Nous vous avions présenté, il y a quelque temps, ce nouveau-né dans le paysage médiatique tunisien et international : Rukh, objet éditorial à l'époque encore non identifié, mais qui, au fur et à mesure des parutions, s'est créé une identité. Né avec les révolutions, ce magazine se propose d'être l'image et la voix de ceux qu'elles ont mis sous les projecteurs, mais aussi de tous ceux à qui elles ont donné une voix, un souffle, une envie de créer, d'inventer, d'innover. Hachemi Ghozali, le jeune promoteur de cette aventure éditoriale pas comme les autres, marquait le pas dans son, déjà, numéro 4. Il écrit, reprenant l'interrogation lancée par la biennale des arts de Marrakech: «Où sommes- nous maintenant ? Quel est le bilan de ces immolations par le feu et détonations, de ces interrogations sur notre laïcité, et de ces avancées économiques parfois infinitésimales ? Il n'est pas le même pour tous. «Rukh rêve à un monde arabe unique» Quel plus beau credo que celui-ci. Mais qu'on ne se méprenne pas : ce monde arabe unique serait celui de la culture, des arts, des échanges, des rencontres, des célébrations conjointes, des partages de savoir, des multiplications de pouvoirs. Ce serait un univers idéal, où il n'y aurait pas de frontières pour la pensée ni la création. Hachemi Ghozali souhaite que ce cinquième numéro soit «celui de la croissance ... Parce que ce monde doit être celui des idées, mais aussi de l'action». Aussi n'était-il pas étonnant de voir consacrer cette édition à trente militants et citoyens de ce nouveau monde arabe qu'il appelle de ses vœux. Mais aussi à des rêveurs, car on ne peut empêcher un homme de rêver. Ces enfants de la révolution ont de sept à soixante-dix-sept ans. On y retrouve des voix familières comme Hourya Abdelkafi, Charif Majdalani, Wassila Tamzali ou Jalloul Ayed. D'autres moins connues, et que l'on a plaisir à entendre, comme Bashar Lazaar ou Youssef Ben Smaïl. Mais la découverte qu'offre ce numéro, et quand je dis découverte je pèse mes mots car ce magazine se décrypte comme un jeu de piste dont la cohérence est cachée, un labyrinthe interactif où il faut chercher l'information, la connecter, la relier, pour la décoder. La découverte, donc, serait l'annonce du projet Beyt Rukh. Beyt Rukh serait la matérialisation dans le réel, des idées émises par Rukh. Rubrique complémentaire dans le magazine, elle présente des projets en cours imaginés par des contributeurs. Mais «en vrai», Beyt Rukh sera un espace particulier à Sidi Bou Saïd, hôtel-boutique où l'on trouvera bibliothèque, atelier de mode et d'artisanat, expositions de créateurs, et où se pratiquera une politique d'ouverture et de partenariat transversale avec ce monde arabe des arts et de la culture dont on rêve.