Depuis une semaine, une vidéo parodiant une fameuse émission de télé-réalité tunisienne fait le tour des réseaux sociaux. A la réalisation l'on retrouve Hind Boujemaâ qui en cosigne également, avec le réalisateur Sami Tlili, le scénario. L'actrice Najoua Zouhair y joue le rôle de la femme battue, invitée par son mari-bourreau, dans l'émission «Adhreb feddar wesmah fel talvza» (Les coups à la maison, le pardon sur les plateaux), accompagnée de Néjib Belkadhi dans le rôle de l'animateur de télévision. Une image en noir et blanc d'Amine Messaâ, révélant un décor improvisé suggérant l'émission en question avec quelques spectateurs et le coin rideau. La femme désemparée (qui porte les fraîches séquelles de la violence de son mari), placée au milieu de tout ce beau monde, se retrouve face à l'ombre du mari qui surgit derrière le rideau. L'animateur la harcèle de questions et invoque de futiles excuses (dont l'absurdité nous arrache d'amers sourires) pour justifier la violence de son conjoint. L'affaire est vite réglée et la femme, que l'on n'écoute même pas, est priée de lui pardonner. Le scénario reflète malheureusement une grande part de réalité liée à cette banalisation affligeante, dans notre société, de la violence conjugale. Une action citoyenne dans laquelle des artistes et cinéastes tunisiens s'inscrivent, et lorsque les artistes s'associent à ce genre d'action, le résultat est plus qu'efficace. Car quand c'est bien écrit, conçu, joué et filmé, le message passe comme une lettre à la poste et quand l'esthétique de l'image vient s'ajouter à l'ensemble, on est devant un petit court métrage, plus qu'un spot de sensibilisation. Cette vidéo s'inscrit dans le cadre de la campagne de lutte contre les violences faites aux femmes et leur banalisation, lancée depuis lundi 15 septembre 2014 par l'association Beity. Cette campagne se poursuit avec d'autres vidéos qui suivront. Rappelons que l'association Beity, fondée en 2012 et présidée par la juriste Sana Ben Achour, ancienne présidente de l'Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), vient en aide aux femmes vulnérables et marginalisées en leur proposant même un lieu d'hébergement provisoire.