Mehdi Jomâa prête une oreille attentive aux syndicalistes, bien que déterminés à satisfaire leur base La série de grèves qui ont paralysé le pays ces derniers jours, plus particulièrement le débrayage des transporteurs de carburants et la fermeture des recettes des finances, à travers l'ensemble du pays, semblent avoir poussé Mehdi Jomâa et le bureau exécutif de l'Ugtt à décider la réactivation de la commission commune de dialogue gouvernement - centrale syndicale. Dite la commission 7 + 7 (sept membres du gouvernement et sept membres parmi le bureau exécutif de l'Ugtt), elle a été instituée lors du gouvernement Hamadi Jebali et a tenu quelques réunions sans plus. « Malheureusement, précise à La Presse une source syndicale, avec le gouvernement Laârayedh, les travaux de la commission ont été bloqués et on s'est retrouvé confrontés à des ministres qui refusaient l'application des accords syndicaux conclus par leurs prédécesseurs ». S'agit-il d'un mécanisme qui a pour objectif l'apaisement social auquel appelle Mehdi Jomâa depuis sa prise de fonctions le 29 janvier dernier ? « Au sein de l'Ugtt, il n'est question ni d'apaisement ni de trêve sociale. L'essentiel pour nous est d'appliquer les accords déjà signés d'une part et d'entamer, d'autre part, un nouveau round de négociations sociales visant à parvenir à des augmentations salariales au profit des salariés de la fonction et du secteur publics. Pour le moment, il est question d'inciter le gouvernement à décider l'augmentation du Smig et du Smag. Les autres secteurs suivront normalement. Nous estimons que nous avons déjà consenti les sacrifices nécessaires en acceptant que l'année 2013 passe sans augmentations salariales », ajoute la même source. A la question de savoir comment fonctionnera la commission commune de dialogue gouvernement - Ugtt, notre interlocuteur précise : « La commission que nous considérons comme un mécanisme susceptible d'éviter les erreurs du passé et de renforcer la confiance entre le gouvernement et l'Ugtt tiendra, en principe, sa première réunion vendredi prochain. Son ordre du jour sera fixé en partenariat avec le gouvernement à la lumière de l'évolution des questions en suspens ». Nous attendons un geste du gouvernement Pour ce qui est du retour aux négociations sociales dans le secteur privé, on apprend que l'Ugtt et l'Utica se sont déjà mises à l'œuvre. « Nous avons formé une commission bilatérale (Ugtt-Utica) qui a tenu quelques réunions. Elle tiendra une rencontre, mercredi prochain, en vue de convenir sur les conditions et la date de démarrage des négociations dans le secteur privé ». Et si les rapports Ugtt-gouvernement et Ugtt-Utica sont sur la voie de connaître un nouveau démarrage contrairement aux problèmes que les syndicalistes ont vécus, plus particulièrement avec certains ministres du gouvernement de la Troïka II lors de ces dernières semaines (transport, santé, enseignement supérieur, etc.), il reste malheureusement que la situation actuelle n'est pas tout aussi reluisante. Ainsi, les recettes des finances sont toujours fermées en dépit de l'accord annoncé mercredi 12 mars par la partie syndicale: « Oui, nous sommes parvenus à un accord avec le ministère des Finances et nous avons appelé les agents à rejoindre leurs postes. Malheureusement, ils ont fait la sourde oreille à notre appel ». Y a-t-il une explication plausible à cette attitude dont le citoyen est le premier à en payer le prix puisque beaucoup d'usagers n'ont pas manqué d'exprimer leur colère face à cette grève interminable. Notre source syndicale considère que deux facteurs expliquent la situation actuelle : « D'abord, plusieurs syndicalistes ont perdu confiance en la négociation sociale dans la mesure où pratiquement tous les accords déjà conclus sont restés jusqu'ici lettre morte. Ensuite, il existe plusieurs parties intruses dans l'action syndicale qui mettent en cause l'action entreprise par l'Ugtt. Et elles sont soutenues par certaines parties politiques et dans l'administration. Au sein de l'Ugtt, nous appelons le gouvernement Jomâa à faire un geste et à prendre la décision de mettre immédiatement en application l'accord conclu. Ce sera un signal fort aussi bien pour les agents des finances que pour le citoyen lui-même ». Il est à préciser que Hassine Abassi, S.G de l'Ugtt, a déclaré, mercredi dernier, à l'issue de la réunion du bureau exécutif avec Mehdi Jomâa, qu'«il a été convenu de réviser le Smig et de poursuivre le dialogue sur la situation économique, sécuritaire et sociale ». Quant à Nidhal Ouerfelli, porte-parole du gouvernement, il a affirmé que des séances de négociations se tiendront prochainement pour fixer le montant de l'augmentation du Smig.