Au moment où Mehdi Jomâa réunit les bailleurs de fonds du monde entier et leur propose 22 grands projets à financer, l'Ugtt lui donne jusqu'à la fin de la semaine pour consentir des augmentations au profit des salariés de la fonction et du secteur publics Entre le gouvernement Jomaâ et l'Union générale tunisienne du travail (Ugtt), les rapports ne sont pas au beau fixe, dans la mesure où les syndicalistes sont déterminés vaille que vaille à ce que l'année 2014 ne connaisse pas le sort de l'année 2013, qui s'est écoulée sans qu'il y ait d'augmentations salariales. Plus encore, du côté de la place Mohamed-Ali, on est convaincu qu'il est inadmissible que les smigards et les salariés du secteur privé bénéficient de majorations salariales en 2014 (les accords étant déjà signés entre l'Ugtt et le gouvernement et l'Ugtt et l'Utica), alors que leurs collègues de la fonction et du secteur publics en seront privés. «Les choses sont actuellement au point mort. La récente rencontre Jomaâ-Abbassi n'a pas permis de débloquer la situation, puisque le gouvernement est toujours attaché à ce que les augmentations salariales au profit des salariés de la fonction et du secteur publics concernent l'année 2015 et non l'année 2014, invoquant les difficultés et la crise dans lesquelles se débat le pays. Nous avons donné au gouvernement un délai qui expire en fin de semaine pour qu'il révise sa position et accepte nos revendications», confie à La presse Sami Tahri, membre du bureau exécutif chargé de l'information. Les mouvements programmés La commission administrative nationale de l'Ugtt, tenue les 8 et 9 septembre, a été on ne peut plus claire et précise quant aux actions que les syndicalistes entreprendront au cas où le gouvernement persistait dans sa position. «Les secteurs concernés décideront eux-mêmes des mouvements à mettre en œuvre en cas de réponse négative de la part du gouvernement. Il est encore tôt d'annoncer la nature de ces mouvements. Il y aura sûrement des rassemblements de protestation, des grèves sectorielles et nous irons jusqu'aux grèves de groupements, ce qui équivaut à des grèves générales. Nous n'avons nullement l'intention de perturber le pays ou de torpiller l'action du gouvernement Jomaâ ainsi que ses plans de relance de l'économie que nous voudrions voir aboutir. Mais, à l'Ugtt, il n'est pas question que l'on brade les intérêts des travailleurs à un moment où les sacrifices doivent être équitablement partagés par tous les partenaires à la production», conclut le responsable syndical. La restructuration avant fin 2014 La réunion de la commission administrative a examiné également le projet de restructuration de l'Ugtt, que les syndicalistes attendent depuis décembre 2011, date de son approbation par le Congrès national de Tabarka, congrès au cours duquel a été élu le bureau exécutif actuel de l'Ugtt. «Le projet de restructuration de la centrale est fin prêt. Il a été examiné par les participants à la réunion, qui en ont salué la teneur. Il a été décidé que le projet sera soumis à la discussion des régions au sein de commissions administratives régionales. Une commission administrative nationale se tiendra plus tard pour l'adoption du projet à la lumière des propositions des régions. Avant fin décembre 2014, aura lieu le Conseil national de l'Ugtt (la deuxième instance de décision après le Congrès national) qui aura à avaliser définitivement le projet en question», révèle Sami Tahri. Il est à rappeler que l'opération de restructuration de l'Ugtt cherche à atteindre les quatre objectifs principaux suivants : D'abord, l'unification des secteurs similaires. Ensuite, la mise au point d'une formule pour la structuration des nouveaux secteurs (exemple : les centres d'appels) et les secteurs dits qualitatifs où le nombre des travailleurs est limité. Le troisième, l'association des femmes aux postes de décision (en adoptant le système des quotas). Le dernier objectif est de restructurer certains comités comme celui de la jeunesse travailleuse ou celui du contrôle financier, dans un sens qui permet de leur accorder davantage de prérogatives et d'indépendance lors de la prise de décisions.