Par M'hamed JAIBI Plusieurs candidats à la présidentielle reprennent, à propos de la campagne électorale actuelle, les mêmes arguments ressassés par certaines listes lors des législatives, à propos de ce qu'ils appellent l'«argent politique». Diffuser les idées et les programmes Cette frilosité vis-â-vis des nécessaires moyens qu'il est essentiel de réserver à la diffusion des idées et programmes des différents candidats est antinomique du principe même de la compétition électorale en démocratie républicaine. En fait, ce qu'il faudrait redouter, ce n'est pas l'argent que les militants mettent à la disposition des partis de leur choix, dans la meilleure transparence, mais l'«argent sale», avec ou sans guillemets, et dont personne ne parle. Ici peuvent se retrouver plusieurs catégories de fonds qui peuvent soit fausser la compétition électorale soit en saisir l'occasion pour blanchir des sommes fabuleuses à la provenance mystérieuse, qui peuvent être de source étrangère porteuses de visées sur notre souveraineté et notre indépendance. L'engagement des militants Certains partis de gauche ont déploré les «moyens exorbitants» consacrés par d'autres partis dans leur campagne électorale, et notamment dans la mise en œuvre de moyens techniques numériques lors des grands meetings de campagne. Faut-il rappeler à ces partis que des partis populaires, en France, en Italie ou en Espagne, par exemple, réussissent à amasser, grâce à l'engagement de leurs militants, des sommes proprement fabuleuses qui outrepassent les moyens que se réservent les partis dits «bourgeois». Jetez un coup d'œil du côté de la fête de l'Humanité et des fonds qu'elle draine... La promotion de la démocratie et du pluripartisme Ce qui s'impose, plutôt que de diaboliser l'argent de l'engagement politique, qui est synonyme de promotion de la démocratie et du pluripartisme, c'est l'argent occulte et l'argent de l'étranger, ou encore l'argent provenant des fraudes fiscales majeures qui pullulent dans le pays. Arrêtons-nous un moment sur les fonds provenant de l'étranger. Un texte de loi permettant de lever le secret bancaire pour déterminer la provenance de fonds douteux a été rejeté piteusement par notre Assemblée. S'est-on demandé pourquoi ? Des fortunes colossales sont dilapidées, ces dernières années, dans des médias, dans des équipes de football, au profit de partis politiques... Sans que personne ne s'en offusque. Regardez ces jeunes malheureux qui se font massacrer en croyant faire le «jihad» en Syrie ou en Irak, ils ont été débusqués chez nous grâce à un vaste réseau porteur de sommes fabuleuses en pétrodollars. Mais qui donc a demandé à en savoir plus sur ce scandale majeur ? On préfère lancer quelques slogans tapageurs contre l'«argent politique» ! Cela plaît aux «masses populaires» et les confirme dans la fausse idée qu'elles se font de l'argent et des mécanismes électoraux.