Il y a deux ans, il était l'invité du Festival International de Carthage. Tiken Jah Fakoly, la star du reggae, était de retour, vendredi dernier, cette fois à Hammamet : authentique, devant un public conquis ! On n'affichait pas complet, mais il y avait du monde ce soir-là. Le public était hétérogène, composé bien entendu d'une grande majorité de jeunes venus applaudir l'artiste au grand engagement panafricaniste et altermondialiste. Tiken Jah Fakoly est né à Odienné au nord-ouest de la Côte d'Ivoire. Avec plus de quinze ans de carrière et une dizaine d'albums à son actif, l'artiste de 46 ans est très engagé en faveur de l'unité africaine. Dans ses morceaux, il descend en flammes les disparités Nord-Sud, la «Françafrique» et les dictatures africaines. Il s'est fixé pour mission d' «éveiller des consciences» à travers des chansons qui parlent des injustices que subit la population de son pays d'origine, mais aussi et surtout le peuple africain. Son combat pour la démocratie en Côte d'Ivoire lui a valu des menaces de mort. D'où son choix de s'exiler au Mali de 2003 jusqu'en 2011. Même après l'arrivée au pouvoir du président Alassane Ouattara et l'apaisement des tensions, il a décidé de continuer à vivre à Bamako, en guise de soutien au peuple malien dont le pays traverse de dangereux bouleversements politiques. Sur la scène de Hammamet, l'artiste a réitéré son grand engagement panafricain à travers des morceaux de son dernier album, « Dernier appel» (sortie mondiale le 2 juin 2014). Il était accompagné sur scène de 2 choristes habillées aux couleurs de notre Afrique et de 9 musiciens avec une riche distribution: batterie, saxophone, trombone, guitares, avec l'ajout d'instruments de la région mandingue, qui a inspiré son nouveau disque, à l'instar de la kora et le ngoni. C'est dans son studio d'enregistrement à Bamako qu'il a enregistré son nouvel opus : il appelle l'Afrique à décoller, à mettre en valeur ses richesses humaines et naturelles, en tournant le dos aux guerres. C'est un message d'espoir que l'artiste engagé a adressé au peuple tunisien et à tous les peuples d'Afrique, appelant à l'unité «sans laquelle rien n'est possible», et ce, à travers des titres comme «Dakoro», «Quand l'Afrique va se réveiller», «Pauvre et Riche»... Et le public de répondre en dansant et en sautillant, emporté pendant près de deux heures par les rythmes du reggae, superbement enveloppé par des sonorités mandingues. L'artiste offre quelques anciens morceaux, à l'instar de «Mama Africa», «Africain à Paris»... «Notre continent est riche. C'est à nous de faire bouger les choses», lance l'artiste en quittant la scène.