Le livre qui vient de lui être consacré est un recueil des derniers articles que lui ont consacrés journalistes, critiques d'art et amis. Pendant longtemps, elle fut la seule à s'appeler Shasha, nom emblématique de cette femme pas comme les autres dont la personnalité fascinait tous ceux qui l'approchaient. Shasha Guiga était peintre avant toute chose, et son rôle social d'épouse d'un des plus grands commis de l'Etat passait souvent au second plan. Que de réceptions officielles n'a-t-elle manquées parce qu'elle n'arrivait pas à terminer un tableau engagé, de voyages officiels refusés pour respecter les délais d'une exposition, de dîners occultés pour visiter l'atelier d'un de ses amis artistes. On ne lui en voulait pas. Et l'on donna son prénom à de nombreuses petites filles. Retirée depuis longtemps à Hammamet, elle reçoit, dans son atelier, et dans son jardin, ses amis de toujours, toujours les mêmes, artistes, voyageurs, journalistes, esthètes, écrivains, qui évoquent avec elle le temps où Hammamet était le cœur de l'intelligentsia internationale, où tous les amis des arts devaient y faire leur voyage initiatique sur les traces de Sebastian, Henson, Gide, Givenchy, Hoenen Huengen, Man Ray, Béjart et autres grands noms d'une époque révolue. Epoque qu'elle aime faire revivre avec son talent et son humour de conteuse qu'elle sait être quand elle ne peint pas. Le livre qui vient de lui être consacré par les éditions MC, et que l'on ne peut que saluer en ces temps de disette d'éditions d'Art, les « Beaux livres » ayant semble-t-il cédé la place aux essais politiques, ce livre est un recueil des derniers articles que lui ont consacrés journalistes, critiques d'art et amis. On y reconnaît la signature de Lotfi Essid, Frédéric Mitterrand, Francis Spar. Je ne pécherais pas par modestie, mais je reprendrais quelques lignes du texte signé dans ce livre : « Etonnante Shasha qui a vécu plusieurs vies en une, qui a sillonné l'univers, qui a rencontré tous les grands du monde. De l'audacieuse étudiante algérienne qui n'hésitait pas à imposer ses goûts pour le dessin dans un milieu traditionnel, à la Tunisienne de cœur qui a pris ce pays à bras-le-corps et s'en est fait partie prenante, la vie et la carrière de Shasha Guiga ont été des plus denses et des plus fascinantes. Elle a, comme dans la chanson, visité l'Inde et la Chine, l'Amérique et l'Orient, elle a connu les rois, les princes, et ceux à qui leur art a donné de la majesté : Man Ray, De Chirico, Karl Appel, et tant d'autres. Ils se sont penchés sur son œuvre, l'ont conseillée, épaulée, soutenue... Elle a exposé au Musée d'Art Moderne, et au Grand Palais à Paris, au Palazzo Reale à Milan..., elle a décroché des prix, obtenu des récompenses, recueilli des distinctions. Et toujours, tout au long d'un parcours fascinant, d'une vie exceptionnellement remplie, en dépit de tous les aléas qui en sont les tributs, gardé le rire et la joie de vivre, la simplicité du cœur et la pureté de l'âme» Ce livre est un très bel hommage à une personnalité, un parcours, une carrière.