Quatre jours après son naufrage à Dakar, l'Egypte joue — déjà ! — à quitte ou double Deux buts de Biram Diouf (17') et Sadio Mané (45') ont coulé samedi dernier à Dakar les Pharaons corps et biens. De quoi mettre l'entraîneur Chawky Gharib et sa bande sous pression, ce soir (19HT) au stade de la Défense aérienne devant 15 mille spectateurs. La Tunisie s'attend par conséquent à une réaction de la bête blessée. Une bête qui n'en perd pas pour autant sa dignité et sa fierté de septuple champion d'Afrique (1957, 1959, 1986, 1998, 2006, 2008 et 2010) en 22 phases finales auxquelles les footballeurs des bords du Nil ont participé. «Depuis notre retour de la capitale sénégalaise, on nous met un surcroît de pression au motif que le match contre la Tunisie sera une affaire de vie ou de mort, souligne le sélectionneur égyptien. Pourtant, je continue à croire que ce ne sera pas le cas quand bien même nous négocions une phase très délicate de reconstruction d'autant que nous ne disposons pas de beaucoup de temps. Il suffirait d'empocher les trois points contre la Tunisie pour se replacer sur orbite, surtout que nous pourrions enchaîner par deux victoires contre le Botswana», ajoute un Gharib fragilisé. La preuve ? Samedi soir, alors que la victoire des lions de la Teranga donnait au stade Léopold Sedar Senghor des tons irréels, il invitait les journalistes égyptiens à venir dans les vestiaires découvrir ce qu'il avait inscrit au tableau noir, et ses recommandations à ses joueurs. «Je reste le premier responsable, mais il faut admettre que j'ai insisté sur les percées par l'axe, sur le jeu en profondeur», relève-t-il. Comble de contrariété, le directeur administratif des Pharaons, Samir Adli, trouvera les portes des vestiaires fermées à clé, toute la délégation ayant déjà quitté les lieux. Le casse-tête du latéral gauche Guère convaincue par cet argumentaire, la presse du Caire n'a pas ménagé Chawky Gharib, coupable à ses yeux de choix discutables, dont la titularisation côté gauche de la défense d'Ahmed Fethi, un latéral droit ou joueur axial de métier qui n'avait jamais occupé un tel poste. Et qui se trouva comme par hasard à l'origine du deuxième but sénégalais. Pour toute défense, le manager technique avouera sa crainte d'aligner le seul spécialiste du poste, Sabri Rahil, en raison de son inexpérience, n'ayant participé à aucun match international officiel. Ce à quoi les observateurs rétorquent que Gharib aurait, néanmoins, «pris le risque», s'il s'agissait de titulariser Khaled Kamar et Ahmed Hamouchi qui comptaient zéro match international. Autre reproche : la confiance accordée à Ahmed Mohamedi (Hull City), Mohamed Nenni et Houssam Ghali, transparents à Dakar. Toutefois, faisant cause commune, toutes les parties se mobilisent pour le derby nord-africain : les leaders du groupe, Houssam Ghali, Hosni Abdrabbou et Ahmed Hassen, multiplient les réunions avec les joueurs dans un travail d'autosuggestion. «Il faut relever la tête dès ce soir contre les Aigles de Carthage, rien n'est perdu!», tentent-ils de se convaincre. En 4-4-2 ou 3-5-2 ? Conséquence : des remaniements sont attendus au niveau du onze rentrant. Ahmed Fethi reviendra côté droit de l'arrière-garde (sinon, au centre). Amrou Gamal et Ahmed Hassen Kouka occuperont les avant-postes alors qu'Ahmed Hijazi sera libero à la place de Chawky Saïd, le latéral gauche d'Ezzamelek, Ahmed Abdechafi, est hors concours, étant depuis quelques jours aux soins avec le médecin, Tarek Souleymane. L'Egypte a longtemps étudié le jeu de la Tunisie, l'entraîneur adjoint, Abdessatar Sabri, ayant decortiqué la stratégie de Leekens, lorsqu'il était venu à Monastir suivre le match Tunisie-Botswana (2-1). Pourtant, Gharib hésite toujours entre un 4-4-2 classique et un 3-5-2 qui a souvent montré ses limites. Mais les Pharaons, pourtant convaincus de manquer de rythme et d'énergie, espèrent trouver suffisamment de force mentale pour forcer le destin.