La 9e édition de Mûsîqât a démarré jeudi, avec un maître dont la musique réduit les distances et rapproche les peuples Il a beau avoir écrit des pièces instrumentales modernes et des concertos pour violon, cello et autre clarinette, c'est dans le classique iranien qu'il s'exprime le mieux et qu'il touche le plus. Avant-hier, il en a donné la preuve à Ennejma Ezzahra lors du récital qu'il a donné avec son ensemble, en ouverture de la 9e session de Mûsîqât. Un choix heureux Accompagné d'un «takht» (orchestre réduit), Majid Derakhshani — c'est de lui qu'il s'agit — a baladé la nombreuse assistance à travers des airs et des «wassla» (suites) tantôt langoureux, tantôt à la rythmique relevée, où le chant (une seule cantatrice), parcimonieusement réparti, mettait en exergue, selon les morceaux, complaintes ou invocations, complétant à merveille naï (flûte), rabab cithare, percussion et târ (instrument à cordes pincées) dont Derakhshani est un maître connu et reconnu, autant en Iran qu'ailleurs. Résolument persanes, les pièces qui nous ont été proposées n'étaient pourtant pas sans nous rappeler des sonorités et des rythmes de la musique orientale et même tunisienne. En effet, on avait parfois l'impression d'écouter un «mawal», un «mouwachah» ou un air de notre immuable «malouf». Plus même, l'ensemble de ce musicien flirtait, en dépit d'une authenticité avérée, avec la musique occidentale moderne, comme ce fut le cas lors du dialogue entre Majid Derakhshani et son percussionniste, ce dernier transformant son instrument en une véritable batterie. Cela explique la réputation de l'invité iranien en tant que maître de la musique classique iranienne revisitée et agrémentée de touches modernes. Cela justifie surtout qu'on ait opté pour son récital en tant que spectacle d'ouverture d'une manifestation qui se veut une mosaïque des musiques savantes, ou du moins élaborées, d'ici et du monde, tellement il nous a laissé le sentiment que ce que nous avons eu à écouter réduisait les distances et rapprochait les peuples par des mélodies, certes, ancrées dans le classique persan, mais coloriées de sonorités venues d'autres contrées. Nous ne terminerons pas sans relever l'excellente performance de la cantatrice et des instrumentistes auxquels le maître a réservé de généreux solos pour exprimer leur talent, à la satisfaction du nombreux public présent. Merci Majid Derakhshani.