Tout porte à croire que si, dans sa configuration, le prochain gouvernement est appelé à avoir une certaine couleur « apolitique », pour satisfaire aux compromis des alliances, accueillir des compétences, calmer quelque peu les tensions et créer une ambiance de travail et d'investissement, l'élection présidentielle va donner lieu, elle, à une joute très politique... Il y a bien longtemps que la campagne de l'élection présidentielle est lancée, dans les faits... Depuis la proclamation par l'Isie des résultats des législatives – en attendant la réponse aux recours, bien sûr – cette campagne a cependant pris tout d'un coup une tournure nouvelle... La percée de Nida est telle que la figure de Béji Caïd Essebsi, son leader, domine nettement le groupe des candidats. Hier, c'était le lancement officiel. Moncef Marzouki, l'actuel locataire du palais de Carthage, a tenu à marquer sa présence d'entrée de jeu. Il a rassemblé ses partisans dans un ancien cinéma de la capitale... Enjeu : montrer qu'il est LE challenger ! Il s'agit pour lui, en l'absence d'un candidat du second parti, de s'imposer comme le rassembleur de tous ceux qui tiennent à faire barrage à la déferlante nidaiste. En quelque sorte, il profite de l'atmosphère de triomphe qui prévaut du côté de Nida et de ses sympathisants pour essayer de se positionner en tant que chef du camp adverse. Ou du mouvement inverse... A ce jeu, il n'est pas sans argument, mais il n'est certainement pas seul sur le coup. Monastir, ville natale de Bourguiba et grand fief de Nida : c'est de ce lieu chargé de toute une symbolique que Béji Caïd Essebsi a choisi, quant à lui, de donner le la. Sa présence en cet endroit précis et dès la toute première journée de la campagne officielle n'est pas moins un message à tous ceux qui nourrissaient l'espoir de le voir se retirer de la course... Au profit peut-être d'un profil plus « technocrate ». Tout porte à croire que si, dans sa configuration, le prochain gouvernement est appelé à avoir une certaine couleur « apolitique », pour satisfaire aux compromis des alliances, accueillir des compétences, calmer quelque peu les tensions et créer une ambiance de travail et d'investissement, l'élection présidentielle va donner lieu, elle, à une joute très politique... Foin du consensualisme, dont on a pensé un moment que c'était une option dans le choix du futur président. Nous aurons très probablement droit à un combat au sommet qui opposera, au final, deux styles, deux projets, mais aussi deux manières de s'imposer et de convaincre autour de la question suivante : comment être le président de tous les Tunisiens, sans discrimination ? Bien entendu, cela laisse toutes leurs chances aux outsiders. Il n'est pas exclu que des candidats parmi eux bouleversent la donne...