Damasquiner, c'est incruster par martelage des fils d'argent sur du cuivre. C'est difficile pour un profane, mais pas pour Mohamed Najjar, le seul artisan de métier en damasquinage. D'ailleurs, ses efforts ont été couronnés par plusieurs prix à l'échelle régionale et nationale. Il était dans sa boutique située au souk «Blaghjia» par cette matinée du mois de juin, en train de travailler sur un plateau en cuivre. Une discussion à bâtons rompus a été engagée avec cet artiste kairounais de talent, spécialisé dans le damasquinage, un art si noble et si intéressant, mais, qui est hélas en voie de disparition et auquel beaucoup de jeunes peuvent s'adonner s'ils sont pourvus de facultés artistiques et artisanales indéniables. «Il est agréable pour moi de me trouver seul, mon outil à la main, afin d'en faire sortir, selon mon goût et mon plaisir, une carabine ancienne incrustée d'argent, un plateau, une assiette, une broche, un vase, un coffre à bijoux ou un cadenas ancien…Les petits coups de marteau sont comme les palpitations de mon cœur. Je vis de ce petit bruit et je me réjouis de sa régularité… Cependant, chaque fois que je commence une nouvelle œuvre, une inquiétude, que je ne peux vaincre, me retient, un peu craintif devant tout le matériel, puisque je veux toujours créer de nouvelles choses… La seule chose que je souhaite, c'est que ce que je fais là puisse durer après moi…», explique Mohamed Najjar. D'ailleurs, ajoute-t-il : «A maintes reprises, j'ai essayé d'encadrer de jeunes apprentis pour qu'ils s'initient au damasquinage, seulement, ils s'en vont au bout de 20 jours, faute de patience, de courage et d'application…».