Par Abdelhamid Gmati On entame la dernière ligne droite avant les prochaines élections législatives, prévues, faut-il le rappeler, le 26 octobre prochain. L'Isie a procédé, la semaine dernière, à l'examen des listes de candidature pour ces élections et 192 listes ont été rejetées, 1.316 ayant été retenues. Dans l'un et l'autre cas, cela fait beaucoup et même trop. Les listes rejetées prouvent que les tentatives de fraude existent. Et on apprend aussi qu'un candidat sur une liste indépendante à Sidi Bouzid a été arrêté par les forces de sécurité, pour son appartenance à un mouvement salafiste extrémiste soupçonné de divers méfaits. Est-on sûr que tous ces candidats sont au-dessus de tout soupçon ? On déplorera, encore une fois, que l'Isie ait renoncé à la présentation du bulletin de bonne conduite. On s'interrogera aussi sur le fait que 300.000 Tunisiens, en âge de voter, ne possèdent pas de carte d'identité nationale. Comment ont-ils pu obtenir des documents administratifs essentiels et accéder à des services administratifs sans ce sésame ? Autant d'électeurs qui feront défection et laisseront aux autres le soin de décider de leur avenir sans y contribuer et sans bénéficier d'un droit important. L'Isie devait, hier, parachever la composition de ses 60.000 agents aux bureaux de vote. Espérons que, là aussi, l'honnêteté et la transparence seront de rigueur. Depuis le 6 juillet dernier, nous nous trouvons en période de campagne préélectorale, la campagne en elle-même interviendra le 4 octobre et s'étendra jusqu'au 24 octobre. On aura remarqué que, depuis ce 6 juillet, les médias invitent divers candidats indépendants ou appartenant à des partis. Et il n'est pas évident que le pluralisme et l'égalité entre tous soient évidents, certaines personnalités intervenant plus souvent que d'autres, et il y en a d'autres qu'on ne voit pas souvent ou pas du tout. De plus, certaines réunions sont largement couvertes, comme la dernière réunion du Conseil de la Choura du mouvement Ennahdha, suivie pratiquement dans le détail par la Watania 1, alors que d'autres sont pratiquement ignorées et ne font l'objet, au mieux, que d'un simple communiqué. Il faut dire que tous ces intervenants ne développent pas de programmes cohérents ou de propositions concernant les problèmes du pays. Il s'agit souvent d'escarmouches, d'attaques personnelles, d'accusations ou à la limite de promesses farfelues, telles celles du mouvement Al Mahabba qui ouvre des perspectives financières et matérielles paradisiaques devant les Tunisiens. Ce qui, d'ailleurs, a fait réagir le Syndicat des journalistes (Snjt) qui condamne les pratiques de certains médias « qui ont versé dans l'insulte, l'injure, la diffamation et la publication d'informations mensongères ». Et c'est ce qui a amené certaines personnalités à porter plainte contre des médias et animateurs d'émissions. Ce flou et ces partis pris de la part de certains médias sont amenés à prendre fin à partir de demain. L'Isie a, en effet, communiqué que les enregistrements des émissions dans le cadre du programme «Expression directe» à la Télévision tunisienne commenceront demain à partir de 9 heures. Ce, conformément aux résultats du tirage au sort qui devait avoir lieu hier au Palais des congrès à Tunis. Acceptons-en le bon augure et espérons que la transparence et l'équité seront de rigueur. Mentionnons enfin un certain débat des derniers jours, concernant la situation du président provisoire de la République et du président de l'ANC. Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfer ont été proposés par leurs partis respectifs comme candidats à la présidentielle. Officiellement, ils n'ont pas encore présenté leur candidature mais il serait étonnant qu'ils y renoncent, les ambitions personnelles de l'un et de l'autre étant connues. D'aucuns ont demandé qu'ils démissionnent avant la campagne électorale par équité et pour être sûr qu'ils n'utiliseront pas les moyens de leurs fonctions actuelles pour leurs campagnes. Sur le plan moral, cela se justifierait. D'autant que Ben Jaâfer avait annoncé sa démission en mai dernier. Mais il semble que ni l'un ni l'autre n'ont l'intention de quitter leurs postes. Il est vrai que « rien dans les textes de loi ni dans les dispositions transitoires de la Constitution » ne les oblige à le faire. Espérons donc qu'ils feront preuve de transparence et de respect envers les autres au cours de leurs prochaines activités électorales. Tout cela ne nous tranquillise pas quant à la transparence des prochaines élections. Même si des centaines d'observateurs étrangers viendront superviser les scrutins.