Parmi les nombreux articles artisanaux prisés par les nombreux hôtes de la capitale aghlabide, figurent les fameuses kessas (gants de toilette) bien connues des habitués du hammam, tissées à la main à partir de poils de dromadaire ou de chèvre et qui ne retrécissent pas. Am Ameur Ben Saïd Ayed (88 ans) fait partie des artisans qui se sont spécialisés d'abord dans la confection puis dans la broderie des kessas. Malgré son âge avancé, il fait preuve d'un dynamisme extraordinaire et sait vanter la qualité de sa marchandise en silence. Cet artisan réputé ne révèlera pas les secrets de son travail, mais il vous servira avec le sourire. D'ailleurs, sa modeste boutique, située au souk Jraba, connaît du succès et draine chaque jour de nombreux clients, surtout de futures mariées désireuses d'orner leurs trousseaux avec de jolies kessas brodées avec du fil de coton rouge, bleu, rose, mauve et vert. «La plupart de mes motifs sont inspirés de la Grande mosquée et du tapis kairouanais. Certaines clientes me demandent de broder leur nom et celui de leur époux. En général, je brode un gant par jour dont le prix varie de 1,500d à 5d. Lorsque je suis bien inspiré et de bonne humeur, il m'arrive de faire des motifs où j'utilise toutes les ressources de mon imagination... En outre, je préfère travailler seul pour mieux me concentrer, la main-d'œuvre étant de plus en plus chère. En fait, je suis fier de perpétrer une tradition qui se transmet au fil des générations...», nous confie Am Ameur, qui n'arrête pas de fumer, ignorant les méfaits du tabac sur sa santé. «Il ne me reste pas beaucoup de temps à vivre, alors je préfère ne me priver de rien, surtout que je vais rejoindre bientôt les adhérents au club des 90 !», nous lance-t-il.