Avec une personnalité si charismatique, imposante et forte, l'artiste africain engagé Abou Diarra a abordé des thèmes touchants. Armé de sa musique et de ses instruments contre toute forme d'injustice et de discrimination, l'invité de Mûsîqât n'a laissé personne indifférent lors de son passage sur la scène du palais Ennejma Ezzahra Dans une ambiance chaude et électrique, le groupe d'Abou Diarra a donné un concert aux allures engagées mais aussi aux rythmes envoûtants. Un concert qui a abordé, pendant une heure et demie, des thèmes liés aux problèmes d'éducation, des enfants et de la pauvreté en Afrique, notamment au Mali. Surprenante prestation : des sonorités africaines endiablées, des instruments à cordes et à percussion typiquement africains, le groupe, au nombre de quatre, a joué de la bonne musique, vibrante et universelle. A l'apparition de l'artiste sur scène, un véritable moment de communion et d'entente s'est installé avec le public qui, dès les premières notes, s'est mis à applaudir et à chanter les refrains avec la troupe. L'artiste qui a revisité la majorité de son répertoire a été très généreux : des airs de culture ancestrale qui parlent de toute une civilisation, à l'instar de Sabou, Ségui, Djarabi et autres, notre chanteur a invité son auditoire à un monde fantastique, aux rythmes ponctués d'une musique jubilatoire. Avec sa voix forte, il a chanté la paix, le respect, la dignité et nous a raconté les coutumes et rituels du peuple africain. Il a d'ailleurs lancé un message à l'humanité entière qu'il a mis en exergue, par le biais de sa musique, son style unique en matière de recherche musicale et artistique. Un voyage culturel des chasseurs mandingues, les traditions des tribus, les origines des instruments de musique africaine, à l'instar du kamale ngoni (cithare malienne) et autres, nous ont été relatés en chansons. Abou Diarra, au parcours original et innovateur, accompagné de son instrument, nous a transportés, avec lui, dans un voyage dans le temps et dans l'espace, traversant les villages les plus reculés d'Afrique de l'Ouest. «Le ngoni est une harpe africaine qui peut être jouée comme une kora. Avant l'invention du kamele ngoni, il y avait le donso ngoni que les chasseurs du Mali utilisaient quand ils vont chercher de la nourriture pour leurs femmes et leurs enfants», nous a expliqué l'artiste quant à l'origine des instruments de musique en Afrique. Influencé par le blues, le jazz, le reggae, le groove, Abou Diarra brasse avec justesse les styles, explore des sonorités classiques et invente d'autres modernes dans un beau mixage. Tout au long du spectacle, le public enthousiaste et impressionné a accompagné au chant l'artiste dans «Fatanine», un titre qui désignait «la pauvreté», a dansé sur d'autres titres plus vibrants et a longtemps applaudi la troupe lors de chaque chanson. Une balade musicale nostalgique et tendre parfois, mouvementée et pleine d'énergie dans d'autres moments de la soirée, le spectacle était une réussite. Chapeau l'artiste mais aussi bravo aux trois musiciens de la troupe.