presse. Ouvrant les travaux, M. Mansour M'Henni, p.-d.g. de la Snipe, a rappelé les orientations judicieuses du pays, s'agissant des secteurs de la communication et de l'information, soulignant le soutien et l'encouragement dont ils bénéficient au plus haut sommet de l'Etat, dans le droit fil d'une volonté politique qui ne cesse de parier sur le capital humain pour assurer au pays une place de choix dans le concert des nations. Il a, en outre, expliqué que cette journée de formation essaye de répondre aux besoins des jeunes journalistes en matière d'encadrement et d'accompagnement. Surtout que ces derniers seront appelés un jour ou l'autre à prendre la relève dans une logique de continuité et de complémentarité fondatrices entre les générations. Le responsable a, à cet égard, révélé l'intention de la Snipe de se doter d'un Centre de formation et d'études, capable de répondre à ses besoins spécifiques en formation pour les journalistes, les techniciens ou les administratifs : «On est déjà sur ce projet auquel on accorde une importance majeure, partant de notre conviction que le métier de journaliste consiste en un travail de longue haleine ainsi qu'en une incessante quête d'apprentissage, que l'on se doit d'entretenir autant que possible», a-t-il fait observer. Et d'expliquer que la journée vise aussi à identifier les futurs besoins en matière de formation, à promouvoir le journalisme d'investigation et à aider le jeune journaliste à concevoir son travail de façon à ce qu'il puisse être exploité par le site web du journal. Toucher le lecteur, susciter son intérêt Dans son intervention, Khaled Tebourbi, journaliste à La Presse, aujourd'hui à la retraite, ayant à son compte près de 45 ans dans le métier, a abordé la dualité de la pratique et de l'éthique, en proposant, comme illustration, la critique culturelle. Il a souligné que le métier de journaliste est à la fois fort et fragile. Fort de son impact sur les individus et les collectivités et de sa vocation humaniste et altruiste, vu que le journaliste pourrait être comparé à un «robin des bois», du fait de son engagement pour les valeurs universelles. Le métier est fragile, paradoxalement, pour les mêmes raisons, a fait remarquer l'orateur en précisant que cette caractéristique est due, entre autres, au fait, que le journaliste ne «vend» rien de concret. S'attardant sur l'état des lieux du secteur de la critique culturelle, le même intervenant a indiqué que le secteur est de plus en plus fragilisé de l'intérieur. Abondant dans le même sens, l'orateur a affirmé que la pratique dans le journalisme dépend des conditions et des situations. Et l'éthique en est fort tributaire. De là, le questionnement porté sur les possiblités d'une conciliation entre l'éthique et la pratique, dans l'objectif de véhiculer un discours médiatique satisfaisant et sur le plan personnel et sur le plan collectif. Si bien que la formation et l'acquisition d'une culture générale assez respectable est avant tout un effort personnel et une sorte d'apprentissage perpétuel. Il a, également, attiré l'attention sur la nécessité de maîtriser le sens des mots,vu que tout passe par la langue. Donc, l'impératif de s'exprimer dans une langue structurée, simple et compréhensible afin de toucher le lecteur et de susciter son intérêt. Et d'ajouter que s'il est un problème de divergence entre éthique et pratique à l'heure actuelle, il faudra se mettre soi-même en cause, avant de chercher certains boucs émissaires, en allusion au fait que la plus belle femme au monde ne peut donner que ce qu'elle a. Toujours est-il que le problème ne concerne pas les systèmes de gouvernance, mais plutôt, la professison elle-même du moment que certains perdent de vue l'essence des mots et ce pourquoi ils écrivent et pour qui ils écrivent. Khaled Tebourbi, a insisté sur la nécessité de la lecture, réalisant que celui qui lit beaucoup, écrit mieux. De surcroît, en revenant sur sa propre carrière dans le secteur de la critique, il a fait savoir que plus le temps avance, plus on a besoin d'une pause de méditation. «De la sorte, on apprend à prendre des distances pour mieux voir les choses». La leçon d'une démarche, étant de sensibiliser le jeune journaliste à l'importance de la persévérance, sans pour autant oublier que l'homme est un apprenti, le savoir est son maître. Discours de savoir S'agissant de la nature de la matière journalistique produite par nombre de journaux, le professeur Mohamed Mahjoub, directeur général du Centre national de la traduction et ancien membre du Conseil supérieur de la communication, a présenté une étude portant sur «L'analyse des contenus de quelques journaux tunisiens en l'espace d'une semaine». Il a fait remarquer que l'un des travers majeurs affectant la qualité des articles étudiés est avant tout la non-maîtrise des sujets abordés. D'où le recroquevillement des auteurs dans une langue emphatique faite de «phrases sans queue ni tête». Le professeur Mahjoub a ajouté, dans ce sens, qu'il est une obligation de faire la part des choses pour ne pas céder à la tentation de la facilité dans les écrits. Il faudrait, bien au contraire, développer un discours du savoir. A cet égard, M.Mahjoub a invité les journalistes à favoriser l'écriture réflexive et argumentée. «Travailler autant sur ce qu'on écrit que sur la manière dont on l'écrit est de tout temps une méthode efficace pour adresser à un lecteur en quête de savoir, un discours de savoir», a tranché le même intervenant. Ainsi, le journaliste est appelé à travailler son article conformément aux règles et critères de chaque genre journalistique. «C'est vers le message réflexif et méditatif que converge le secteur médiatique actuellement», a tranché le professeur Mahjoub, apostrophant l'assistance sur le vrai rôle du journaliste: «Serait-il un simple rapporteur d'informations ? Ou devrait-il formuler des réfexions et des prises de position aussi argumentées que fondées ?» Du reste, l'écriture journalistique a besoin de vitalité pour percer aupès de son lectorat. Sur ce, la formation serait un enjeu capital. Au fur et à mesure des travaux de cette journée, certains jeunes journalistes parmi l'assistance se sont exprimés avec un bon brin d'optimisme sur l'avenir du secteur et de l'institution dont ils font partie, en fonction d'une logique de dialogue de plus en plus de mise, laquelle permettrait de démystifier tout genre de difficulté. En clôturant les travaux, le président-directeur général de la Snipe a proposé la constitution d'un comité regroupant des jeunes journalistes de l'entreprise, (trois journalistes de La Presse et trois autres d'Essahafa), chargés de faire entendre la voix et les préoccupations de leurs collègues lors de réunions régulières avec le P.-d.g. Chose qui a été concrétisée séance tenante. Il a été, également, convenu de multiplier ce genre de rencontres et de les archiver.