Damasquiner, c'est incruster par modelage des fils d'argent sur du cuivre. C'est difficile pour un profane, mais pas pour Mohamed Najjar, le seul artisan de métier en damasquinage en Tunisie. D'ailleurs, ses efforts ont été couronnés par plusieurs prix à l'échelle nationale. Il était dans sa boutique située au souk Blaghjia par cette matinée du mois d'octobre en train de travailler sur un coffre à bijoux. Une discussion à bâtons rompus a été engagée avec cet artiste kairouanais de talent, spécialisé dans le damasquinage, un art si noble et si intéressant, mais, hélas, qui est en voie de disparition et auquel beaucoup de jeunes peuvent s'adonner s'ils sont pourvus de facultés artistiques et artisanales indéniables. Quand il était jeune, Si Mohamed n'aimait pas beaucoup les études. Seule la géométrie l'intéressait. En quittant l'école, il voulait faire du damasquinage son métier. Il emprunta cinq dinars à son père, acheta de la tôle et quelques mètres de fil d'argent. Il commença par faire de petits cendriers qu'il vendait, par la suite à des commerçants de Tunis. Il ne mit pas longtemps pour adapter ses rêves à sa nouvelle vie. Au bout d'un certain temps, il loua une boutique et ce fut comme un triomphe; «C'était agréable pour moi de me trouver, seul, mon outil à la main, afin d'en faire sortir, selon mon goût et mon plaisir, une carabine ancienne incrustée d'argent, une assiette, une broche, un vase ou un cadenas ancien... la seule chose que je souhaite, c'est que ce je fais puisse durer après moi car le temps, long ou court, n'est que le temps», explique M. Najjar. D'ailleurs, vu la cherté de la matière première et la diminution des arrivées de touristes, il a dû se convertir en aiguiseur de couteaux tout en continuant d'exercer l'art du damasquinage, mais seulement sur commande. «J'ai essayé à maintes reprises d'encadrer de jeunes apprentis pour qu'ils s'initient au damasquinage; seulement, ils s'en vont au bout d'une quinzaine de jours, faute de patience et d'application. Et puis, c'est un art qui demande beaucoup de patience, de précision, de temps, une bonne condition physique et une excellente vue». La kessa kairouanaise, toujours appréciée Avec ses 28.000 artisans opérant dans les différentes spécialités (tissage, broderie, damasquinage, pâtisserie, argenterie, cuivre, bois, cuir, ferronnerie d'art...) et ses 23.000 artisanes exerçant dans le tissage manuel du tapis, Kairouan est réputée pour son artisanat authentique. Et parmi les articles prisés par les nombreux hôtes de la capitale aghlabide, figurent les makroudhs, les tapis, les récipients en cuivre, le pain sinya et les fameuses kessas «gants de toilette» bien connues des habitués du hammam, tissées à la main à partir de poils de dromadaire ou de chèvre et qui ne rétrécissent pas. Notons que la plupart des motifs sont inspirés de la Grande Mosquée et du tapis traditionnel. Et les prix varient de 1,500 à 5d. Certaines futures mariées demandent aux artisans de leur broder leurs noms et ceux de leurs époux. Ainsi, elles pourront orner leurs trousseaux avec de jolies kessas brodées avec du fil de coton de couleur rouge, bleue, rose, mauve et verte. Restauration des remparts Cernant la vieille ville et étant flanqués de 7 portes, les remparts de Kairouan, dont la longueur dépasse 3,2 km, datent du XVIIIe siècle et font l'objet d'un entretien continu dû à la nature même des matériaux utilisés. En effet, malgré la grande épaisseur des murs de ce monument, les constructions sont faites en briques, ce qui offre une matière friable et très sensible aux intempéries et à la montée capillaire. De ce fait, les institutions du patrimoine font de sa restauration une priorité permanente, d'autant plus que les remparts constituent le cordon sanitaire qui permet de contenir le débordement des constructions, modernes à l'intérieur de la médina. C'est d'ailleurs dans ce contexte que l'INP vient de procéder à une intervention d'urgence au niveau des remparts, et ce, au niveau de leurs terrasses, en bouchant notamment les fissures, en enlevant les végétations nuisibles et en restaurant les descentes des eaux afin de parer à d'éventuels dégâts surtout en période hivernale.