L'ultime et décisif assaut sur les étals anarchiques ceinturant le marché municipal de la cité des roses serait imminent. Mais, à quel prix ? Le commerce parallèle a été, et est encore, la bête noire de la municipalité de l'Ariana qui a vainement tenté durant la dernière décennie de l'éradiquer. C'est que ce phénomène — il en est vraiment un — a la peau dure et une extraordinaire capacité de surpassement. Au point que, dès qu'on les délogeait, les étals anarchiques «s'empressaient», parfois quelques heures seulement après, de revenir à la change, en se réimplantant là où ils élisaient domicile. Ce phénomène allait devenir, au lendemain de la révolution, un vrai casse-tête, en atteignant des dimensions autrement plus dangereuses, voire plus dramatiques. Dans de précédents articles, nous avions suivi, de très près, l'évolution de la partie entre le chat et la souris que livrait la mairie locale contre le commerce parallèle. Aujourd'hui, on peut dire que les propriétaires des étals anarchiques mènent largement au score, la municipalité semblant avoir perdu la partie par abandon. Deux preuves l'attestent : - Primo : ces étals sont encore étonnamment là, ceinturant le marché municipal de la ville jusqu'à l'asphyxie, portant atteinte au volet environnemental et défiant loi et autorités. - Secundo : l'Hôtel de Ville a beau dépenser quelque 250 mille dinars pour l'aménagement d'un nouveau site en bonne et due forme au profit du commerce parallèle, rien n'y fit. Serait-ce la fin du cauchemar C'est sans doute pour vaincre la passivité qui perdure des autorités locales et régionales que les commerçants exerçant légalement au marché municipal, ayant liquidé leurs ultimes réserves de patience, sont passés à la contre-offensive, d'abord en fermant boutique, et ensuite en organisant récemment un bruyant sit-in devant le siège du gouvernorat. Un seul mot d'ordre : ou eux (les étals anarchiques) ou le chômage pour nous et la famine pour nos familles! Et le poisson de mordre enfin à l'hameçon, puisque les dernières nouvelles font état d'un réveil de conscience des autorités locales et régionales qui ont enfin décidé de prendre le taureau par les cornes, en mettant au point un plan d'action qu'on dit audacieux. En effet, sa première étape consiste à lancer un ultime avertissement aux propriétaires des étals anarchiques, la deuxième à en arrêter les plus dangereux d'entre eux, avant de passer à la troisième et ultime phase. Celle-ci s'annonce musclée, sous forme d'un raid ravageur sur ces étals qui seront «déracinés» grâce au concours de la police et des bulldozers de la municipalité. Méfiance Il va sans dire qu'un raid de cette ampleur ne sera pas de tout repos. D'abord, parce que deux sur trois «ultras» du commerce parallèle sont connus, à l'Ariana, pour leurs antécédents judiciaires et pour la facilité et les menaces avec lesquelles ils sèment le désordre public à la moindre alerte. Ensuite, parce que les étals anarchiques ont profité de cet étrange cavalier seul pour gagner encore du terrain. Soit deux corvées potentielles d'une rare lourdeur, d'où la question de savoir si la grande «bataille du marché municipal» aura lieu. Le cas échéant, on n'en compterait pas les dégâts et le prix. Faudra-t-il alors aller en guerre à ses risques et périls, pourvu que la crédibilité et l'autorité de l'Etat soient respectées ?