Sur la scène d'El Teatro, un nouveau rendez-vous culturel est né... Entre deux élections, la scène littéraire à Tunis est en train de vivre une importante dynamique. Les rencontres, clubs et salons littéraires se multiplient, au bonheur des amateurs et des initiés. Au moins deux rendez-vous culturels ont vu le jour cette semaine, l'un à l'Ecole normale supérieure de Tunis, et l'autre à l'espace El Teatro. Ce dernier est animé par le journaliste Neji Khachnaoui qui a consacré la première rencontre, tenue mardi dernier, à deux œuvres fraîchement parues : Ettalyani de Chokri Mabkhout et Arriwaya Azzarkaa de Hassen Ben Othman. « L'idée maîtresse est d'inviter pour un face-à-face délicieusement féroce deux auteurs pour discuter de leurs œuvres respectives. Les Lettres, les Arts de la scène, les arts plastiques, la philosophie et tous autres sujets qui fusent de l'Ame de la Cité Citoyenne seront abordées. Créateurs et Créatrices, Animateur et Public joueront une pièce à un seul acte, au titre fantasmatique : La Cité modèle en créations libres! » : telle est la présentation de cet événement par ses organisateurs, qui le veulent tout sauf classique. Les invités sont choisis de manière à avoir des intersections dans leurs parcours et dans leurs œuvres qui les ramènent sur la scène d'El Teatro. Le public du mardi 11 novembre était principalement formé d'intellectuels et de figures politiques. Face à eux, la scène s'est arborée d'un décor minimaliste et éloquent : Les deux écrivains sur les côtés et le journaliste au milieu, comme un trait d'union. Derrière eux, un écran projetant en photos le parcours littéraire des deux invités. La rencontre, avec toutes ses révélations, est une invitation à lire Ettalyani et Arriwaya azzarkaa, mais c'est aussi une proposition de lecture de la réalité sociale et politique du pays. Le premier roman se passe à la fin des années quatre-vingts, une période de grandes mutations dans l'histoire de la Tunisie, tout comme les années post-2011, où se place l'action du deuxième. « Le roman de Hassen Ben Othman est comme un préambule à celui de Chokri Mabkhout », note Neji Khachnaoui qui a tenté, pendant la rencontre, de rapprocher les univers des deux écrivains, tout en soulignant leurs particularités. A leur tour, chacun des deux invités a apporté des éclairages sur l'œuvre de l'autre : l'intérêt de Hassen Ben Othman à la question du sacré, et ce, depuis ses débuts avec le roman Promosport et la force descriptive de Chokri Mabkhout dans ce premier roman Ettalyani. L'humour de Hassen Ben Othman et la profondeur de Chokri Mabkhout ont marqué cette première rencontre de « La Cité en créations libres ». Une Cité modèle qui a permis au public de découvrir ces œuvres autrement, mais aussi le visage humain de leurs auteurs.