La politique des petits pas n'est pas pour déplaire au coach des «Verts». Pourtant, le tableau de marche est plutôt en léger retard. Gérard Buscher a placé la barre à hauteur de 19 ou 20 points d'ici la fin de la phase aller, ce qui nécessite d'accélérer la cadence dans les deux matches qui restent : le 24 décembre à Bizerte face au CAB, et le 28 en recevant l'Avenir de Gabès. Il faut dire que le nul (1-1) concédé devant l'Union Sportive Monastirienne a plutôt compliqué la situation, car là où le club boukorninois espérait prendre trois points, il en est réduit à se contenter d'une petite unité qui ne le fait guère décoller. Le technicien banlieusard déplore un manque de maturité certain chèrement payé. «Nous ne parvenons pas à tenir un score, et cela s'est à nouveau vérifié dans notre dernière sortie, regrettait-il le soir du nul face à l'USM. Pourtant, le groupe ne ménage aucun effort et se donne à fond malgré toutes sortes de difficultés, à commencer par le volet versement des primes et salaires. L'effectif est sain, il a de l'envie. Il arrive bien entendu par-ci par-là qu'un ou deux joueurs pètent les plombs. Toutefois, nous restons dans les temps ; à peu de choses près, nous respectons nos prévisions. Franchement, il n'y a pas le feu, par rapport à tout ce que nous avons enduré depuis l'été dernier, ce que nous réussissons est tout à fait encourageant», analyse-t-il. «Pas trop à me plaindre» Réaliste, pragmatique ou ce qu'il appelle lui-même «être cartésien» : le technicien français né en Algérie ne s'embarrasse guère d'objectifs trop ambitieux, évitant de tirer des plans sur la comète. Nul besoin de lui rappeler ce qu'attend de lui la grande famille hammam-lifoise. «Nous savons d'où nous venons», martèle-t-il, ni comment il doit mener un effectif laminé par les blessures (Fehmi Ben Romdhane, Maher Ameur, Mehdi Ressaïssi...) et les suspensions (Michael Buscher, le dernier en date). D'ailleurs, contrairement à d'autres techniciens, il ne se lamente jamais sur son sort, préférant mettre en valeur les qualités de son groupe. «Sincèrement, je n'ai pas trop à me plaindre, avoue-t-il. Aussi bien les solutions de rechange que l'arrivée des jeunes Seïf Kanzari, Amor Zekri, Essadi... me donnent satisfaction. La musique changerait si, d'aventure, notre attaquant Ismaïl Diakité partait — ce que je comprendrai du reste parfaitement compte tenu d'impératifs financiers. Dans ce cas, il nous faudra trouver un attaquant capable de nous apporter percussion, punch et profondeur». Pourtant, tout n'est pas rose. Certains trouvent Buscher plutôt conservateur lorsqu'il confirme à chaque fois certains joueurs hors de forme et, un tantinet, frileux dans ses plans des rencontres livrées à domicile. Ce petit grain de folie, ce zeste de prise de risques supplémentaires lui font peut-être défaut. Le bonhomme se définit du reste «cartésien», en ce sens qu'il s'efforce d'aligner systématiquement rien que les joueurs les plus en forme (c'est sa propre définition du terme). Mais ses employeurs savent distinguer le bon grain de l'ivraie : dans les circonstances très compliquées de cette saison (éclatement du bureau directeur remplacé par un comité provisoire de gestion, pénurie des sources de financement avec son corollaire, des joueurs restés longtemps impayés, toute une section à l'abandon durant tout l'été, aucun dirigeant ne se manifestant...), il ne faut pas demander l'impossible. Et c'est déjà miracle si les Verts se maintiennent plutôt à flot d'autant qu'il se trouve des gens pour poser un lapin en procédant au retrait des fonds avancés par leurs soins au plus mauvais moment sans en référer aux dirigeants. «De précieux automatismes» Dans ces conditions, le directoire provisoire présidé par Adel Daâdaâ ne peut mener les supporters en bateau : c'est tout juste s'il va procéder à quelques menus renforts dans un mercato où il ne restera que des miettes pour les clubs peu nantis. L'entraîneur, lui, préfère qu'il y ait continuité au niveau du potentiel humain. «L'équipe a atteint un degré avancé au chapitre des automatismes, rien ne sert de chambarder un tel acquis d'autant que la stabilité requiert qu'on ne touche pas trop aux fondements. On a suffisamment avancé de ce côté-là. Un tel acquis, il n'est pas question de le remettre en question à mi-saison», martèle le boss boukorninois.