La commission des finances a entamé hier ses travaux avec l'examen de la loi de finances 2015, en présence du ministre, Hakim Ben Hammouda. En résumé, sans rétablissement des grands équilibres, la Tunisie ne pourra pas retrouver sa souvraineté économique Dans la salle de réunion de la commission des finances, des dizaines de gros rapports, semblables à des romans, sont empilés sur des chaises. Ce sont les projets de loi de finances 2015 pour l'ensemble des ministères et institutions publiques. La date du 10 décembre, dead-line pour voter la loi de finances 2015, semble imposssible à respecter en raison de la quantité de travail à élaborer et des défis de la prochaine étape sur le plan économique. Pourtant, le ministre des Finances, Hakim Ben Hamouda, venu présenter le projet aux 22 membres de la commission, est confiant : «La loi de finances 2015 n'est pas une loi compliquée, car elle vient après une loi de finances complémentaire de 2014 ayant contenu à peu près une centaine d'articles; celle de 2015 sera donc plus aisée et les délais seront respectés». Rétabir les équilibres financiers sans tomber dans l'austérité Le ministre des Finances, Hakim Ben Hamouda, a longuement exposé la vision gouvernementale ayant motivé le projet de loi de finances. Dans son exposé du cadre général dans lequel évolue l'économie tunisienne, Hakim Ben Hamouda a rappelé que l'environnement économique mondial peine, jusqu'à présent, à retrouver un rythme de croissance soutenable. «Il existe une situation de repli à l'échelle mondiale, a-t-il déclaré aux députés. Notre économie est une économie ouverte qui dépend en partie de l'Union européenne, principal partenaire de la Tunisie. Sauf que la zone Euro souffre de déflation et son taux de croissance ne dépassera pas 0,8%». Au niveau national, le ministre des Finances décrit une économie «fragile, dont les acteurs économiques sont dans l'attentisme». Selon lui, c'est la crise politique et sécuritaire de l'année dernière qui a fini par avoir raison du taux de croissance optimiste prévu pour 2014. Initialement fixé à 4%, le taux de croissance est finalement revu à la baisse par deux fois, pour se situer finalement autour de 2,5%. Mais ce n'est pas ce qui inquiète le plus Hakim Ben Hamouda, qui attire l'attention des membres de la commission sur un chiffre, celui du taux de fonds propres dans le budget de l'Etat. «Lorsque le financement en fonds propres du budget de l'Etat tombe sous la barre des 85%, c'est dejà une situation suffisamment alarmante, explique-t-il. En Tunisie, nous en sommes à 60%». Une transition qui lui permet de parler de l'essentiel, l'assainissement des finances pubiques et le rétablissement des équilibres financiers. «Le rétablissement des grands équilibres financiers est le premier préalable à l'indépendance des décisons économiques de la Tunisie», a-t-il martelé, avant ďafficher l'objectif : ramener le déficit budgétaire à 6% comme première étape, tout en poursuivant les réformes, notamment dans les domaines bancaire et fiscal. Mais le ministre des Finances n'oublie pas de rassurer: «Il n'y aura pas de politique d'austérité». D'ailleurs, il a annoncé un taux de croissance prévisionnel de 3%. Trouver de nouvelles niches fiscales Diminuer les déficits jumeaux sans pour autant aller dans une politique d'austérité, telle est la difficile équation que tente de résoudre la loi de finances 2014. «C'est là où réside notre grand défi, une des caractéristiques de cette étape est que toute politique d'austérité touchant aux classes moyennes et pauvres pourrait avoir de graves conséquences sociales et politiques», déclare à La Presse, Slim Besbes, président de la commission des finances. L'austérité, Mongi Rahoui, député du Front populaire et membre de la commission, la perçoit déjà dans le projet présenté par le gouvernement». Lorsque le ministre parle de révision de la subvention des hydrocarbures, ou lorsque le poids fiscal des personnes physiques augmente alors que celui des entreprises diminue, alors nous sommes en pleine austérité», a-t-il affirmé. Mongi Rahoui propose que l'Etat prenne ses responsabilité, en devenant agent investisseur et en cherchant des niches fiscales, capables d'augmenter les recettes de l'Etat sans pénaliser la classe moyenne et les pauvres. La commission des finances se réunira aujourd'hui à partir de 9h pour poursuivre les discussions sur le projet de loi de finances 2015.