Par Jawhar CHATTY Le porte-parole du département d'Etat américain a puisé dans la condamnation du dénommé Fahem Boukaddous par la justice tunisienne un argument pour déplorer «un recul des libertés politiques en Tunisie». Cette position ne saurait être admise à juste titre pour une raison simple. M. Boukaddous n'a pas été sanctionné par la justice tunisienne pour avoir exprimé une idée ou une position quelconque comme le voudraient le faire croire lui-même et les détracteurs de la Tunisie, mais pour s'être rendu coupable d'une infraction de droit commun qui tombe, dans tous les pays, sous le coup de la loi. En l'occurrence, sa participation à des actes criminels. L'enquête judiciaire a, en effet, démontré que l'intéressé a participé, dans le cadre d'une alliance criminelle, à la préparation des outils matériels nécessaires à l'accomplissement d'agressions contre les personnes et les biens, outre l'incitation à la désobéissance civile et à l'affrontement avec les forces de l'ordre. Notre stupéfaction face à de tels propos qui dénotent un manque de discernement dans la vérification des informations est d'autant plus grande qu'ils émanent d'un porte-parole officiel d'un pays ami. Dans un Etat de droit soumis exclusivement à la loi et où nul ne peut se prévaloir d'une quelconque qualité pour se placer au-dessus de la loi, il est tout à fait normal que les violences commises par l'intéressé (établissement de barrages sur les routes et les voies ferrées pour bloquer la libre circulation, agressions contre les forces de sécurité), soient sanctionnées par la justice sous peine d'anarchie. Cette décision prise souverainement par la justice tunisienne montre, si besoin est, son indépendance et son souci de traiter de façon égalitaire tous les justiciables quelles qu'aient été leurs qualités. Confondre une décision de justice avec le «recul des libertés» revient à faire obstruction au fonctionnement de la justice à agir avec sélectivité, ce qui est tout à fait le contraire de ce qu'une démocratie, un Etat de droit, doit favoriser : la liberté d'expression, la souveraineté de la justice, l'égalité de tous devant la loi. Une analyse objective et sans jugement de valeurs du climat général des libertés qui règne en Tunisie ne peut que mettre en évidence les vastes espaces de liberté, de respect d'autrui, de débat contradictoire, de liberté d'opinion qui caractérisent le paysage socioculturel en Tunisie, pays dont les traditions médiatiques remontent à plus de deux siècles et où le Tunisien est rebelle à tout endoctrinement. Que ceux qui s'inquiètent pour la liberté d'expression en Tunisie se rassurent : elle existe. Elle fonctionne en toute visibilité et en toute transparence. Il s'agit d'une réalité tout court. Prétendre le contraire, revient à insulter l'intelligence d'un peuple, un peuple intelligent, tolérant, ouvert et avisé. Un peuple profondément attaché au projet civilisationnel de son Président, fier de son histoire et de son identité, résolument tourné vers l'avenir et déterminé à relever les défis.