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Al Mustakilla, une télé hors la loi de la régulation audiovisuelle
Monitoring de la Haica
Publié dans La Presse de Tunisie le 01 - 01 - 2000

Le dernier rapport de monitoring de la Haica vient de relever de graves infractions commises par la chaîne Al Mustakilla, basée à Londres, en faveur de la couverture de la campagne du candidat à la présidentielle Hechmi Hamdi. En même temps son directeur et son unique administrateur...
Hechmi Hamdi, le directeur de la chaîne de télévision Al Mustakilla (l'Indépendante), créée en 1999 et basée à Londres, a défrayé la chronique à plusieurs reprises au moment du scrutin du 23 octobre 2011. La première fois lorsque son parti, nouvellement formé, Al Aridha Achaâbiya (Pétition populaire), rafle, sans crier gare, 26 sièges à l'Assemblée nationale constituante (sur une totalité de 217 sièges), dépassant de loin les scores de formations politiques historiques, comme le PDP de Néjib Chebbi et le Poct de Hamma Hammami. La seconde fois lorsque lors de l'annonce des résultats définitifs des élections, six de ses listes sont invalidées par l'Instance supérieure indépendante pour des élections de Kamel Jendoubi le soir du 27 octobre 2011... sous les applaudissements des journalistes.
Paradoxalement, l'annulation par la première Isie des listes du président de la Pétition populaire, aujourd'hui baptisée Tayar Al Mahabba, n'avait pas pour cause l'exploitation de sa chaîne pour un but de propagande en faveur de son parti mais plutôt pour dépassement du plafonnement financier de la campagne.
L'instance de régulation britannique retire ses licences à Hechmi Hamdi
Si l'on sait que le Tribunal administratif a annulé cette mesure, par manque de preuves, beaucoup ignorent que l'Ofcom, l'instance de régulation britannique des télécommunications (l'équivalent de notre Haica), a retiré ses licences de radiodiffusion au directeur d'Al Mustakilla en novembre 2012 pour avoir fait, lors de deux programmes, la promotion de sa formation politique. Le 4 janvier 2013, l'Ofcom va plus loin en lui infligeant une amende de 25 000 livres sterling (environ 32 000 euros) « en raison de la gravité de l'infraction et afin de « dissuader efficacement les autres titulaires de licences qui seraient tentés d'agir de la sorte », écrit l'universitaire Glenda Cooper*. L'instance britannique avait été alertée par la plainte de trois téléspectateurs. En établissant son audit, elle conclut que si l'un des programmes comportait des déclarations élogieuses à l'égard de la Pétition et des propos péjoratifs visant les autres forces politiques, la seconde, émission, toujours très favorable au fondateur d'Al Aridha n'arborait pas de contradicteur, ni n'exprimait les opinions des autres partis. Elle tranche : Hamdi a enfreint les règles de l'impartialité et de la présentation d'une pluralité de points de vues.
Trois ans après, le « Dr Hamdi », comme aiment le prénommer ses partisans, arrivé en quatrième position dans la course à la magistrature suprême, continue à transgresser allègrement les principes de la régulation audiovisuelle en période électorale. Les résultats du rapport du monitoring de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) sur la couverture de la campagne présidentielle publié avant-hier sur le site de l'instance démontrent par les chiffres les nouveaux dérapages d'Al Mustakilla, « même si la majorité des médias audiovisuels se sont conformés aux normes, enregistrant ainsi de meilleures performances, comparé avec la couverture des législatives », relève Riadh Ferjani, membre de la Haica.
Des programmes de pure propagande
D'après le rapport de la Haica, la chaîne basée à Londres a réservé, du 1er au 20 novembre 2014, plus de 72 mn, soit 70,1% de sa couverture de la campagne, au candidat Hamdi. Ses adversaires n'ont recueilli que des miettes : 2,2 mn pour Hamouda Ben Slama, 2,1 mn pour Kalthoum Kennou, 1,7 mn pour Noureddine Hached et Abderrazak Kilani. Bizarrement, les favoris des sondages pour l'accession au second tour de la présidentielle, à savoir Essebsi et Marzouki, ont été totalement occultés par « l'Indépendante».
Dans les programmes consacrés à la campagne du fondateur d'Al Mustakilla, on le suit dans ses différents meetings à l'intérieur de la République. On le voit et on l'écoute également s'adresser de ville en ville à ses électeurs. Le ton des émissions est globalement dénué de toute neutralité. Le monitoring fait également remarquer que cette télé a réservé une bonne tranche de ses programmes à des acteurs politiques soutenant le « Dr Hechmi », sans que des contradicteurs soient présents à l'antenne pour apporter un point de vue critique sur le candidat Hamdi.
« Il s'agit de programmes de pure propagande au profit de la personne du directeur d'Al Mustakilla. L'omniprésence de Hamdi sur sa télé a perturbé nos résultats. Une omniprésence comparable à une opération de dopage. Pourquoi ce candidat serait-il plus privilégié que les autres lors de la course à la présidentielles? », s'interroge Riadh Ferjani.
La campagne engagée sur l' « Indépendante » le long de trois semaines en faveur de Hachemi Hamdi a eu un impact visible sur les résultats de la présidentielle. Comment expliquer alors que ce candidat qui a annoncé son retrait de la présidentielle le 27 octobre dernier à la suite de la publication des premiers chiffres des législatives, où son parti n'obtenait que deux sièges à l'Assemblée du peuple, ait quand même obtenu presque 6% des voix lors du scrutin du 23 novembre?
Une amende de 2.000 à 5.000 DT
Se basant sur une note envoyée par la Haica à l'Isie l'informant des dépassements d'Al Mustakilla, l'instance chargée de l'organisation des élections a déposé le 18 novembre dernier une plainte auprès du Tribunal de première instance contre la chaîne satellitaire. Or, cette plainte ne concerne pas l'apologie d'un candidat à sa personne et sur sa télévision mais plutôt pour avoir enfreint l'article 42 du décret-loi 116 relatif à la création de la Haica, qui stipule : « Les candidats aux élections sont autorisés à utiliser exclusivement les médias nationaux pour mener leurs campagnes électorales ». Ainsi que l'article 66 du Code électoral qui préconise : « Il est interdit (aux candidats) d'utiliser les médias étrangers ». Selon ces dispositifs, l'Isie a également porté plainte contre Béji Caïd Essebsi pour son interview dans Le Monde et contre Marzouki et Riahi pour avoir concédé des entretiens à l'agence de presse turque Anadolu.
Que risquent Hamdi, Essebsi &Co ?
Pas grand-chose : « Une amende de 2.000 à 5.000 DT », nous répond-on du côté de l'Isie, qui a assoupli l'interdiction après que plusieurs journalistes étrangers se sont plaints de la dureté de cette disposition. Désormais les déclarations « occasionnelles mais non répétitives des candidats » sont permises.
Du côté de son actif électoral, Hechmi Hamdi ne risque pas lui de perdre ses voix. Car si les sanctions liées aux législatives vont jusqu'à annuler des listes en faveur des candidats suivants, ce mécanisme n'est pas valable au cours de la présidentielle. Notamment dans le contexte tunisien où les deux premiers candidats précèdent de loin leurs concurrents. Hamdi n'arrête pas de contourner les lois de la régulation...
*Glenda Cooper : « Royaume-Uni. Amende infligée par l'Ofcom à un radiodiffuseur après lui avoir retiré ses licences », Iris Merlin, Base de données d'informations juridiques relatives au secteur audiovisuel en Europe, 2013


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