Les dirigeants du parti Afek Tounès ont présenté, hier à Tunis, leur programme électoral, lors d'un point de presse. Ce programme résume les axes majeurs d'une vision socioéconomique d'une Tunisie nouvelle. Le point de presse a débuté avec une projection donnant un aperçu sur la genèse du programme. En effet, le parti avait, en 2011, dessiné les grandes lignes d'une vision progressiste de la Tunisie post-révolutionnaire, une vision qui se résumait en 200 points. En 2014, les quinze commissions formant le laboratoire socioéconomique se sont activées pour l'élaboration d'un programme gouvernemental, à même de répondre aux exigences des Tunisiens. Prenant la parole, M. Riadh Moakher, tête de liste sur Tunis 2, a présenté les quatre axes du programme, à savoir la réinstauration du concept de citoyenneté, la réhabilitation du principe de solidarité sociale, la reconstitution de l'Etat et l'identification de ses rôles ainsi que le retour de l'essor économique. Réhabiliter l'éducation et la santé La réinstauration du principe et de l'esprit citoyen passe par la mise à la disposition des Tunisiens d'un ensemble de droits légitimes à travers des prestations de qualité, accompagnant le citoyen dans son parcours vers l'autonomie, la productivité et l'épanouissement. L'éducation constitue le principal pilier de cette chaîne de services. « L'enseignement n'est plus gratuit, en vérité. Il coûte beaucoup à la famille tunisienne. Nous devons réviser le système de l'enseignement en offrant aux élèves et aux étudiants la possibilité d'évoluer et d'être évalués », indique M. Yassine Brahim. Le parti propose d'accorder aux étudiants des appuis financiers pour terminer leurs études ou encore monter des projets et embrasser ainsi la vie active en toute confiance. La citoyenneté implique, par ailleurs, un climat idéologique équilibré et rassurant, qui tient compte des valeurs universelles de la spiritualité, de la culture et du bien-être. Le bien-être social se trouve étroitement lié à la cohésion sociale et à l'équité socio-économique. C'est pourquoi miser, entre autres, sur la solidarité en tant que pivot socioéconomique ne peut être que rentable sur tous les plans. Afek Tounès accorde, dans son programme, une grande importance à la réinsertion des marginalisés dans le processus socioéconomique. Les démunis, les chômeurs, les personnes en situation de handicap, mais aussi les délinquants font partie intégrante de notre société. Leur implication dans la dynamique économique réduirait nettement et efficacement le taux de pauvreté qui se situe, actuellement, à 15%. L'approche de solidarité inclurait le secteur informel qu'il est temps de prendre au sérieux et de réglementer. Par ailleurs, consolider la société civile dans le sens large du terme, grâce à l'option pour le système Open data afin de garantir aux Tunisiens un accès infaillible aux données publiques. L'économie solidaire devrait, par ailleurs, aller de pair avec le développement durable, en misant sur l'écotechnologie et l'écoservice. Reconstruction de l'Etat et équité fiscale Rétablir l'Etat en tant que symbole d'appartenance, de force commune et en tant que services vitaux représente une étape fondamentale dans la reconstruction de la Tunisie. Un Etat fort, convaincant car capable de faire face au terrorisme, à la corruption et de garantir aux citoyens la sécurité. Le parti Afek Tounès envisage, en effet, de veiller sur l'amélioration des conditions de vie des forces de l'ordre et le renforcement du système de sécurité nationale pour passer de 35 mille agents militaires à 70 mille, à l'horizon 2019. Restituer l'Etat nécessite tout un travail pour la modernisation et l'informatisation de l'administration afin que celle-ci puisse répondre favorablement aux attentes des citoyens et des institutions. Le programme d'Afek Tounès consacre la part de lion au volet économique. Un choix forcé vu les difficultés économiques caractéristiques de la phase transitionnelle. Comment répartir du bon pied ? Comment regagner la confiance des investisseurs étrangers et reconquérir les marchés internationaux ? « La Tunisie doit être ouverte aux autres civilisations et savoir accueillir aussi bien les touristes que les investisseurs étrangers », souligne M. Brahim. La Tunisie devrait pour cela exploiter positivement sa place stratégique dans la région euroméditerranéenne. Le parti compte établir un accord de libre échange avec les USA en vue d'ouvrir de nouveaux horizons économiques. Parallèlement, notre pays doit tabler sur la recherche et sur l'innovation en tant que moteurs de croissance et moderniser les secteurs de l'agriculture et du tourisme pour une meilleure rentabilité économique. S'agissant du secteur bancaire et fiscal, Afek Tounès prévoit la restructuration du système afin de le rendre plus concurrentiel et plus performant. Il conviendrait, de ce fait, de veiller sur « la dynamisation du capital investissement et de la microfinance, la rationalisation de la gestion de la liquidité globale du système bancaire, l'atténuation du déficit de l'assurance automobile, la dynamisation des marchés des capitaux et le renforcement du rôle des marchés obligataires ». Autre point : l'instauration de nouveaux mécanismes d'incitation fiscale et non fiscale pour séduire les investisseurs et créer de nouveaux statuts dont celui d'autoentrepreneur et de très petites entreprises (TPE), lesquels bénéficieront d'un système fiscal simplifié et équitable.